Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.147

2 nov 1856 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il veut prendre avec joie et amour comme venant de Dieu ce qui lui arrive. -Ses conversations avec les Religieuses du prieuré. -Sa pensée de se faire victime et base de l’Assomption.

Informations générales
  • T2-147
  • 743
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.147
  • Orig.ms. ACR, AD 1114; D'A., T.D. 22, n.417, pp. 65-66.
Informations détaillées
  • 1 BATIMENTS DES COLLEGES
    1 CHAPELLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 FOI
    1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 MALADIES
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BARAGNON, MADAME AMEDEE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 PARIS, PASSY
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 2 nov[embre] 1856.
  • 2 nov 1856
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Je vais répondre par ordre à vos deux lettres, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Il faut bien considérer comme venant du bon Dieu tout ce qui nous arrive, et je vous avoue que je suis disposé à le prendre avec joie et amour. C’est ma lâcheté seule qui m’effraie. Hier j’ai voulu dire deux mots; toute la nuit j’ai souffert des dents et toute la journée je me suis dorloté. Il me semble par moments que Dieu veut autre chose. Quant à ce que Dieu fera de nous ou ne fera pas, qu’importe, pourvu que nous marchions dans la foi. Mettez la possibilité de la fermeture de la maison sur le compte de ce que vous voudrez, tout le monde verra bien le pourquoi de la chose.

Lorsque je dis que j’ai de longues conversations avec Soeur M.-Aug[ustine], voici en quoi elles consistent. Après la messe, tandis que Soeur M.-Walb[urge] assiste à mon déjeuner, elle vient toujours. Je l’ai vue une seule fois -peut-être deux- seule: c’est le jour où je lui ai parlé sérieusement. En la détachant de l’amour des lectures, j’ai cru entrer dans une de vos recommandations expresses, faites il y a peu de jours encore.(1) Quant à l’empêcher de venir quand je cause avec Soeur M.-Walb[urge], je doute que ce soit très possible. Peut-être pourrai-je ne pas m’arrêter après ma messe, mais cela m’est bien commode pour expédier plus vite les gens qui veulent me parler et qui n’en finissent pas chez moi. Dire qu’on reste toujours sérieux avec cette bonne fille, c’est difficile; cependant je crois faire de constants efforts.

Ce qu’a dit Soeur M.-Elis[abeth] de ma prétendue recherche de popularité est si sot, de sa part, qu’il n’y a pas à s’en occuper. Elle sait bien ce que je lui ai dit, quand elle m’a demandé d’obtenir qu’elle restât. Pourquoi, quand Soeur M.-Walb[urge] proposait de la garder trois semaines, sur une lettre de vous j’ai tenu à ce qu’elle partît?

Pour moi, je vous avoue que je vais me préoccupant de plus en plus à la pensée de me faire victime et base de l’Assomption, en ce sens que je serai mis sous les pieds de tous, et si je savais que ce fût la volonté de Dieu, je lui donnerais un peu plus de ces souffrances qui rendent l’homme impuissant à toute action autre que de s’anéantir dans l’humiliation et la douleur, et dans un grand amour de Celui qui s’est anéanti et a souffert pour nous. Puis, je me demande si je vaux la peine que Dieu s’occupe de m’anéantir.

Priez pour moi.

E. D’ALZON.

Que devient Mme Baragnon? L’idée de bâtir pour nous au plus tôt me paraît bonne, si vous le pouvez sans inconvénient. N’a-t-on pas bâti une chapelle de secours au rond-point de Passy? A qui est-elle confiée?(2)

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le 13 octobre, Mère M.-Eugénie avait écrit: "Soeur M.-Augustine part vraiment dans d'excellentes dispositions; je crois que ce grand acte d'obéissance l'aura beaucoup sanctifiée; épargnez-lui la tentation des journaux, ne lui en parlez pas, ni vous, ni de chez vous; laissez-la aux pensées et aux vues plus surnaturelles dans lesquelles elle entre.
2. Répondant aux lettres du P. d'Alzon, du 30 octobre et du 2 novembre, Mère M.-Eugénie écrit le 4 novembre: "Que je voudrais, mon cher Père, participer assez pleinement aux saintes dispositions que vous exprimez pour en savoir parler avec vous le même langage! [...] Sauf la douleur que vous exprimez et que j'eusse voulu vous épargner au prix de mon sang, l'ensemble des choses finissait par me faire désirer cette décision comme celle qui devait seule rapprocher les éléments épars de votre Congrégation naissante et vous permettre d'en faire un corps vraiment religieux. Je crois que pour un tabernacle détruit, Notre-Seigneur vous permettra de lui en consacrer plusieurs autres. La chapelle de service des Ternes, dont vous me parlez, est présentement desservie par les prêtres de la paroisse de Passy, mais je crois que si vous étiez en état de la desservir, Monseigneur vous la donnerait assez facilement [...] Ne croyez pas, mon Père, qu'avec tant à porter dans l'âme, Dieu veuille que vous essayiez encore de tirer de votre corps des forces qu'il n'a plus. Tous les vôtres ne désirent et ne demandent qu'une chose, c'est que vous guérissiez; nous avons besoin de votre santé. Pour les vôtres la perte du reste est peu de chose; pour eux du moins, prenez soin sans scrupule de votre complète guérison. Vous l'avez tant de fois promis!"