Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.217

23 mar 1857 [Paris, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Nouvelles diverses. -Le pourquoi de sa névralgie. -Demande d’un missel.

Informations générales
  • T2-217
  • 813
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.217
  • Orig.ms. ACR, AD 68; D'A., T.D. 22, n.434, p. 82.
Informations détaillées
  • 1 MALADIES
    1 MISSEL
    1 SERMONS
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PERNET, MADAME CLAUDE-LOUIS
    2 PERNET, SIMON
    2 PEROUSE, JACQUES-PHILIPPE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    3 PARIS, RUE JACOB
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] lundi 23 mars [18]57.
  • 23 mar 1857
  • [Paris,
La lettre

Ma chère fille,

Je n’ai pas encore répondu à M. de C[abrières], j’aurais besoin de sa lettre pour le faire. Ma soeur a dû vous prendre bien du temps. Je serais allé vous voir, si je n’attendais M. Pérouse. Ma pauvre soeur a l’âme bien brisée. On lui écrit de terribles lettres sur sa fille. Elle voulait que j’écrivisse à ma mère. J’ai cru devoir m’abstenir, je n’aurais qu’un mauvais compliment pour réponse.

Je vous remercie de songer à mes dents, je ne suis plus que brisé. C’est tout bonnement une imprudence. La promenade que je fis en sortant de l’instruction, où j’avais eu chaud, m’a coûté cet accès de névralgie. Puis, Notre-Seigneur veut m’abattre toujours un peu plus. Hélas! quand serai-je lui et non plus moi?

Je vous verrai demain, à l’heure.

E. D’ALZON.

Il faut bien compter sur ma fille pour ne pas la remercier de tous ses envois. Nous désirons, en effet, un missel. On m’en a indiqué une édition très belle et bon marché, rue Jacob, 6 ou 7, si je ne me trompe, mais je vous en parlerai demain(1).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le lendemain, 24 mars, le Fr. Pernet lui écrivait de Clichy une lettre angoissée au sujet de sa pauvre mère: "J'ai été tout bouleversé,écrit-il par la lecture d'une lettre qu'elle m'a fait écrire tout dernièrement par le plus jeune de mes frères. Leur misère est à son comble. Non seulement ils ne possèdent rien, mais aujourd'hui ils ne trouvent plus rien à acheter pour leur subsistance, parce qu'ils n'offrent aucune garantie de paiement. Au milieu de ses terribles privations, la maladie de ma mère s'aggrave de jour en jour. Il y a peu de temps elle était à toute extrémité. Mais elle n'a survécu à cette crise que pour souffrir davantage. Malgré tous les raisonnements qu'on a pu me faire et malgré tous ceux que je me fais à moi-même pour tranquilliser ma conscience, il me semble que si ma mère venait à mourir en de pareilles circonstances, j'aurais à me reprocher toute ma vie de n'avoir pas fait mon possible pour lui venir en aide. Je n'oublierai jamais les adieux qu'elle me fit quand, l'an passé, je la reconduisis jusqu'à Dijon: Surtout mon fils, me disait-elle à satiété, ne m'abandonne pas, je n'ai que toi en qui j'espère parmi les hommes. Or, depuis ce temps, 80 ou 90 francs, voilà tout ce que j'ai fait pour elle. Elle mourra sous peu, et je pourrai à bon droit me reprocher mon insensibilité et presque mon égoïsme à son égard[...] Dites-moi ce que je dois faire. Je ne puis résister aux sentiments qui m'entraînent vers ma pauvre mère".
Le P. d'Alzon a sûrement entretenu Mère M.-Eugénie de cette détresse, car, écrira plus tard le P. Brun au P. d'Alzon, "Mme la supérieure a fait beaucoup dans le temps pour la mère du P. Pernet". Elle devait mourir le 23 juillet 1857 au 33e anniversaire de la naissance de son fils Etienne, qu'elle n'aura pas la joie de voir prêtre.