Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.197

20 feb 1857 Paris, COMBIE_JULIETTE

Elle est trop défiante, et à tort. -Puisqu’elle a donné sa vie à Dieu, elle ne doit plus regarder en arrière. -Directives pour le carême.

Informations générales
  • T2-197
  • 794
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.197
  • Orig.ms. ACR, AM 161; D'A., T.D. 37, n. 51, pp. 133-134.
Informations détaillées
  • 1 CAREME
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 PENITENCES
    1 VIE DE FAMILLE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOEU D'OBEISSANCE
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 REGIS, EULALIE DE
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 20 fév[rier 18]57.
  • 20 feb 1857
  • Paris,
La lettre

Puisque je suis obligé de faire parvenir la lettre ci-jointe par voie indirecte,(1) je ne vois pas pourquoi je ne vous en chargerais pas, au lieu d’en donner le soin à Soeur M.-Walburge, d’autant plus, mon enfant, que vous avez besoin de croire que l’on pense à vous. Et puisque rien n’est plus vrai, je ne vois pas quel inconvénient il y aurait à vous dire quelque chose qui vous fait du bien.

Vous êtes trop défiante, ma fille, et à tort. Si j’étais ce que vous supposez quelquefois, -non pas, j’espère, avec votre coeur, mais avec votre imagination-, qu’est-ce qui me coûterait de vous dire, quand vous m’annoncez que vous allez vous réfugier dans vos devoirs de famille: »Eh bien! ma fille, suivez votre impulsion et santifiez-vous ainsi »? Pourquoi m’est-il impossible d’approuver cette disposition? Est-ce pour vous torturer inutilement? A quoi bon? Non, Juliette. Vous ne vous appartenez plus, vous avez donné votre vie à Dieu, ne regardez plus en arrière. Priez, lisez, faites pénitence dans la solitude, occupez-vous de quelques bonnes oeuvres, mais sachez attendre. Acquérez le don de souffrir comme la vierge, épouse d’un Dieu crucifié. Vous prétendiez, un jour, avoir fait un pacte avec la douleur. Mais vous n’en avez pas la science. Faut-il que je vous reproche de n’être pas assez fille? Vous étes encore un peu trop indomptée pour une chrétienne qui veut entrer dans le mystère de la croix. Comment passerez-vous votre carême? Je voudrais bien que, dimanche(2), vous voulussiez renouveler vos voeux, surtout celui d’obéissance. Mais je voudrais une obéissance souple, absolue, filiale, confiante, unie à celle de Jésus portant sa croix et obéissant jusqu’à la mort. Vous me l’aviez promise dans le temps et vos paroles me feraient croire quelquefois que vous l’avez oublié.

Quelles mortifications ferez-vous en carême? Soignez-vous, et pourtant quelques petites austérités faites avec un sentiment de dépendance, et surtout régulièrement, vous feraient beaucoup de bien. Ecrivez-moi bientôt que toute votre âme est en mes mains, pour la présenter à Notre-Seigneur. Je crois très dangereux pour vous de vous échapper, comme vous le faites, dans des doutes et des soupçons. La voie de la confiance absolue à votre père est la meilleure.

Adieu, ma fille bien-aimée. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Lettre à Clémentine Chassanis, à qui il ne peut écrire directement. -Il joindra un mot pour Eulalie de Régis.
2. Le dimanche de la quinquagésime, 22 février 1857.