Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.212

12 mar 1857 Paris, COMBIE_JULIETTE

La souffrance est un moyen de prouver son amour. -Malgré tout l’organisation de l’oeuvre de Saint-François de Sales se fera. -Directives spirituelles.

Informations générales
  • T2-212
  • 807
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.212
  • Orig.ms. ACR, AM 164; D'A., T.D. 37, n. 54, pp. 137-138.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 EPREUVES
    1 LIVRES
    1 PERFECTION
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 SEVERITE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 TIERS-ORDRE FEMININ
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 COMBIE, MAURICE
    2 PHILIPPE NERI, SAINT
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 VOGUE, MADAME DE
    3 PARIS, CHAILLOT
    3 TRESQUES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 12 mars [18]57.
  • 12 mar 1857
  • Paris,
La lettre

Ma chère enfant,

Je suis décidément très content de vous. Vos lettres prennent un caractère qui me va tout à fait. Vous n’êtes pas encore parfaite, mais vous êtes moins mauvaise, et c’est beaucoup. Il faut continuer. Souvenez-vous que Dieu fait notre éducation par la souffrance. Il nous ferait bien moins souffrir, si nous nous jetions éperdument entre ses bras, ou plutôt la souffrance alors nous serait une joie, un bonheur, parce qu’elle serait pour nous un moyen de prouver notre amour.

Je vous félicite de la capture que vous a procurée Mme de Vogué. Est-ce la femme de celui qui possède le château de Tresque? Ici, nous avons fait dernièrement un peu de bouillie pour les chats, pour l’oeuvre de Saint-François de Sales, et il faut recommencer tout à nouveau, mais j’espère que, cette fois, les choses marcheront bien(1). En attendant, je fais prendre des livrets par les dames du T[iers]-O[rdre], et j’espère que sous peu nous aurons réellement quelque chose, en dehors des ressources de nos deux maisons de Chaillot et de Clichy. Mais nous aurons aussi quelques dépenses à faire pour acheter des livres et surveiller ce que publient les protestants. Toutefois, la chose me paraît s’ébranler. Pourquoi Maurice(2) n’a-t-il pas l’ardeur de quelques hommes de son âge, que je voyais hier? Préoccupés de ces questions et de bonnes oeuvres, ils n’ont pas à se tracasser de ce qui vous effraie chez votre frère.

Vous avez bien raison, mon enfant, de me confier vos peines. Vous savez bien toute la part que j’y prends. Je dois vous dire cependant que je fus épouvanté hier, en lisant un chapitre, sur la sévérité avec laquelle saint Philippe de Néri écartait d’auprès de leurs parents les personnes qu’il voulait pousser à la perfection et à la vie intérieure. Je crois, dans tous les cas, que vous faites bien de vous montrer un peu sévère. Laissez faire Soeur M.-Eul[alie](3). Si Dieu veut que vous travailliez ailleurs, il faut bien détacher votre coeur de tous ces liens.

Il y a un siècle que je n’ai parlé à Louise(4), car je l’ai vue avant-hier et je lui trouvai bon visage. Prions beaucoup l’un pour l’autre, mon enfant. Quand Dieu nous donne le moyen de nous renouveler, il faut en profiter pour lui faire violence.

Adieu, ma fille. Il me semble que vous êtes toujours un peu plus mienne, et pourtant il faut tenir toujours son coeur parfaitement libre. Mille souvenirs à Mme Sainte-Hélène et à la réunion. Adieu, encore une fois.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. En vue de l'organisation de l'oeuvre de Saint-François de Sales, le P. d'Alzon avait convoqué une nombreuse réunion, pour le 11 mars; il avoue ici qu'elle est à reprendre.
2. Maurice, frère de Juliette Combié.
3. Eulalie de Régis, sous son nom de tertiaire.
4. Louise, sa soeur; en religion Soeur M.-Catherine.