Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.214

18 mar 1857 [Paris, COMBIE_JULIETTE

Sa nièce, Alix de Puységur, vient de déclarer son intention d’entrer au Carmel. -La prière et la discrétion doivent entourer cette nouvelle.

Informations générales
  • T2-214
  • 810
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.214
  • Orig.ms. ACR, AM 165; D'A., T.D. 37, n. 55, pp. 139-140.
Informations détaillées
  • 1 ANCIENNES ELEVES
    1 AUSTERITE
    1 CONFESSEUR
    1 COUVENT
    1 LOISIRS
    1 MORT
    1 PAQUES
    1 PENITENCES
    1 REFORME DU CARACTERE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 COMBIE, MADAME JEAN-EMILE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 PUYSEGUR, ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 RAVIGNAN, GUSTAVE DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 ROUVIER, HELENE
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le] 18 mars [18]57.
  • 18 mar 1857
  • [Paris,
La lettre

Ma chère enfant,

Voilà que je vous fais attendre ma réponse, parce que j’ai été bien préoccupé ces jours-ci. Ma nièce, Alix de Puységur, vient de prendre un grand parti, auquel sa mère donne son consentement avec le même courage qu’a montré Mme Combié lors du départ de Louise. Il y a un an et plus qu’elle songe sérieusement à se faire religieuse, et son confesseur lui décida sa vocation au printemps dernier. Depuis lors, il s’est manifesté chez elle un tel changement que personne, excepté moi, ne comprenait rien à sa vie. Aimant le monde, la toilette, le bien-être, les douceurs de la vie, elle va au Carmel parce qu’il lui faut une vie austère et pénitente. Elle n’a aucun enthousiasme. Tout lui déplaît, et elle veut tout ce qui lui déplaît. Elle veut briser tout en elle et, avec son caractère très énergique, elle a si bien commencé que, sauf sa santé, elle résistera, j’en suis sûr. Et même, lorsque je lui demande si elle ne craint pas d’abréger ses jours, elle me répond que son père est mort jeune(1), que la vie est courte et que l’important est de bien mourir. Sa mère, qui connaît son projet depuis quatre ou cinq mois, voulait la faire attendre jusqu’à vingt-et-un ans; puis, elle lui a offert de se faire examiner par le P. de Ravignan dans une retraite, lui promettant de s’en rapporter à la décision de celui-ci. Le P. de Ravignan a décidé qu’il fallait qu’elle allât au Carmel. Ma soeur lui demande de ne plus revenir auprès d’elle, afin de ne pas avoir de nouveaux brisements, et ma nièce restera aux Oiseaux jusqu’à Pâques(2), où elle ira s’enfermer chez les Carmélites de la rue de Messine.

Priez pour ma pauvre mère, qui avait une prédilection marquée pour cette pauvre enfant. Gardez quelques jours cette nouvelle pour vous seule, sauf pour Mme Sainte-Hélène, Clémentine, Hélène et Soeur M.-Eulalie(3), aux prières de qui je recommande ma mère et ma soeur. Mme de Puységur n’a voulu rien dire à mes vieux parents. C’est tout au plus si, à l’heure où je vous écris, la nouvelle leur en arrive. Elle ne se sent pas la force de leur conduire sa fille et je pense que, de leur côté, ils préféreront faire leur sacrifice sans la revoir.

Je ne vous parlerai pas d’autre chose aujourd’hui. Seulement, ne parlez pas trop à Soeur M.-Augustine] de ce que je vous donne, de ses élèves, pour vos enfants; elles sont toutes convaincues que tout va à nos petits garçons. J’ai pourtant essayé de les désillusionner. Il y a aussi, dans ce que vous me dites des réunions qui ont eu lieu, quelque chose d’un petit peu resserré; mais nous en parlerons une autre fois.

Adieu, ma fille. Tout à vous du fond du coeur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le comte Chastenet de Puységur était mort, le 19 juillet 1851.
2. Pâques tombait le 12 avril en 1857.
3. Le groupe intime des anciennes élèves de Saint-Maur.