Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.239

25 may 1857 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Pélerinage aux Saintes-Maries de la Mer. -A propos de la mort de Soeur M. Kostka. -Lettre de sa mère. -Il faudrait tenir à Nîmes un an de plus. -Proposition pour un collège à Marseille.

Informations générales
  • T2-239
  • 835
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.239
  • Orig.ms. ACR, AD 70; D'A., T.D. 22, n. 436, pp. 83-84.
Informations détaillées
  • 1 TEXTES OFFICIELS DE LA FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 DECRET D'APPROBATION AUX ASSOMPTIONNISTES
    1 LYCEES
    1 MOBILIER
    1 PELERINAGES
    1 PENSIONNATS
    1 PENSIONS SCOLAIRES
    1 PENTECOTE
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 TRISTESSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ALZON, FAMILLE D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 FURLONG, MARIE-KOTSKA
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MATHIEU, PERE ET FILS
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PIE, LOUIS
    2 SACCONI, CARLO
    2 VERNIERES, JACQUES
    3 BEDARIEUX
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MARSEILLE
    3 MIDI
    3 NIMES
    3 NOUAILLE-MAUPERTUIS
    3 PARIS
    3 POITIERS
    3 SAINTES-MARIES-DE-LA-MER
  • A LA R. MERE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 25 mai 1857.
  • 25 may 1857
  • Nîmes,
La lettre

Je ne vous ai point écrit, ma chère fille, parce que je croyais pouvoir vous apprendre quelque chose et qu’à l’instant de partir pour les Saintes [- Maries](1), j’ai seulement reçu la lettre ci-jointe. Me voilà de retour depuis quelques heures, tout triste de la tristesse qu’a dû vous causer la mort de Soeur M.-Kostka. Je vous avoue pourtant que j’ai peu [de] regret de ce que vous avez été loin d’elle à son dernier soupir. Soeur T[hérèse]-Em[manuel] l’a assistée, et je trouve que ma chère fille se fatigue assez pour n’être pas inquiète, quand on lui évite un surcroît de fatigue(2).

Voici deux lettres: l’une de ma mère, en réponse à la nouvelle que j’avais donnée à mon père de l’approbation de notre petite Congrégation. (Je vous l’ai fait annoncer immédiatement, vous ne m’en parlez pas). Vous verrez ce qu’on me répond(3). J’ai envoyé la lettre de ma mère à M. Berth[omieu], vous avez aussi ma réponse.

Cependant je persiste à penser qu’il serait bien à désirer que nous pussions rester encore un an au moins à Nîmes. La débâcle, en ce moment, fera un mauvais effet dans le Midi, et, tout en admettant que nos idées ne sont pas celles de Dieu, ne voyant pas clairement encore la volonté de Dieu, je pense qu’il faut conserver ce que nous avons. Dans dix-huit mois nous aurions bien des moyens de nous retourner, la possibilité d’employer très utilement le mobilier. Des offres les plus belles nous sont faites à Marseille. Dans six mois nous ne pourrions les accepter, dans dix-huit nous le pourrions, s’il fallait fermer la maison de Nîmes.

Je vous parlerai de vive voix d’un projet, dans lequel on ne me demande pas un sou et où l’on m’offre un pensionnat, soit de 100 élèves à 2.000 francs de pension, soit 200 enfants à 1.200 ou 1.500 francs. Le petit séminaire, à Marseille, compte 1.200 enfants, le lycée 1.400, et les parents veulent autre chose. Ceci n’est qu’une idée, mais que l’on pourrait prendre en très sérieuse considération. Supposé qu’on fût obligé de quitter Nîmes, un très riche négociant de Marseille, qui m’offre son fils à 2.000 francs de pension, me conjure de lui permettre d’étudier la question. Sans prendre d’engagements avec lui, je l’ai autorisé à examiner l’affaire. Du reste, il va souvent à Paris et je vous l’enverrai(4).

Adieu, ma chère fille. Je ne vous dis pas que j’ai beaucoup prié les Saintes(5) pour vous, vous le saviez bien. A partir de dimanche, écrivez-moi à Lamalou par Bédarieux, Hérault. Je crois que je passerai ici la Pentecôte.

Tout vôtre en Notre-Seigneur

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Pélerinage promis aux demoiselles Combié.
2. C'est pendant son voyage de retour, de Nîmes à Paris, que Mère M.-Eugénie avait appris la mort de Soeur M.-Kostka Furlong.
3. Mme d'Alzon écrivait à son fils, le 22 mai: "Je ne comprends pas le grand avantage que tu retireras de la prétendue approbation donnée à ta Congrégation. Je pense que tu as présenté une requête où tu as fait valoir des avantages, etc. Mais si les choses avancées sont illusoires et que tu ne puisses pas soutenir, que deviendra cette approbation et à quoi servira-t-elle? La seule chose qui doive nous occuper sérieusement, c'est de payer des dettes contractées par... [*sic*]. Mais les choses, de quelle manière qu'elles soient à tes yeux, m'apparaissent d'une manière raisonnable, et je désire que tu sois bien convaincu que je suis bien résolue à t'empêcher d'aller plus loin et que nous devons bien prendre garde aux détours que tu cherches à prendre pour continuer des choses commencées avec de grandes illusions. La comédie qu'a jouée la supérieure est une preuve de ce que sont disposés à faire tous ceux qui ont quelque intérêt à te faire plaisir; et je t'avoue que je suis résolue, et ton père aussi à agir très sérieusement et à ne plus craindre de diminuer l'opinion que l'on a sur tes moyens d'administrer [...] J'espère que tu pourras me lire, mais je veux croire que tu me devines et que tu comprends tout ce que tu nous causes de désagréments et d'embarras".
Par une lettre de l'abbé Berthomieu, du 27 avril, nous savons que la famille d'Alzon avait choisi un autre intermédiaire, l'abbé Vernières et menacé du nonce et de l'huissier: "C'est par la pression d'une gêne inacoutumée et de craintes devenues chroniques qu'ils ont parlé de la sorte: vous savez combien il y a loin de la menace aux coups dans le coeur d'une mère". Et il ajoutait: "Il faut bien le leur pardonner".
4. Alors que cette proposition venait d'un certain M. Mathieu, une autre était faite au P. d'Alzon par Mère M.-Eugénie et ses Soeurs du Conseil, "refroidies pour l'affaire de Nîmes": "Elles aime raient mieux, écrit la Mère le 23 mai, vous acheter l'abbaye de l'évêque de Poitiers et bâtir pour nous- mêmes à Nîmes, laisser là le collège et laisser votre famille s'arranger, puisqu'elle n'a pas voulu les arrangements raisonnables". Ce projet avait été conçu par l'abbé Gay, et il s'agissait d'une propriété appelée le *Nouailler*, où pourrait s'installer le noviciat, près de Poitiers.
Le lendemain, 24 mai, elle consulte le P. Laurent sur ses intentions et écrit au P. d'Alzon: "Le P. Laurent ne se soucie nullement de perdre en faveur de Nîmes quelques-uns des religieux que vous lui aviez promis:le P.Brière[?] pour sa quatrième, le P. Galabert pour une classe et des leçons d'histoire naturelle; il aimerait bien mieux vous voir une maison de noviciat que de vous voir continuer à Nîmes. Je ne lui ai rien dit de Nouailler, mais je crois que s'il connaissait cette proposition, il la goûterait fort".
5. Les Saintes Maries de la Mer.