Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.149

6 nov 1856 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Le Tiers-Ordre féminin à Nîmes et les Religieuses de l’Assomption. -Le véritable but du Tiers-Ordre. -Son recrutement doit être restreint.

Informations générales
  • T2-149
  • 745
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.149
  • Orig.ms. ACR, AD 52; D'A., T.D. 22, n. 418, pp. 67-68.
Informations détaillées
  • 1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 COIRARD, MIRRA
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 LA BOUILLERIE, FRANCOIS DE
    2 NARBONNE-LARA, MADAME DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 REVOIL, MADAME HENRI-ANTOINE
    2 SERRE, JEAN-BAPTISTE
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 6 nov[embre] 1856.
  • 6 nov 1856
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

L’abbé de Cabrières tient la plume et je vous écris ces quelques lignes, dont je suis bien aise qu’il ait connaissance. La grande affaire du T[iers]-O[rdre] revient sur le tapis. Mme de Narbonne avait offert sa démission de prieure et m’avait proposé de se faire remplacer par Mlle de Régis. J’en dis deux mots à Soeur M.-Walburge, qui fut effrayée d’avoir affaire à une personne qui a de la volonté: « Laissez-moi, me dit-elle, Mme de N[arbonne] et Mlle Coirard; elles ne font rien et cela nous va beaucoup mieux. » J’ai parlé à Mlle de Régis dans ce sens. Mais voici l’inconvénient. Cette bonne fille, qui ne demande pas mieux que de ne point se mêler du T[iers]-O[rdre], se rejette plus que jamais dans ses chères enfants de Marie; elle reprend M. Serre pour les prêcher régulièrement, et je prévois qu’avec une tête comme la sienne les enfants de Marie deviendront une petite puissance.

Je crois avoir découvert le fond des choses. A part ce que vous m’avez dit dans le temps, il m’est assez évident que Mme Revoil, fille d’une future Assomptiade, veut être tertiaire et prépare de loin son introduction dans le T[iers]-O[rdre], suffisamment mitigé pour être à sa convenance. Ses formes aimables ont séduit peut-être Soeur M.-W[alburge], qui avait parlé plusieurs fois de la faire arriver parmi nos dames. Hier, elle m’en parla plus catégoriquement, et je lui fis part assez longuement et de mes observations sur Mme Revoil, et de mes idées générales sur le T[iers]-O[rdre]. Si quelques personnes ne se sentent pas le courage d’accepter une règle un peu plus sévère, il est très facile de faire une confrérie du Saint-Sacrement, pour laquelle j’ai déjà les pouvoirs de Mgr de la Bouillerie. Mme Revoil en sera tant qu’elle voudra.

Pour le T[iers]-O[rdre], il a déjà fait assez de bonnes petites oeuvres, pour le maintenir tel qu’il est en l’améliorant. Je fis remarquer, de plus, que son caractère propre était de ne pas trop s’étendre, de protester contre le monde et de s’adresser à des personnes d’une certaine intelligence et libres de leur temps pour les bonnes oeuvres. J’ajoutai que si l’Assomption a une raison d’être, elle doit la trouver dans l’énergie chrétienne qu’elle imprimera à ses membres.(1) Sous ce rapport, des personnes comme Mme R[evoil] ne sont pas encore mûres pour notre oeuvre. Je vous fais grâce de tous les développements que je donnai à ma thèse, qui firent ouvrir de grands yeux à la bonne supérieure et conclure qu’il fallait confier l’oeuvre à Soeur M.-Augustine.(2)

Je n’ajoute qu’un mot. L’abbé de Cabrières part à l’instant pour Paris, afin de chercher un professeur de philosophie. Adieu, ma fille. Tout à vous.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Autrement dit, "la résurrection de l'esprit chrétien, au sens où nous l'avons, vous et moi, entendu en donnant à l'Assomption son cachet", écrira le P. d'Alzon à Mère M.-Eugénie, le 15 septembre 1870.
2. Jusque là, la lettre fut écrite par l'abbé de Cabrières qui, entre parenthèses, ajouta ces quelques mots: "Le secrétaire offre ses humbles respects à Mme la Supérieure; il se recommande à ses prières et la remercie de ses peines pour avoir un professeur de philosophie." -Le dernier paragraphe et la signature sont de la main du P. d'Alzon.