Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.112

18 jul 1856 [Lavagnac, COMBIE_JULIETTE

Des circonstances voulues de Dieu ont bouleversé leurs projets sur les protestants. -Elle pourrait aller plus souvent à Paris et s’y occuper des oeuvres qu’il lui indique. -Conseils pour modifier son caractère et opérer plus de bien.

Informations générales
  • T2-112
  • 710
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.112
  • Orig.ms. ACR, AM 147; D'A., T.D.37, n. 37, pp. 116-118.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 APOSTOLAT DE LA PRIERE
    1 DEFAUTS
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 MALADIES
    1 PERFECTION
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 SACRISTAIN
    1 SAINTETE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    1 VERTUS
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 COMBIE, MAURICE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 SOULAS, ANDRE
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le] 18 juillet [18]56
  • 18 jul 1856
  • [Lavagnac,
La lettre

Je vous verrai bientôt, mon enfant, et cependant je cède au désir de vous parler un peu sérieusement de vous, de votre âme, de votre avenir. Lorsque je vous connus et vous proposai de vous associer au peu de bien que je croyais utile de faire aux protestants, il me semblait que je pourrais vous fournir certains moyens qui ont fui sous notre main. Peut-être aussi ne prévoyais-je pas l’état de faiblesse, où je me trouve depuis quelque temps. Dieu a permis que bien des projets aient échoué ou se soient modifiés, tout autrement que je l’avais prévu. Il en résulte que nous sommes un peu dévoyés. Votre maladie est venue apporter un autre élément à toutes nos combinaisons. En vous montrant la nécessité de vous moins absorber dans les petites protestantes, peut-être vous offre-t-elle une occasion de les céder doucement à Mlle de Régis. Aidée de l’abbé Barnouin, qui sait très bien faire venir l’eau au moulin, l’oeuvre ira, j’en suis sûr; et puis, l’abbé Soulas est là.

Et vous, que devenez-vous? Ne vous le dissimulez pas, si Maurice se marie,(1) vous serez moins nécessaire aux vôtres. Vous pouvez alors venir un peu plus souvent à Paris, y venir très souvent, y venir tout à fait. L’Assomption vous est ouverte, non comme à une religieuse, mais comme à une tertiaire. Que ferez-vous à Paris? Deux choses, si vous le voulez: ou vous vous chargerez de la sacristie de notre chapelle, ou vous continuerez dans d’autres proportions l’oeuvre de Saint-François de Sales. Mais, dans l’un ou l’autre cas, vous avez bien des choses à faire, bien des qualités à acquérir. Vous avez, mon enfant, un fond admirable, mais convenez que vous êtes un peu concentrée, que vous ne faites pas beaucoup d’avances au prochain, que vous avez bien une volonté très arrêtée, mais que vous n’avez pas toujours envie de prendre la peine de la faire accepter. En un sens, vous n’êtes pas habile.

Il me semble, chère enfant, que vous pourriez profiter de votre maladie pour vous établir sur un tout autre pied. Et voici quelques points que je vous indique, pour que vous fassiez vos réflexions et preniez vos mesures:

1 ° Dieu vous a assez montré comment il peut vous prendre, quand et comme il lui plaît, pour que vous ne concluiez pas [à] la nécessité de vous donner toute à lui, mille fois plus que par le passé. Votre vie n’est absolument plus vôtre, elle est toute sienne.

2° Vous devez chercher à acquérir la science du bien, c’est-à-dire la science de procurer le règne de Jésus-Christ, votre époux, comme il convient à une vierge, épouse d’un Dieu et qui veut devenir plus belle, plus parfaite, plus aimante pour celui à qui elle appartient. Souvenez-vous toujours que votre vie n’est plus à vous, mais à notre divin Maître.

3° Votre vie doit être une vraie résurrection dans l’humilité, la douceur, la patience et les saintes inventions que ces trois vertus, unies à l’amour,(2) inspirent a une âme, qui se sent sous le poids d’une dette immense et qui veut la payer à son Dieu.

4° Vous avez un beau caractère, vous n’avez pas encore un caractère de sainte, tel que je le rêve pour vous. Votre coeur est pris par Notre-Seigneur, il lui appartient, mais la flamme qui devrait le consumer n’exhale pas encore la vapeur de ce parfum de sainteté, qui doit se trouver en tout vase précieux destiné à l’autel. Ne vous représentez-vous pas quelquefois cette mission de prière, d’immolation, de silencieux et puissant apostolat,(3) que tant de saintes ont exercé? Je ne crois pas que la grâce de Dieu vous fît défaut, si vous vouliez entrer dans cette voie pénible sans doute, mais douce à l’âme qui aime et qui veut prouver un amour parfait par la perfection de sa vie et de ses oeuvres.

Suis-je trop ambitieux pour vous? Il me semble qu’en vous exposant mes désirs et mes intentions pour vôtre âme, je vous prouve ce que je vous suis et ce que je veux vous être toujours un peu plus.

E. D’ALZON.

Je serai probablement à Nîmes lundi.(4) Vous pourriez me répondre avant dimanche matin, si une réponse sérieuse ne vous fatiguait pas. J’aurais votre lettre dimanche, à 3 heures, si elle était mise à la poste samedi soir.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Maurice Combié, son frère.
3. La mission des futures Adoratrices.
4. Lundi, 21 juillet.2. Ep. 4, 1-2; Col 3, 12-15.