Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.200

21 feb 1857 Paris, COMBIE_JULIETTE

Elle ne doit pas hésiter à lui écrire. -Qu’elle demeure disponible et acquière plus de liant. -La petite société des trois doit se parfaire. Qu’elle cherche à acquérir en elle Jésus-Christ.

Informations générales
  • T2-200
  • 797
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.200
  • Orig.ms. ACR, AM 162; D'A., T.D. 37, n. 52, pp. 134-136.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AUSTERITE
    1 CAREME
    1 DOUCEUR
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 ESPRIT D'INDIFFERENCE
    1 FOI
    1 ORAISON
    1 PATIENCE
    1 PERSEVERANCE
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PORTEMENT DE LA CROIX PAR LE CHRETIEN
    1 PRUDENCE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 PAUL, SAINT
    2 ROUVIER, HELENE
    2 TIMOTHEE, SAINT
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 21 février [18]57.
  • 21 feb 1857
  • Paris,
La lettre

Ma chère enfant,

Je suis content et très content de votre lettre, qui m’est remise à l’instant. Voici, pour vous prendre immédiatement, comme vous y consentez, ce que j’exige de vous.

1° Je veux absolument que vous vous dégonfliez avec moi de tout ce qui vous oppresse. Vous aurez toujours dans votre buvard une lettre commencée, et, à peine en aurez-vous envoyé une à la poste, que vous écrirez sur une autre feuille de papier: « Mon cher Père », afin que vous puissiez continuer à vos moments perdus. Envoyez-moi des volumes. Parlez-moi avec détail de vos enfants, d’Hélène(1), de vos ennuis de ménage, de votre oraison, de vos études. Si vous saviez quel intérêt je prends à tout détail qui peut intéresser ma fille? Ce sont là des assurances, auxquelles vous ne voulez pas croire; il faut vous le rappeler à satiété, petite sceptique. Il est pourtant très vrai que, si je ne meurs pas, vous me serez utile plus tard.

2° Ne vous attachez pas trop à rien [sic]. Au moment où vous y penserez le moins, je puis vous appeler. Toutefois, ce ne sera pas, je présume, avant quelque temps.

3° Prenez d’Hélène son liant. Cette enfant est admirable par ce côté. Vous décupleriez vos forces, si vous pouviez lui ressembler par là, et, puisque vous la voyez de temps en temps. tâchez de voir comment elle s’y prend. Si vous pouviez la prendre elle-même, ce serait encore mieux. Je crois à l’oeuvre de Saint-François de Sales un merveilleux avenir, dès que nous aurons des ouvriers et des ouvrières.

4° Il faut que ma chère Juliette soit une sainte. Faites beaucoup d’oraison. Je croyais vous avoir priée de me dire un peu en détail quel serait votre règlement de carême. Si votre santé vous le permet, faites-le un peu sévère. Toutefois, ne vous tuez pas. Du reste, envoyez-moi votre plan, pour voir ce qu’il y aura à ajouter ou à retrancher. Quand vous aurez la conviction que ce m’est un vrai bonheur de cultiver votre âme et d’y faire pousser pour Jésus, votre époux, les vertus dont le parfum l’attirera le plus vers vous, vous serez plus confiante, vous vous ouvrirez davantage, et, sans vous arrêter au plaisir d’être fermée, vous donnerez toute facilité pour qu’on retranche, que l’on plante, que l’on dirige et que l’on arrose.

5° Je regrette tous les jours que la petite société d’Hélène, de Clémentine et de vous(2), n’ait pas pu se former, comme je l’aurais souhaité, avant mon départ. Peut-être Hélène en comprend-elle à présent un peu plus les avantages, et pour Clémentine, je suis convaincu qu’elle mûrit tous les jours plus pour cette idée. Je vous conjure de la poursuivre toujours avec patience, prudence, mais persévérance. Demandez beaucoup à Hélène; prenez-la adroitement, au moment où ses affaires doivent commencer à être arrangées; faites-lui lire de bonnes choses; faites-vous remplacer par elle auprès de vos enfants. Il me paraît impossible que vous n’en obteniez pas beaucoup, si vous le vouliez un peu fortement et habilement.

6° Enfin, pour terminer cette lettre, cherchez à acquérir Jésus-Christ en vous détruisant vous-même par la foi, l’obéissance, la patience, la douceur(3). Apprenez à ne vous compter pour rien; apprenez à ne mettre aucun obstacle entre le coeur de Notre-Seigneur et le vôtre. Qu’il vous soit tout, et que votre âme relevée par lui porte telles croix qu’il lui plaira de vous envoyer.

Adieu, ma chère enfant. Vous devez, en effet, être contente de moi. Votre père, croyez-le, vous veut plus de bien que vous ne le soupçonnez.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
2. Depuis au moins septembre 1855, Juliette Combié, Hélène Rouvier et Clémentine Chassanis formaient, sous la direction du P. d'Alzon "une petite société secrète" (*Lettres* 546, 552, 554) L'heure venait de faire un pas de plus vers l'association des Adoratrices du Saint-Sacrement.1. Les petites protestantes de l'orphelinat; Hélène Rouvier, son amie.
2. Depuis au moins septembre 1855, Juliette Combié, Hélène Rouvier et Clémentine Chassanis formaient, sous la direction du P. d'Alzon "une petite société secrète" (*Lettres* 546, 552, 554) L'heure venait de faire un pas de plus vers l'association des Adoratrices du Saint-Sacrement.
3. Quelques-unes des vertus demandées par saint Paul à Timothée (1 Tm. 6,11).3. Quelques-unes des vertus demandées par saint Paul à Timothée (1 Tm. 6,11).