Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.198

20 feb 1857 Paris, CHASSANIS Clémentine

Son plus grand bien est d’acquérir la liberté de coeur. Il désire connaître, pour l’aider, toutes ses dispositions actuelles -Elle a besoin d’un règlement de vie et de plus de dépendance spirituelle. -Il attend la plénitude de son sacrifice.

Informations générales
  • T2-198
  • 795
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.198
  • Orig.ms. ACR, AM 373; D'A., T.D. 38, n. 10, pp. 92-94.
Informations détaillées
  • 1 AFFRANCHISSEMENT SPIRITUEL
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 CAREME
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 HUMILITE
    1 ORAISON
    1 PENITENCES
    1 PERFECTION
    1 REGLEMENTS
    1 SAINTE COMMUNION
    1 VIE DE PRIERE
  • A MADEMOISELLE CLEMENTINE CHASSANIS
  • CHASSANIS Clémentine
  • le 20 février [18]57.
  • 20 feb 1857
  • Paris,
La lettre

Je suis tout heureux, ma chère enfant, de vous faire du bien, Je voudrais vous en faire beaucoup. Si vous en êtes au point que vous me dites, profitez-en et avancez toujours. Dieu vous pousse, mais il ne faut pas lui résister. Comprenez donc que, pour vous, le plus grand bien, en ce moment, est la liberté de coeur. Je crois que la communion vous aiderait à l’acquérir et je déplore la répugnance que vous avez pour la Sainte Table. Il me paraît bien difficile qu’elle puisse durer en face des besoins si évidents de votre âme.

Que faites-vous dans votre méditation? Quelles lectures faites-vous? Quel fruit produit la retraite du mois? Etes-vous fidèle à vos petites pénitences? Que ferez-vous pour le carême? Je veux savoir toutes ces choses par le menu. Souvenez-vous que vous êtes dans la crise la plus importante peut-être de votre vie et qu’il ne faut pas vous ménager. Je regrette bien de ne pas être auprès de vous. J’y suis par le coeur. Ecrivez-moi un peu longuement, entrez dans les détails. Voulez-vous que je puisse vous faire tout le bien possible, si vous ne me faites pas connaître toutes vos dispositions? Pour moi, je conclus que vous finirez par être une très excellente fille et qu’à partir de ce moment vous pouvez arriver à une très haute perfection. Je vous préviens que je suis très résolu à vous y pousser. Les tempêtes et les orages ne m’effraieront pas. Nous vaincrons, par la grâce de Dieu, l’ennemi et nous vous rendrons humble, fille d’oraison, de mortification et de bonnes oeuvres.

Ne pensez-vous pas que vous feriez bien de faire un règlement de vie, dont vous m’enverriez la copie, sauf à moi à le modifier, et quand vous y manqueriez, vous m’en préviendriez? N’est-ce pas vous enchaîner un peu trop, et, d’autre part, n’avez-vous pas besoin d’être un peu tenue? Je me figure que vous désirez et [qu’] à la fin vous redoutez que j’étende mon autorité au fond de votre âme et sur votre indépendance. Et cependant n’en sentez-vous pas le besoin? Si vous vous indignez de ce qu’on se permet de poser un joug sur votre tête et sur votre coeur, vous sentez aussi, très malgré vous, une voix qui vous dit qu’il doit en être ainsi, si vous voulez enfin donner à Dieu ce qu’il vous demande.

J’ai beaucoup de choses à dire et je ne le puis. Tout se résume en ce peu de mots: sentez-vous le moment venu de me dire: « Mon Père, je m’abandonne sans restriction; faites de moi tout ce que vous voudrez »; ou bien faut-il encore attendre que vos chutes et vos souffrances vous prouvent que vous n’avez d’autre voie de salut que de vous jeter sans réserve entre les bras de Dieu? Il me semble que chaque mot de cette lettre vous prouve, ma chère enfant, ce que je vous suis et veux être.

E. D’ALZON.

P.-S.: Voilà mes quatre pages remplies, sans que je m’en sois douté. Je vous écrivais avec mon coeur et il va vite. Oui, ma fille, il faut en finir avec cette crise. Il faut passer ce carême dans la sainteté, et pour cela, dans la prière, la pénitence et la retraite. Occupez-vous-y beaucoup de vous; rendez-vous compte de ce qu’est une âme chrétienne, pure et chaste, qui se livre sans partage à Notre-Seigneur. C’est là où vous devez arriver. Il le faut, il le faut. Ah! quand recevrai je ces trois [sic] mots: « Mon sacrifice est fait? » Je les attends avec impatience, avec patience aussi, car ils arriveront; mais je voudrais que ce fût bientôt.

Je m’arrête, en vous bénissant du fond du coeur. Je compte sur une très prochaine lettre.

E. D’ALZON

En tout ceci il n’est point, bien entendu, question de la vie religieuse, mais de votre sanctification, telle que vous êtes.

Mademoiselle

Clémentine Chassanis

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum