Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.195

19 feb 1857 [Paris, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouvelles de la communauté de Clichy, de l’oeuvre de Saint-François de Sales, du collège de Nîmes. -Impression sur le cardinal Morlot. -Mieux vaut s’adresser aux Oratoriens pour la fondation de Londres.

Informations générales
  • T2-195
  • 793
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.195
  • Orig.ms. ACR, AD 65; D'A., T.D. 22, n. 431, pp. 78-80.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 CLERGE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 FRANCAIS
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 TIERS-ORDRE MASCULIN
    2 BUHLER
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MONTY, MADAME DE
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEGUR, ANATOLE DE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 VAILHE, SIMEON
    2 VEUILLOT, LOUIS
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 ANGLETERRE
    3 NIMES
    3 ROME
    3 TOURS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 19 février 1857].
  • 19 feb 1857
  • [Paris,
La lettre

Ma chère fille,

En attendant que M. Bühler(1) et Soeur Th[érèse]-Em[manuel] arrivent, je vais vous dire deux ou trois choses.

1° Le P. Laurent est mécontent de moi. Je crois qu’au fond je lui ai donné un motif de se plaindre, mais comme il sent que je veux le forcer à sanctifier un peu la maison, il se rejette dans des plaintes qui seraient incroyables, si sa maladie ne l’excusait.

2° Il m’est évident que M. Merm[illod] se moque de moi et veut me tenir en dehors. Je crois, après en avoir causé avec Soeur Th[érèse]-Emm[anuel], le mettre au pied du mur, sans qu’il s’en doute. Hier, dans une réunion chez Mgr de Ségur, il m’a mis, lui, M. Merm[illod], de côté, de la plus jolie manière du monde.(2)

3° M. Durand m’a écrit pour me demander, au nom du T[iers]-O[rdre] de Nîmes, de continuer l’Assomption. Le Fr. Marie-Joseph m’écrivait en même temps une lettre extraordinaire de prévention contre ces Messieurs. J’ai répondu par un acquiescement, et, en effet, le Fr. Hippolyte m’écrit aujourd’hui une lettre d’admiration pour l’esprit de foi de ces Messieurs. Le tout se fait à leurs risques et périls, M. de Cabrières à leur tête, l’évêque y consentant.(3)

4° M. Veuillot a eu hier une excellente conversation avec le c[ardinal] Morlot.(4)

5° Du Lac, à qui j’ai dit un mot de votre projet pour Londres, me charge de vous conjurer d’examiner très attentivement l’esprit du card[inal] Wiseman, qui devient de plus en plus séparatiste et absolu.

6° Une scission analogue, mais non la même, subsiste entre les catholiques anglais qu’entre les catholiques français. D’après quelques détails fournis par du Lac, sauf quelques points, vous vous entendrez mieux avec les Oratoriens qu’avec qui que ce soit.(5)

7° Quelqu’un parfaitement renseigné, qui a vécu deux ans à Tours, m’assure que personne ne prendra jamais d’influence sur lui;(6) elle est toute prise par son valet de chambre. Il ne fera jamais d’avances à personne, mais provoqué, il répondra toujours loyalement et de façon à contenter les personnes un peu larges. Il n’a point d’initiative, fait tout par lui-même, mais ne vexe pas.

Enfin, ma chère fille, il me paraît bien difficile que là où vous allez, en plaisant aux [uns] vous ne déplaisiez pas aux autres. Il faut faire votre choix, et toutefois il me semble que, tout en penchant, comme il est probable, vers les Oratoriens, vous aurez à vous tenir contre les ardeurs et les promptitudes de Mme de Monty.

Adieu, ma chère fille. J’entends la voix de Soeur Th[érèse]-Em[manuel]. Je vous quitte.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
2. Dans une réunion relative à l'oeuvre de Saint-François de Sales,"chez Mgr de Ségur", le 18 février 1857. -Première mention datée de l'action de Mgr de Ségur en faveur de l'oeuvre, à qui la fondation en sera attribuée par son frère en 1881, le P. d'Alzon n'en étant que "le promoteur et l'instigateur", ce contre quoi s'élève le P. Vailhé ( *Vie du P. d'Alzon,* II, p. 218).1. Homme de confiance pour l'aménagement de La Thuilerie
2. Dans une réunion relative à l'oeuvre de Saint-François de Sales,"chez Mgr de Ségur", le 18 février 1857. -Première mention datée de l'action de Mgr de Ségur en faveur de l'oeuvre, à qui la fondation en sera attribuée par son frère en 1881, le P. d'Alzon n'en étant que "le promoteur et l'instigateur", ce contre quoi s'élève le P. Vailhé ( *Vie du P. d'Alzon,* II, p. 218).
3. Cette dernière assertion est prématurée.
4. François-Nicolas-Madeleine Morlot (1795-1862), nommé évêque d'Orléans (10 mars 1839), archevêque de Tours (28 juin 1842), créé cardinal (7 mars 1853), et transféré à Paris (24 janvier 1857).
5. Disons, à propos de l'Eglise d'Angleterre, que, d'une part, une certaine opposition pouvait exister chez "les anciens catholiques" et "le vieux clergé," contre l'enthousiasme romain des convertis, mais non point un vrai sentiment d'indépendance à l'égard de Rome, et que, d'autre part, le cardinal Wiseman était plus autocrate chez lui que séparatiste d'avec Rome. Mère M.-Eugénie de Jésus aura l'habileté de lui faire vouloir ce qu'elle veut: une maison de retraites et d'adoration, où " le cardinal permettra tout en fait d'exposition du Saint-Sacrement", et lui "fera faire la promesse de ne jamais nous séparer", -"ce que du reste j'obtiendrai d'autant plus facilement qu'il sait qu'à Rome on l'a blâmé des séparations qui ont eu lieu", expliquant "que ce n'était nullement sa faute ni son esprit." (Lettre de Mère M.-Eugénie au P. d'Alzon, 9 mars).
6. Il s'agit de nouveau du cardinal Morlot.