Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.163

4 dec 1856 La Thuilerie, BARAGNON_NUMA

Puisqu’il est licencié en droit, il le nomme avocat de l’Assomption. -Remarque sur sa thèse à propos des quatre articles.

Informations générales
  • T2-163
  • 758
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.163
  • Orig.ms. ACR, AL 4; D'A., T.D. 34, n. 4, pp. 138-139.
Informations détaillées
  • 1 CONCILE PROVINCIAL
    1 DOMESTIQUES
    1 GALLICANISME
    1 MONARCHIE
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PROFESSIONS
    1 REPAS DES RELIGIEUX
    2 FRANCOIS
    2 HENRI IV, ROI
    2 SIXTE-QUINT
    3 AUTEUIL
    3 FRANCE
  • A MONSIEUR NUMA BARAGNON
  • BARAGNON_NUMA
  • 4 déc[embre 18]56.
  • 4 dec 1856
  • La Thuilerie,
La lettre

Mon très cher licencié,

Si l’appel d’un dîner de novices, préparé par François qui ne sait pas la cuisine, pouvait vous tenter, je vous dirais: « Venez à la Thuilerie; que je vous embrasse ». Vous voilà donc licencié. Je vous nomme avocat de l’Assomption. Je tiens à être votre première pratique. Faites-moi le plaisir de me trouver un procès, n’importe à propos de quoi. N’y a-t-il pas quelque matière à dispute sur le devant de la maison ou sur le derrière de…? Un avocat doit être fécond en ces découvertes et fourrer son nez partout.

J’ai lu la page 41 et j’ai vu une petite inexactitude historique. Les fameux quatre articles ne furent pas approuvés par un concile national: 1° parce qu’il n’y en eut pas; 2° parce que, depuis Henri IV et même avant, les rois de France n’ont pas voulu permettre des conciles provinciaux; 4° [sic] parce qu’un concile national, composé de plusieurs provinces ecclésiastiques, n’ayant pas de président naturel pour le diriger, il faudrait lui trouver un président nommé par le Pape, -ce qui n’eût certainement pas eu lieu in casu; 5° enfin, pour qu’un concile provincial ait force de loi ecclésiastique, il faut, d’après une bulle de Sixte V, si je ne me trompe, qu’il soit approuvé de Rome(1). D’où vous voyez l’embarras des gallicans, qui criaient tant pour la tenue des conciles provinciaux et qui n’en veulent plus aujourd’hui, parce qu’ils savent très bien que, s’ils ne marchent pas droit, le Pape leur donnera sur les doigts; et qu’ils savent très bien que si, en vertu des libertés gallicanes, ils ne font pas approuver leurs conciles à Rome, leurs prêtres, forts de la bulle de Sixte V, leur diront: « Vos décisions n’ont aucune valeur ».

Soyez un bon garçon, posez-vous rondement. Vous avez tout ce qu’il faut pour faire respecter vos principes. Ecrivez-moi le jour où vous plaiderez la première fois, afin que je dise la messe pour vous.

Votre père.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Les quatre articles de l'Eglise gallicane furent stipulés par l'assemblée du clergé de France de 1682. Sur l'origine et la nature de ces assemblées du clergé de France, voir: *Dict. de droit canonique*, I, col. 1107-1142.