Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.117

31 jul 1856 [Clichy, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Réponses à quelques objections sur les sentiments de Rome. -L’idée d’une réunion avec les Augustins lui sourit toujours; mais ceux-ci en veulent-ils? -Mgr de Mérode lui a dit de commencer le noviciat, il va le faire. -Il n’a pas de ressources, mais Dieu en enverra.

Informations générales
  • T2-117
  • 714
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.117
  • Orig.ms. ACR, AD 1102; D'A., T.D. 22, n. 398, pp. 47-49.
Informations détaillées
  • 1 BANQUET ANNUEL DES ANCIENS ELEVES
    1 CELLULE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 DISCOURS DE DISTRIBUTION DES PRIX
    1 FETE DE L'ASSOMPTION
    1 FRERES CONVERS
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PROJET D'UNION AVEC LES CHANOINES DE ST AUGUSTIN
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    2 BARRE, LOUIS
    2 BIZZARRI, GIUSEPPE
    2 BRINDEAU, FRERE
    2 BRUN, HENRI
    2 CHAINE, VINCENT
    2 DA OZIERI, SALVATORE
    2 ESTRADE, JACQUES
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMAINE COUSIN, SAINTE
    2 GUALERNI, GIACINTO
    2 JOURDAN, RAPHAEL
    2 LE PAILLEUR, AUGUSTE
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 MICALEFF, PAUL
    2 ODIAN, FRERE
    2 PALERMO, GIUSEPPE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    2 VENANZIO DA CELANO, CONVENTUEL
    3 CAUTERETS
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 ESPAGNE
    3 MIREMAN
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 ROME
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • vers le 31 juillet 1856].
  • 31 jul 1856
  • [Clichy,
La lettre

Ma chère fille,

Je vous remercie des détails que vous me donnez sur votre conversation avec Mgr Estrade.(1) Pour utiliser ses renseignements, je vais opposer des négations à ses affirmations. En le faisant causer peut-être en tirerez-vous plus de lumière.

1° Je nie que le Pape soit peu disposé à approuver des Congrégations nouvelles. Le fait de M. Le Pailleur se rapporte à des préventions que l’on a données sur son compte et que je connais.

2° Mgr Bizzarri a été très bienveillant pour nos jeunes gens et les a fort encouragés.

3° L’idée d’une réunion avec les Augustins me sourit toujours, mais dans une certaine mesure. Je sais par un religieux espagnol très distingué tous les tiraillements qui ont eu lieu entre l’Espagne et Rome, je ne voudrais pas les renouveler. L’exemple que Mgr Estrade a pris pour les Franciscains est mal choisi. Les Récollets et les Réformés n’ont qu’un même général; mais les Cordeliers ont le leur, si je ne me trompe, et positivement les Capucins ont le leur.(2)

Je suis tout disposé, je le répète, à une réunion aux Augustins, mais il faut distinguer quel général a parlé à Mgr Est[rade]. Est-ce Mgr Palermo, aujourd’hui sacriste? Est-ce le général actuel? Mgr Palermo m’a paru très disposé à la réunion. Le général actuel a fait l’effet contraire à nos religieux. Maintenant, est-ce Mgr Palermo, est-ce le général actuel qui a parlé à Mgr Estrade? (3)

Je vous dirai pour vous, et non pour ces Messieurs, que Mgr de Mérode m’a écrit pour me dire de commencer, sauf à obtenir plus tard les approbations.(4) J’ai su, depuis, que ce qu’il me disait était l’avis du Pape, quoiqu’il fût censé ne pas vouloir paraître. Vous comprenez qu’avec cet encouragement je suis fort. Aussi tout simplement, la distribution des prix ayant lieu à Paris le 4, dès le 5 je prends le Fr. Brindeau, le Fr. Odian et le Fr. Vincent,(5) et je les mets au noviciat sous le P. Tissot. Pendant les vacances, il n’y aura aucun inconvénient; à la rentrée, il y a quatre cellules, où l’on peut les loger jusqu’à mon retour au mois d’octobre ou de novembre.(6)

