Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.123

31 aug 1856 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Son avis sur les tractations en cours et sur les terrains à acquérir pour le pensionnat.

Informations générales
  • T2-123
  • 719
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.123
  • Orig.ms. ACR, AD 1104; D'A., T.D. 22, n. 400, pp. 50-51.
Informations détaillées
  • 1 ACHAT DE TERRAINS
    1 CHEMIN DE FER
    1 GARES
    1 PATRONAGES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    2 BARAGNON, MAURICE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BEILING, MARIE-LOUISE
    2 BOUSQUET
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 GRANIER, NOTAIRE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PROUVEZE, LOUIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 MIREMAN
    3 NIMES
    3 NIMES, CHEMIN D'ARLES
    3 NIMES, ENCLOS REY
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • vers le 31 août 1856].(1)
  • 31 aug 1856
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Le Fr. Hippolyte vous écrira, mais voici ma manière de voir:

1° L’affaire confiée à M. M[aurice] Baragnon, Granier, Barnouin et au Fr. Hippolyte me semble fort mal menée; chacun faisant parler aux mêmes propriétaires, ceux-ci font avec raison les renchéris.

2° Si M. Bousquet consent à vendre à 80.000 francs, le terrain me paraît aussi bon marché et même meilleur marché que le chemin d’Arles.

3° Le chemin de fer domine à peu près autant le chemin d’Arles que le terrain Bousquet; je m’en suis assuré l’autre jour en venant en wagon de Mireman.

4° Le chemin d’Arles sera toujours moins en communication avec la partie vivante de Nîmes que le terrain Bousquet.

5° Vos Soeurs pourront aller passer une journée au patronage,(2) mais je viens de demander au Fr. Prouvèze,(3) qui y passe tous ses dimanches depuis six ans, si les sifflets l’incommodaient pendant l’école ou la messe de ses enfants; il ne savait pas de quoi je voulais parler.

6° M. Granier a dû vous faire dire que, dans deux ou trois ans, le terrain Bousquet vaudrait dix fois plus. Ceci est exagéré, mais cet emplacement augmentera considérablement de valeur, par le même motif que les maisons du côté de l’Enclos-Rey perdent tous les jours.

En résumé, si les offres faites par trois ou quatre de vos mandataires à M. Bousquet ne le rendent pas plus difficile qu’il n’était, il y a un mois, je pense qu’il faut traiter avec lui ou avec le propriétaire du chemin d’Arles, et au plus tôt; sinon, renvoyez à un an, pour laisser tomber tous les mauvais effets des propositions réitérées. Mais, dans un an, les terrains n’auront-ils pas augmenté de valeur, quand la question des eaux sera traitée? C’est ce dont je suis parfaitement convaincu.

Je dirai après-demain la messe pour vous, pour demander à Dieu de vous conserver ou de vous renouveler les grâces de votre baptême.(4)

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
3. Le Fr. Louis Prouvèze (1814-1884) était chargé du patronage depuis qu'il était entré à l'Assomption après sa conversion en 1850. Profès perpétuel en 1854, doué pour la musique et le dessin, très pieux et très zélé, "sous son impulsion le patronage retrouva le nombre et l'entrain qu'il avait eu au beau temps du Fr. Cardenne et du Fr. Pernet." (A 110, p. 326).1. Nous croyons devoir préciser la date avancée par le P. Vailhé: *août 1856*, en fonction de la lettre du 23 août de Mère M.-Eugénie et de la finale de la lettre du P. d'Alzon.
2. Le 23 août, Mère M.-Eugénie a reçu la lettre du Fr. Hippolyte, mais comme elle ne contient pas les détails qu'elle lui demandait et pour s'éviter de revenir à Nîmes pour en juger par elle-même, "Je voudrais, écrit-elle, que deux de nos Soeurs allassent passer une journée au patronage pour juger du bruit des sifflets et des machines; le matin où j'ai été au chemin de fer, j'ai été effrayée de tous les mouvements bruyants qu'ont fait les machines autour de la station pour changer de rails et se mettre en train."
3. Le Fr. Louis Prouvèze (1814-1884) était chargé du patronage depuis qu'il était entré à l'Assomption après sa conversion en 1850. Profès perpétuel en 1854, doué pour la musique et le dessin, très pieux et très zélé, "sous son impulsion le patronage retrouva le nombre et l'entrain qu'il avait eu au beau temps du Fr. Cardenne et du Fr. Pernet." (A 110, p. 326).
4. Mère M.-Eugénie avait été baptisée le 5 octobre 1817, et le P. d'Alzon, le 2 septembre 1810. Il est possible qu'il fasse ici une allusion indirecte à son propre baptême, alors qu'il vient de recevoir cette confidence de Mère M.-Eugénie écrite le 25 août au jour anniversaire de sa naissance:
"J'ai aujourd'hui 39 ans accomplis; je demande à Dieu de remplir saintement les années qui me restent. Demain ce sera l'anniversaire de la mort de cette pauvre Soeur M.-Louise. Que de choses douces et bonnes on laisse sur le chemin de la vie! Pour moi, j'y aurai été peu comprise; mais ce n'est pas ce que je dois chercher, mais uniquement à comprendre les autres. Si le sens de l'action s'est seul développé en moi, il me semble quelquefois que c'est parce qu'il a été seul favorisé. Mais mon dernier voyage m'a fait du bien en me retirant des affaires; il m'a dégagée de leur préoccupation. J'espère n'y plus retomber et me donner bien plus librement à la vie intérieure."
Mère M.-Eugénie, qui penchait pour le terrain du chemin d'Arles et ne voulait qu'à moindre prix de celui de M. Bousquet, fit, sur la demande de son conseil, un voyage rapide à Nîmes avant de se décider. De retour à Paris pour le 8 septembre, jour où s'ouvrait la retraite de M. Mermillod, elle ne récrira au P. d'Alzon que le 17 septembre. Juliette Combié l'avait accompagnée dans son voyage de retour à Paris, pour y travailler, selon le P. d'Alzon, à l'oeuvre de Saint-François de Sales, tout en logeant chez les Religieuses.