Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.114

19 jul 1856 [Lavagnac, GERMER_DURAND_EUGENE

Il s’occupera à Paris de l’abbé Bensa. -Il n’est pas exact de dire qu’il l’aime encore, il l’aime bien plus.

Informations générales
  • T2-114
  • 711
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.114
  • Orig.ms. ACR, AL 122; D'A., T.D. 34, n. 88, p. 241.
Informations détaillées
  • 1 AMITIE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 MAITRES
    1 MALADIES
    1 SOUFFRANCE
    2 BENSA, ANTOINE
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 PARIS
  • A MONSIEUR EUGENE GERMER-DURAND
  • GERMER_DURAND_EUGENE
  • 19 Juillet 1856].(1)
  • 19 jul 1856
  • [Lavagnac,
La lettre

Mon cher ami,

Je vous prie d’ajourner à lundi l’affaire des changements de personnel. Veuillez dire à Bensa que, devant être à Paris sous peu, j’ai préféré y voir Mgr de Salinis, qui s’y trouvera probablement encore. Une affaire comme la sienne se traite de vive voix mieux que par lettre.(2)

Il n’est pas exact de dire que je vous aime encore. La vérité est que je vous aime bien plus pour mille motifs, parmi lesquels j’en mets en tête deux fort tristes: d’abord vous souffrez; ensuite, les rangs de l’ancienne Assomption s’éclaircissent si fort que les arbres restés debout dans cette pépinière si pleine d’espérance peuvent mieux mêler leurs branches. Ce n’est pas ma faute, si la maladie me force à me transplanter; je retrouve toujours mon ancien creux avec bonheur et tout ce qui y a poussé, grandi à côté de moi.

Mon pauvre ami, nous devenons vieux. Si l’autre partie du genre humain a le privilège exclusif d’aimer avec son coeur, je crois que les fils d’Adam ont le droit d’aimer avec leur âme; et ainsi fais-je de toute la mienne pour vous(3).

E. D’ALZON.

Je vais mieux. Mes hommages pro pulchriore parte tui.(4)

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. La date a été ajoutée par le destinataire.
2. L'abbé Bensa, professeur de philosophie au collège et de théologie à la Maison de hautes études, pensait ne pas pouvoir s'accommoder de Mgr Plantier, jugé par lui gallican, et avait demandé par lettre au P. d'Alzon, le 21 mai, de l'aider à être incardiné dans le diocèse de Mgr de Salinis, transféré d'Amiens à Auch, le 12 février. Dans sa lettre du 17 juillet, Germer-Durand revenait sur ce désir de l'abbé Bensa, qui fut accueilli par Mgr Gerbet au petit séminaire de Perpignan.
3. Le P. Vailhé a transcrit *moi*; c'est *vous* qu'il faut lire.
4. Allusion à Mme Germer-Durand et à ce passage de la lettre de M. Germer-Durand: "Vous savez qu'on vous aime ici (sous cet *on* je comprends d'autres coeurs que le mien, qui n'en fait pas la plus belle partie, *pulchrior et melior pars*, mais qui en fait pourtant une partie solide et complète, ce qu'on appelle en latin *pro parte virili)*. Car chacun arme à sa façon: l'enfant avec ses instincts, la femme avec son coeur, l'homme... eh! bien, l'homme, comment?... Quant à moi, sans m'inquiéter de la manière et du degré, je serais toujours heureux de savoir que vous m'aimez encore comme vous m'avez aimé, et que vous vous souvenez de moi devant Dieu, dans le coeur duquel l'amour est stable et sans nuage. C'est celui-là qu'aime votre fils dévoué, *Germer-Durand*."