Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.152

8 nov 1856 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Conversations avec Soeur M.-Augustine et Soeur M.-Walburge. -L’évêque s’est chargé de demander pour lui le rectorat de Saint-Nicolas des Lorrains à Rome.

Informations générales
  • T2-152
  • 747
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.152
  • Orig.ms. ACR, AD 54; D'A., T.D. 22, n. 420, p. 70.
Informations détaillées
  • 1 PRIEURE DE NIMES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 TRISTESSE
    2 BALINCOURT, MARIE-ELISABETH DE
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DROUELLE, VICTOR
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SABRAN, MADAME LOUIS
    2 WALEWSKI, ALEXANDRE-JOSEPH
    2 WENGER, ANTOINE
    3 PARIS, SEMINAIRE SAINT-SULPICE
    3 ROME, EGLISE SAINT-NICOLAS DES LORRAINS
    3 ROME, EGLISE SAINTE-BRIGITTE
    3 ROME, PALAIS TORLONIA
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] 8 nov[embre 18]56.
  • 8 nov 1856
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

J’aurais voulu que vous eussiez assisté à une conversation, dont j’ai été le témoin. Après mon déjeuner au prieuré, Soeur M.-Aug[ustine] est entrée pour me demander d’abord si j’avais de vos nouvelles, puis pour m’avouer qu’elle avait reçu un billet de vous, où vous lui proposez de revenir. Elle est sortie pour le chercher, puis elle est revenue sans le porter. Il semblait qu’elle crût que j’avais provoqué son départ. J’ai répondu simplement que Soeur M.-Emmanuel et Soeur M.-Elisabeth étant venues et étant reparties, il y aurait peut-être quelque inconvénient à la faire partir si tôt. Sur ce, débat entre Soeur M.- Aug[ustine] et Soeur M.-Walb[urge], non sur ce qu’il y avait de mieux à faire -elles étaient toutes deux prêtes à faire ce que vous décideriez-, mais de la manière de vous en parler: Soeur M.-Aug[ustine] voulant vous écrire longuement, parce qu’elle est accoutumée à tout vous dire, même les choses désagréables; Soeur M. -Walb[urge] préférant s’en rapporter à vous, parce qu’on n’explique jamais bien les choses par lettre. Je vous assure que cette discussion m’a montré deux excellentes religieuses, différant d’opinion, mais pour des motifs d’un très bon esprit de part et d’autre. Peut-être y a-t-il une blessure au fond de Soeur M.-W[alburge], mais elle cherche à la guérir de son mieux, car elle est réellement très saintement aimable.

J’ai cru devoir lui dire deux mots de M. de C[abrières], et du mot ridicule que j’avais prononcé avec vous. Elle m’a assuré qu’elle lui avait dit tout ce qu’il y a de plus fort, et que le résultat avait été qu’il avait tout répété à Mme S[abran]. Peut-être alors ferez-vous mieux de ne rien dire. Du reste, Soeur M.-Walb[urge] m’a dit qu’il était en ce moment triste et un peu ennuyé de tout, et qu’elle n’était pas fâchée qu’il allât à Saint-Sulpice, afin d’y trouver un désenchantement de plus.

Je voulais vous dire que l’évêque s’était chargé de faire pour moi la demande de Saint-Nicolas,(1) mais il était sorti. Je suis un peu fatigué, je vous laisse.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il s'agit de l'église de Saint-Nicolas des Lorrains, au Largo Febo, entre Santa Maria dell'Anima et la place Navone. Elle figurait avec le petit appartement du recteur, depuis des siècles, parmi les *possedimenti* français de Rome. Récemment, en 1969, le gouvernement français a mis à la disposition du conseiller écclésiastique de l'ambassade de France près le Saint-Siège l'appartement du rectorat de Saint-Nicolas des Lorrains, devenu par là-même recteur de cette église. La nomination du P. Wenger à ce poste, en 1973, y assure la présence assomptioniste, dont on pouvait entrevoir la possibilité en 1856. En effet, retourné à Rome avec le Fr. Galabert, le 24 octobre, le P. Picard, dès le lendemain annonçait au P. d'Alzon la vacance du rectorat: "Nous voilà à Rome depuis hier, installés chez M. Chaillot [au palais Torlonia comme prévu]. [...] Le P. Drouelle a été très bien à notre égard; il a transformé Sainte-Brigitte en une demeure fort belle et fort agréable, il vient de donner sa démission de recteur de Saint-Nicolas. Il n'a fait connaître encore sa démission à personne; il me proposait de faire la demande de ce rectorat pour trois ans, afin d'avoir une position convenable; car le recteur a quinze écus par mois et il est logé, il reçoit six écus pour un sacristain et dix écus pour l'entretien du culte. Il pensait que si vous faisiez immédiatement la demande à l'ambassadeur par l'intermédiaire du ministre des Affaires étrangères, vous l'obtiendriez certainement, parce que la nouvelle n'est pas éventée. Il n'y a qu'un inconvénient: le Pape n'aime pas trop le clergé de Saint-Louis, qui est considéré comme gallican, et le recteur de Saint-Nicolas dépend de Saint-Louis; ainsi il y aurait à craindre de ne pas faire plaisir au Pape. Je vous soumets ces idées telles qu'elles m'ont été présentées; si l'affaire vous sourit il faut faire immédiatement des démarches et ne pas perdre un instant; il n'y a que la considération du Pape qui puisse vous arrêter. Voyez, mon Père, et nous ferons ce que vous voudrez; ce serait une position pour trois ans et même pour plus longtemps, si on le voulait. Le recteur n'est chargé que de dire la messe et de veiller à ce que les messes de fondations se disent exactement."