Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.181

7 jan 1857 Nîmes PICARD François aa

Caractéristiques à faire valoir pour l’Assomption dans les milieux romains. -L’assassinat de l’archevêque de Paris.

Informations générales
  • T2-181
  • 780
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.181
  • Orig.ms. ACR, AE 21; D'A., T.D. 25, n. 22, pp. 22-23.
Informations détaillées
  • 1 TEXTES OFFICIELS DE LA FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 ASSOMPTIONNISTES
    1 AUSTERITE
    1 DECRET DE LOUANGE AUX ASSOMPTIONNISTES
    1 MEURTRE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES CHANOINES DE ST AUGUSTIN
    1 PROJET D'UNION AVEC LES ERMITES DE SAINT-AUGUSTIN
    1 PROPRETE DES RELIGIEUX
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 RECITATION DE L'OFFICE DIVIN PAR LES RELIGIEUX
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SOCIETES SECRETES
    1 VOEU DE PAUVRETE
    2 BARRUEL, AUGUSTIN
    2 CRETINEAU-JOLY, JACQUES-AUGUSTE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 PERNET, ETIENNE
    2 SIBOUR, MARIE-DOMINIQUE
    3 FRANCE
    3 PARIS
    3 ROME
  • AU PERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • le [7 janvier] 185[7].(1)
  • 7 jan 1857
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
  • Au Révérend Père Picard
    Religieux de l'Assomption
    Poste restante à
    Rome.
La lettre

Mon cher ami,

Je me sers de la plume du Fr. Pernet, parce que j’ai à vous écrire longuement. Voilà près d’un mois que je n’ai de vos nouvelles. Etes-vous malade? J’ai plusieurs observations à vous faire, dans le cas où le consulteur nommé pour notre affaire vous ferait demander.(2)

1° Le nom que nous voudrions prendre serait celui d’Augustins de l’Assomption, et non pas Augustins de France.

2° Si nous ne mettons pas d’austérités, c’est, comme je vous l’ai déjà fait observer, parce que nous voulons recevoir des religieux de petite santé, les autres pouvant aller aux Dominicains ou aux Carmes.

3° Nous ne nous unissons pas aux Augustins Ermites ou Chanoines, parce que les Chanoines me semblent avoir une règle trop facile, et que les Ermites ont des constitutions qui pourraient nous gêner dans l’action que nous nous proposons d’exercer.

4° Nous tenons surtout à la pratique de la pauvreté. Nous la croyons indispensable pour les temps présents et comme protestation contre les moeurs actuelles. Nous sommes incertains pour savoir si nous aurons des propriétés, en dehors de nos collèges et de nos couvents: des propriétés nous exposent à perdre un jour l’esprit de pauvreté, et, d’autre part, cependant elles sont utiles pour fonder les orphelinats et autres oeuvres de charité de cette espèce.

5° Nous tenons à la récitation de l’office, et nous préférons avoir moins de maisons et le faire réciter plus régulièrement.

6° Nous tenons très particulièrement aux oeuvres de charité, qui nous permettront d’agir directement sur le peuple et d’arrêter autant que possible sa démoralisation.(3)

7° Nous tenons par-dessus tout à développer dans les esprits et les coeurs l’amour de l’Eglise romaine.

Telles sont, mon cher ami, les bases sur lesquelles vous devrez vous appuyer dans les explications que vous donnerez au consulteur. Veuillez me tenir au courant des questions qui pourront vous être faites, en dehors de ce cercle d’idées.

Vous connaissez déjà sans doute la mort de l’archevêque de Paris. C’est évidemment une oeuvre des sociétés secrètes;(4) d’autres évêques sont désignés aux poignards des assassins.

Vous ne m’avez souhaité ni ma fête, ni une bonne année; ce qui me donne à penser que quelque lettre a été perdue.(5) Je fais des voeux les plus sincères, pour que vous vous portiez définitivement bien, que le Fr. Galabert devienne un peu plus propre, et qu’un jour vous soyez tous les deux de très grands saints.(6)

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
4. L'imputation faite aux sociétés secrètes de la franc-maçonnerie des crimes commis contre l'Eglise ira grandissante chez le P. d'Alzon et dans les milieux ecclésiastiques du XIXe siècle. Elle s'origine dans l'ouvrage, plusieurs fois réédité et traduit, du P. Barruel, s.j.: *Mémoire pour servir à l'histoire du Jacobinisme* (1797-1798), où l'auteur veut prouver qu'une triple conspiration a préparé la révolution de 1789: celle des incrédules, des républicains et francs-maçons et des illuminés. En 1859, au début de la lutte contre les Etats pontificaux, Crétineau-Joly reviendra sur le même argument dans son ouvrage: *L'Eglise romaine et la Révolution*.
Quoiqu'il en soit du cas de Mgr Sibour, force est de reconnaître qu'après la retombée des espérances de 1848, vont se multiplier les signes avant-coureurs d'une lutte sans merci contre le catholicisme, de la part du libéralisme, du laïcisme et du socialisme, dans laquelle la franc-maçonnerie a eu une part évidente. En ce sens, le P. d'Alzon voyait juste.1. Le P. d'Alzon utilise, sans le corriger, un papier à l'en-tête de l'évêché de Nîmes; le cachet postal porte: *Paris, 7 janvier* 1857.
2. L'obtention du décret de louange. 3. L'abrutissement de l'homme par l'homme, notamment dans la mise en place, au XIXe siècle, des concentrations ouvrières, inaccessibles à l'Eglise et redoutées du pouvoir.
4. L'imputation faite aux sociétés secrètes de la franc-maçonnerie des crimes commis contre l'Eglise ira grandissante chez le P. d'Alzon et dans les milieux ecclésiastiques du XIXe siècle. Elle s'origine dans l'ouvrage, plusieurs fois réédité et traduit, du P. Barruel, s.j.: *Mémoire pour servir à l'histoire du Jacobinisme* (1797-1798), où l'auteur veut prouver qu'une triple conspiration a préparé la révolution de 1789: celle des incrédules, des républicains et francs-maçons et des illuminés. En 1859, au début de la lutte contre les Etats pontificaux, Crétineau-Joly reviendra sur le même argument dans son ouvrage: *L'Eglise romaine et la Révolution*.
Quoiqu'il en soit du cas de Mgr Sibour, force est de reconnaître qu'après la retombée des espérances de 1848, vont se multiplier les signes avant-coureurs d'une lutte sans merci contre le catholicisme, de la part du libéralisme, du laïcisme et du socialisme, dans laquelle la franc-maçonnerie a eu une part évidente. En ce sens, le P. d'Alzon voyait juste.
5. Le P. Picard avait écrit au P. d'Alzon les 15 et 25 décembre 1856; mais ces lettres avaient pris du retard dans leur acheminement.
6. Seule la signature est de la main du P. d'Alzon, après laquelle, le Fr. Pernet adresse quelques lignes à ses deux confrères de Rome.