Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.232

24 apr 1857 Clichy, COMBIE_JULIETTE

L’oeuvre de Saint-François de Sales donnera plus d’aumônes. -Ses ailes seraient-elles plus courtes qu’il ne le pensait? -Il lui faut une souplesse plus grande envers le prochain. -Le tout n’est pas de dire: Mon Père je vous aime. -Il est aussi incertain qu’elle de ses projets. -Neuvaines de prières et de pénitences.

Informations générales
  • T2-232
  • 828
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.232
  • Orig.ms. ACR, AM 173; D'A., T.D. 37, n. 63, pp. 149-151.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 AVE MARIA
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHEMIN DE LA CROIX
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 DISCIPLINE INSTRUMENT
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 FETE-DIEU
    1 IGNORANCE
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 PATER
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 REPOS
    1 RESSOURCES MATERIELLES
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SANTE
    1 SOEURS CONVERSES
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BEVIER, MARIE-AUGUSTINE
    2 REGIS, EULALIE DE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • 24 avril [18]57.
  • 24 apr 1857
  • Clichy,
La lettre

Ma chère enfant,

Ce que j’ai envoyé par M. B[arnouin] est peu de chose, mais je suis convaincu qu’avant peu ce sera davantage. Si, comme je l’espère, avant le mois de sept[embre], nous avons organisé notre oeuvre de S[ain]t-Fr[ançois] de S[ales], vous aurez beaucoup plus très certainement. Dans ce cas, il ne faudra pas en vouloir à Soeur M.-Aug[ustine], mais être un peu miséricordieuse envers elle, comme Notre-Seigneur qui l’est tant envers nous(1).

Je croyais pouvoir arriver sous peu. Une lettre que je reçois aujourd’hui me rejette en d’assez grandes incertitudes. Malgré mon désir d’aller à Nîmes, il est bien possible que force me soit de résister à ce projet. Sans doute, il faut que vous appreniez à vous passer de moi, mais pour arriver à quelque chose de mieux. Quelquefois j’ai craint que votre trop grande affection pour moi ne vous empêchât d’embrasser la vie religieuse, ou bien de servir Notre- Seigneur dans le monde, avec cette liberté de coeur qui convient à sa petite épouse. Quelquefois même j’ai cru que je vous faisais plus de mal que de bien. Je vous crois capable d’élan, et cet élan je ne le vois pas réaliser son effort. Est-ce ma faute? Est-ce la vôtre? Je me le demande toujours avec un peu d’inquiétude. J’ai cru, dans vos dernières lettres, avoir vu un certain développement. Vous dirai-je que je suis aujourd’hui content de vous? Vous avez besoin de repos. Est-ce que vos ailes sont plus courtes que je ne le croyais? Je ne voudrais pas vous forcer d’aller en avant par un sentiment d’amour-propre, mais réellement vous avez à faire quelque chose de plus.

De grâce, faites-vous souple envers le prochain. Je vous ordonne, toutes les fois que vous y penserez à votre action de grâces, d’ici à la Fête-Dieu(2), de demander à Notre-Seigneur quelle souplesse il veut que vous ayez pour les autres, et en particulier pour les personnes qui vous choquent et vous froissent. Je suis vraiment affligé que vous n’ayez pas plus de sympathie pour Soeur M.-Eul[alie]. Admettons qu’il y a de sa faute. 1° N’y a-t-il pas un peu de la vôtre? 2° Ne pourriez-vous pas vous attacher à lui faire du bien, et à découvrir l’espèce de bien que vous pourriez lui faire? Notre-Seigneur ne serait-il pas plus content de vous, si vous procédiez ainsi, que de vous arrêter à un parti irrévocable?

Je ne puis vous répondre pour les Soeurs converses que peut emmener la supérieure(3). Vous pouvez faire à l’abbé B[arnouin] toutes les questions que vous voudrez. Il y a une foule de choses qu’il peut vous dire. Il m’a témoigné beaucoup d’affection et j’en suis touché, mais je lui ai fait comprendre que le tout n’était pas de dire: « Mon Père, je vous aime« .

Vous ne vivez pas dans l’ignorance de mes projets plus que je n’y vis moi- même. On en fait et on en défait autour de moi, pour moi et sans moi. Je suis forcé à un grand silence, parce que souvent moi-même je ne sais rien, et ensuite parce que je crois, un moment, toucher au terme d’une difficulté qui se dresse tout à coup plus forte que jamais.

Je vous défends de reprendre votre vie. Elle appartient à Dieu sans doute, mais nous sommes convenus qu’elle recevrait sa direction par moi. Otez, sans doute, ce qu’il y a de trop humain dans la remise que vous m’en aviez faite, mais qu’il soit convenu qu’elle reste, cette vie, entre mes mains et pour en disposer. Voici ce que je demande pour quelque temps. Pendant neuf jours, à moins que vous ne soyez malade, au saut du lit, vous prendrez quelques coups de discipline. Je désire que vous la preniez, au moins une fois, jusqu’au sang. Toutes vos communions seront à mon intention. Dans ces neuf jours, vous ferez en tout trois fois le chemin de la croix. Le soir, vous réciterez cinq Pater et Ave, les bras en croix, plus le Miserere, proternée par terre. Je ne vous demande pas de mortifications à vos repas, à cause de votre santé, mais je vous conjure d’offrir pour moi toutes les pratiques d’humilité que vous aurez le courage de faire.

Adieu, mon enfant bien-aimée. Que la Sainte Vierge vous soit un appui, et Notre-Seigneur un époux!

E. D’ ALZON.

Vous me direz si cette manière de régler quelques-unes de vos actions vous est utile.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. On préférait privilégier les enfants dont s'occupaient les Pères. (*Lettre* 810).1. On préférait privilégier les enfants dont s'occupaient les Pères. (*Lettre* 810).
2. D'ici (24 avril) à la Fête-Dieu (11 juin, -en 1857).
3. Religieuses de l'Assomption pour l'orphelinat des petites protestantes.