La quantité de gens qui, à Rome, m’ont fait des offres d’intermédiaire, est fabuleuse. Mgr de Mérode, qui, par sa position auprès du Saint-Père, me paraît admirablement placé, ne m’a pas fait d’offre, lui; mais comme je le priais de s’occuper de nous, il m’a répondu qu’il ne pensait pas que j’eusse besoin d’aucun intermédiaire, et que le plus simple était d’aller au Saint-Père tout droit. Or, il me procurera toutes les audiences que je voudrais quand j’irai à Rome.

Plus j’y réfléchis, plus je dis: Tant pis pour les prudents!(7) Je ne puis croire que nous soyons 27, y compris quelques convers.(8) Je ne puis plus fournir de ressources matérielles. Mais tant mieux! Dieu se manifestera par celles qu’il enverra. Je ne sais pourquoi je me rends le témoignage de remplir de mon mieux les fonctions de supérieur, depuis que je suis à Clichy. Beaucoup de choses s’organisent et se régularisent, et je crois que tout le monde autour de moi a la conviction que tout reprend vie.

Si vous ne partez que le 10, je ne pourrai vous voir; il me faut être à Nîmes pour l’Assomption, la distribution des prix et le banquet des anciens élèves.

Adieu, ma fille. Je ne me relis pas.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
8. C'est le chiffre donné par Mgr Plantier dans son rapport adressé au Saint-Siège, le 25 août 1856: 27 personnes, dont 5 novices de choeur et 5 Frères convers, réparties en 4 maisons: *florentia nempe duo collegia unum Nemausi, alterum vero Clippiaci in dioecesi Parisiensi, sita; item prope Nemausi colonia puerorum haereticorum in fide catholica necnon in rebus rusticis instituendorum, demum in urbe Nemausensi quorumdam pupillorum domus, quam pii laici Societatis Sancti Vincentii a Paolo proxime erexerant*. (ACR, LI 7; *Pages d'Archives*, avril 1958, p. 174).1. Il s'agit d'un prêtre de Toulouse, postulateur de la Cause de sainte Germaine de Pibrac, auquel le P. d'Alzon et Mère M.-Eugénie donnent le titre de Monseigneur. Voici les éléments de la conversation à laquelle il est fait ici allusion, selon ce qu'en écrit Mère M.-Eugénie, de Cauterets, le 26 juillet:
"M. Barre qui devient de plus en plus de nos amis m'a amené Mgr Estrade qui, sans s'en apercevoir, est resté deux heures à me parler des dispositions de Rome à l'égard des congrégations nouvelles, de tout ce qui s'est fait pour quelques-unes et de tout ce qu'il est possible que l'on fasse pour celles qui se présentent.
"Il dit que le Souverain Pontife actuel est peu disposé à accorder l'approbation à des congrégations nouvelles; les prêtres qui se réunissent pour soutenir les Petites Soeurs des pauvres l'auraient si peu en ce moment que Mgr Bizzarri aurait dit à Mgr Estrade: "Ils font très bien de ne pas se présenter, on les dissoudrait plutôt que de les encourager.[... ]
"Mgr Estrade tient du général actuel des Augustins qu'ils ont le plus grand désir d'avoir des établissements en France. Ce général l'a prié de lui en chercher les éléments et s'est ouvert par conséquent complètement avec lui sur les moyens et la manière dont il l'entendait. Il lui a, à ce sujet, parlé de vous, disant qu'il avait eu de l'espoir de ce côté, mais que vous ne paraissiez pas vouloir appartenir à l'Ordre. Mgr Estrade pense qu'il serait facile d'obtenir, pour une province française apostolique et enseignante, des constitutions particulières, sans jeûnes, puisque l'enseignement ne les permet pas, qu'il n'y aurait qu'à s'entendre là-dessus avec le général puisqu'il le désire tant et que le Pape trancherait de son autorité ce qui ne serait pas conforme à l'ancienne règle de l'Ordre.
