Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.242

1 jun 1857 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il part pour Montpellier et Lamalou. -Ses projets sur ses religieux. -Le petit Tiers-Ordre renforcé marche à merveille.

Informations générales
  • T2-242
  • 837
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.242
  • Orig.ms. ACR, AD 72; D'A., T.D. 22, n. 438, p. 86.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 ETUDES ECCLESIASTIQUES
    1 LIBERAUX
    1 ORDRES SACRES
    1 PRUDENCE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOYAGES
    2 AMALRIC, MARIE
    2 ATTENOUX, BERTHE
    2 ATTENOUX, CLAIRE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 COULOMB, LOUISE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PAGEZY, ALEXANDRINE
    2 PERNET, ETIENNE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 REGIS, EULALIE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 BELGIQUE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 MARSEILLE
    3 MONTPELLIER
    3 PARIS
    3 ROME
    3 SUISSE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] lundi [ 1er] juin 185[7](1).
  • 1 jun 1857
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je pars ce soir pour Montpellier; jeudi, je serai à Lamalou. J’ignore encore ce qu’on veut me dire. Mon projet est de ne montrer de l’empressement pour rien, mais de réserver toute ma liberté pour l’avenir(2).

L’affaire de Rome peut s’arranger avec le Fr. Galabert, qui sera, je crois, très bon supérieur de trois ou quatre religieux étudiants. Hippolyte et Pernet prendront les ordres à Paris, nous n’en ferons jamais des savants. C’est bien au P. Laurent que j’avais pensé pour Marseille. Ainsi j’avais fait toutes vos combinaisons et je suis heureux que nous nous rencontrions si bien.

Le petit Tiers-Ordre renforcé marche à merveille(3). Il se compose de Mesdemoiselles Combié, de Régis, Fabre, Coulomb, Amalric et Pagézy. Il paraît que Soeur M.-Walb[urge] veut le prendre trop à coeur. Vous aurez là des vocations, soit dans celles qui y sont, soit dans celles qui y viendront. Je vous souhaite Mlle Coulomb, qui est parfaite, et quelques autres. Soeur M.- Walb[urge] vous écrira, de ma part, sur les demoiselles Attenoux, elles se sont trop compromises. Je finis par craindre que, si Claire ne vous arrive bientôt, elle ne puisse convenablement vous venir sans nuire à votre respectabilité. On vous donnera des détails.

L’affaire de Belgique sera, en 1857, ce que l’affaire de Suisse a été en 1847(4).

Je crois qu’il faut aller avec une très grande prudence.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre du fond du coeur.

E. D’ALZON.

Je ne vais pas trop mal.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le ms porte: *2 juin 1855*; mais le contexte exige l'année 1857, et pour le jour, le *lundi* 1er juin.
2. A Montpellier devait avoir lieu un conseil de famille, dont Mme de Puységur avait parlé à Mère M.-Eugénie, précisant que l'objet en serait la vente du collège aux Religieuses et qu'elle l'appuierait.
3. Ce que le P. d'Alzon n'avait pu faire quelques jours auparavant, il vient de le réaliser, le 31 mai 1857: la fondation d'un "Tiers-Ordre renforcé", qu'il appellera l'*Association des Adoratrices du Saint-Sacrement*. C'est un trait de lumière dans ces années obscures, que la création de cet "institut séculier avant la lettre", a-t-on écrit. Un autre, et non moins éclatant, est la fidélité des religieux de l'Assomption à leur fondateur, laquelle vient d'être confirmée par le décret de louange.
"Notre-Seigneur ne nous abandonne pas, écrit de Rome le P. Picard, le 18 mai, puisqu'au moment même où il semble porter les plus rudes coups et vous frappe dans toutes vos affections et vos entreprises, il vous dit par la bouche de son Vicaire que vous n'êtes point en dehors de sa volonté et nous exhorte à marcher dans la voie qu'il se charge de nous tracer lui-même désormais". De même, le Fr. Pernet écrit de Paris le 28 mai: "Vous voilà donc approuvé par notre Mère la Sainte Eglise. Vos enfants sont maintenant avec leur Père de vrais religieux. Nous pouvons nous appeler hautement les Augustins de l'Assomption. Assurément, cela nous donne du courage. Car, on n'en peut plus douter, nous faisons l'oeuvre de Dieu. Le père de famille nous a dévolu un petit coin de sa vigne à cultiver. Malheur à celui de vos enfants qui se permettrait à l'avenir de ralentir ses efforts et de regarder en arrière".
Pour ce qui est de la fondation de l'*Association des Adoratrices*, nous avons encore le compte rendu des instructions que le P. d'Alzon leur a données, dans les derniers jours de mai; et par là, nous savons qu'elles furent fondées le 31 mai, fête de la Pentecôte, en 1857. Leur nom ne leur sera donné que progressivement: Tiers-Ordre renforcé, Tiers-ordre de Sainte Thérèse, Adoratrices de Jésus crucifié. Adoratrices de Jésus, Adoratrices du Saint-Sacrement. "Cette petite association, est-il dit, se forme dans la pensée de pratiquer la règle du Tiers-Ordre d'une manière plus forte et plus sévère. Il est des personnes que Dieu retient dans le monde, mais à qui il demande une vie plus parfaitement chrétienne. Pour s'exercer à la pratique des vertus religieuses ne peuvent elles pas s'unir ensemble pour s'imposer une vie plus sévère et s'adonner davantage à une vie d'apostolat?" (ACR, DJ 1).
4. Le parti libéral, hostile à l'Eglise, provoquait alors des troubles en Belgique, que le P. d'Alzon compare aux événements qui provoquèrent en Suisse, dix ans plus tôt, la mise hors la loi du Sonderbund, ou "alliance séparée" des cantons catholiques.