Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.226

15 apr 1857 Clichy, REGIS Eulalie

Luttes endurées pour conserver le collège. -Son amour de l’Eglise, plénitude de Jésus-Christ. -Ses lettres et celles de Juliette.

Informations générales
  • T2-226
  • 823
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.226
  • Orig.ms. ACR, AM 262; D'A., T.D. 37, n. 14, pp. 243-244.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE L'EGLISE A L'ASSOMPTION
    1 AMOUR DU CHRIST A L'ASSOMPTION
    1 CHARITE APOSTOLIQUE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
    1 JOIE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 CONGAR, YVES
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE EULALIE DE REGIS
  • REGIS Eulalie
  • 15 avril [18]57.
  • 15 apr 1857
  • Clichy,
La lettre

Ma chère enfant,

Votre lettre, que j’ai reçue hier soir, est une de celles qui m’ont causé dans ma vie le plus de joie. Vous êtes une bonne fille, et il me semble que je puis ajouter, vous êtes bien ma fille(1). J’ignore absolument ce que Dieu fera de nous, mais je puis vous assurer que ce qui arrivera tournera, il me le semble du moins, à sa gloire par la disposition où je cherche à me mettre de ne chercher que ce qu’il veut. Si je suis si souffrant, il faut l’attribuer aux ennuis causés par tout ce que j’ai eu à soutenir de luttes, afin de me conserver à Nîmes. Mais si j’ai l’air de céder aux protestants, croyez aussi que nous leur préparons ici une guerre assez vigoureuse. L’abbé Barnouin pourra vous en dire quelque chose(2).

Mais je ne suis pas moins touché de vos sentiments d’amour filial pour l’Eglise. Nourrissez-vous de cet amour, qui n’est que le développement de l’amour pour Notre-Seigneur. Priez beaucoup pour l’Eglise, vivez pour elle, souffrez pour elle. L’Eglise, c’est la plénitude de Notre-Seigneur(3). Je ne puis vous dire combien je suis heureux de vous voir dans cet ordre d’idées. Qu ‘importe que je sois à Nîmes, pourvu que le bien se fasse! Il faut prier le maître du champ d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. Mais quels ouvriers? Ceux qu’il voudra. Les uns sèment, les autres moissonnent. Là-haut, les semeurs et les moissonneurs auront le prix de leur travail.

Adieu, ma fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Ecrivez-moi souvent des lettres comme votre dernière. Je ne sais pourquoi Soeur Thérèse-Juliette(4) m’écrit, elle aussi, des lettres parfaites depuis quelque temps. Son coeur s’élève et se dilate. Il me semble qu’à vous deux vous pourriez vous rencontrer et vous aimer plus que jamais dans le coeur de Notre-Seigneur.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le ms porte lisiblement: *ma* fille, et non: vous êtes bien fille (T.D.).
2. Allusion à l'oeuvre de Saint-François de Sales.
3. *Christus totus*, écrivait aussi le P. d'Alzon, à la suite de saint Augustin. Son ultramontanisme n'a jamais oblitéré le sens plénier de l'Eglise, à la fois, dans le Christ et par le Christ, institution de salut et communauté des sauvés, pour reprendre une distinction moderne appréciée du P. Y. Congar.
4. Juliette Combié, sous son nom de tertiaire.