"Mgr Estrade s'offrait comme intermédiaire, disant que les seules choses auxquelles on tiendrait, seraient:
1° Que quelques-uns des vôtres vinssent faire leur noviciat à Rome. Dans ce noviciat, on observe la règle primitive; il est donc austère et on ne pourrait y envoyer que de bonnes santés. Mais si deux seulement l'avaient fait, ils pourraient ensuite régulièrement faire faire le noviciat en France, selon les constitutions spéciales qu'on vous consentirait et recevoir aux voeux.
2° Que l'on prît l'habit de l'Ordre.
3° Que l'on dépendît du général, mais comme les branches différentes de saint François dépendent du général commun, sans préjudice de leurs règles particulières et dans une mesure définie. Du reste, on n'aurait pas plus de rapports avec les religieux des autres branches que les Capucins n'en ont avec les Franciscains d'une autre branche soumis au même général. On pourrait même obtenir quelques signes distinctifs dans le costume, comme une croix blanche ou autre chose semblable [...]
"Mgr Estrade m'a offert pour nous, femmes, de nous faire affilier aux Augustins, si nous le désirons, dès cet hiver; et c'est lorsque je lui ai dit que nous désirons ne passer qu'après vous, qu'il m'a donné tous ces détails. Je lui ai bien expliqué que nos deux Congrégations n'auraient jamais que des rapports d'amitié, ce qu'il a beaucoup approuvé."
2. Selon les *Notizie* de 1856, les Franciscains avaient pour général le R.P. Venanzio da Celano; les Conventuels (ou Cordeliers), le R. P. Giacinto Gualerni; les Capucins, le R. P. Salvatore Da Ozieri. Les Augustins avaient pour général le R. P. Paolo Micaleff, et, dans l'Ordre, les "Congrégations"(Récollets et Réformés ou déchaux) des vicaires généraux seulement. -Le R. P. Paolo Micaleff avait remplacé le R. P. Palermo, devenu évêque sacriste du Pape, écrivait le P. Picard le 15 mars 1856.
3. C'était bien le R. P. Micaleff qui avait parlé à Mgr Estrade.
4. Lettre du 30 avril 1856.
5. Trois postulants de Clichy, mais le Fr. Odian se retirera dès le 18 août (Lettre du P. Tissot).
6. Dans sa lettre du 26 juillet, conformément aux dires de Mgr Estrade d'un noviciat à Rome chez les Augustins, Mère M.-Eugénie proposait d'y envoyer le P. Brun, que remplacerait à Mireman le P. Picard, avec pour compagnon le Fr. Galabert, et, à la place du Fr. Ernest Jourdan, le Fr. Pernet "qui édifierait tant"; "et alors dès l'année prochaine, vous pourriez offrir un noviciat régulier à Paris aux jeunes gens."
7. A défaut d'un "noviciat d'Augustins de l'Assomption" -pour ne pas dire "d'Augustins de France", le P. d'Alzon, modestement, mettra en place à Paris le noviciat régulier des religieux de l'Assomption.
8. C'est le chiffre donné par Mgr Plantier dans son rapport adressé au Saint-Siège, le 25 août 1856: 27 personnes, dont 5 novices de choeur et 5 Frères convers, réparties en 4 maisons: *florentia nempe duo collegia unum Nemausi, alterum vero Clippiaci in dioecesi Parisiensi, sita; item prope Nemausi colonia puerorum haereticorum in fide catholica necnon in rebus rusticis instituendorum, demum in urbe Nemausensi quorumdam pupillorum domus, quam pii laici Societatis Sancti Vincentii a Paolo proxime erexerant*. (ACR, LI 7; *Pages d'Archives*, avril 1958, p. 174).