Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.131

28 sep 1856 Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Sa dévotion au Saint-Sacrement est sienne. -Il l’encourage à suivre les appels de Notre-Seigneur. -Juliette Combié lui semble très découragée. -Une postulante éventuelle.

Informations générales
  • T2-131
  • 727
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.131
  • Orig.ms. ACR, AD 1111; D'A., T.D. 22, n. 407, pp. 56-57.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 LACHETE
    1 OFFERTOIRE
    1 OFFRANDE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 AUBERT, MARIE DE LA CROIX
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 MERMILLOD, GASPARD
    3 BEDARIEUX
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, CHAILLOT
  • A LA R. MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 28 sept[embre 18]56.
  • 28 sep 1856
  • Lamalou,
La lettre

Je ne puis vous dire, ma chère fille, la joie que me cause la disposition de coeur où vous êtes envers Notre-Seigneur. Votre dévotion au Saint-Sacrement est la mienne, vous le savez, si toutefois j’en ai une.(1) Plongez-vous dans cet abîme d’amour et demandez à être la goutte d’eau que le prêtre mêle au vin du calice, symbole de l’union de l’Eglise et de chaque saint en particulier avec la substance divine.

Soeur Marie de la Croix va mieux, j’ai de ses nouvelles.

Comme vous, je donnerais beaucoup pour causer avec vous. Sacrifions cette satisfaction. Quand Notre-Seigneur nous parle avec tant de force, à quoi bon la parole humaine, sinon pour nous dire d’aller en avant avec confiance. Toutefois, tenez-vous petite et souvenez-vous du temps perdu par votre faute. Ah! si, vous abandonnant par la foi et l’amour à Notre-Seigneur, vous l’eussiez suivi au-delà de l’épreuve, combien vous seriez plus avancée! Réparons le temps perdu.

Juliette m’écrit des lettres très découragées. J’en serais presque blessé après ce que j’ai fait pour elle, s’il m’était évident que ce n’est peut-être pas sa faute. Il y a en elle une certaine impulsion, dont il ne lui faut pas faire un reproche.(2)

On m’a présenté ici une jeune personne de vingt-deux ans pour être Soeur converse; elle a une bonne santé, travaille aux filatures de Bédarieux; elle sait lire, un peu coudre, ne reculerait devant aucun travail pénible. La voulez-vous? Je prierai pour M. Gay, mais j’ai l’espoir qu’il viendra, quoique un peu plus tard. Ma famille revient à la charge pour fermer la maison de Nîmes. Je crois devoir tenir bon.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Analysant son état spirituel pendant sa retraite annuelle, Mère M.-Eugénie écrivait, le 22 septembre: "Quand je cherche le mystère qui m'est propre pour m'occuper de Notre-Seigneur, je retombe absolument sur le Saint- Sacrement; tous les autres mystères, tous les états de Jésus-Christ me touchent dans une certaine mesure et successivement, mais celui-ci me touche toujours et m'attache sans mesure. Oserais-je le dire -et la Mère va faire allusion à la grâce exceptionnelle de sa première communion, le 25 décembre 1829- c'est la forme sous laquelle Notre-Seigneur m'a aimée, s'est fait connaître à moi, est venu me chercher. Je ne puis guère me représenter la personne de Notre-Seigneur, et toutes les imaginations que je veux me former me gênent et me fatiguent. Là il est présent et quelques murs à percer ou quelques pas de distance ne me gênent pas pour m'entretenir avec lui. C'est donc là que je concentrerai mes efforts et mes résolutions. Voulez-vous que je demande aussi à Dieu d'en faire votre demeure?" Le P. d'Alzon répond affirmativement, et l'incise qu'il ajoute se réfère à son état présent de fatigue qui l'empêche de prier.
2. Effectivement, dans des lettres non datées mais de cette époque, Juliette Combié ne cache pas au P. d'Alzon qu'elle "s'ennuie horriblement" à Paris et à Chaillot, malgré la présence de sa soeur religieuse. "Je ne puis accepter cette vie, écrit-elle, qu'en offrant toutes mes heures d'ennuis pour la prospérité des Assomptionistes. Je suis de plus en plus convaincue que je ne suis pas faite pour la vie contemplative. Quand j'ai fait mes oraisons d'une longueur passable et que j'ai passé trois ou quatre heures seule entre quatre murs blancs, je ne sais plus où donner de la tête [...] Je vois bien que l'on ne trouve ici que ce que je ne veux pas accepter dans le monde, l'isolement du coeur, le néant et la mort." De plus, écrit-elle encore, "pour l'oeuvre de Saint-François de Sales, j'espère qu'elle réussira, mais ce ne sera pas entre mes mains. Ne connaissant personne et n'ayant aucun aboutissant, il m'est impossible de rien faire. L'abbé Mermillod est plein de zèle pour cette oeuvre; malheureusement son séjour ici a été trop court et trop rempli pour qu'il pût m'aider. Aussi, conclut-elle, je vois tous les jours que ma place n'est pas à Paris, mais bien à Nîmes", -au service de sa famille et de l'oeuvre des petites protestantes. "Vous m'aviez fait entrevoir un horizon plus vaste et plus élevé, mais je ne crois pas que le bon Dieu m'y veuille; il ne m'a donné aucune des qualités pour cela."