Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.249

8 jun 1857 Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il a prié pour l’Assomption et pour elle. -L’appui de sa soeur, Mme de Puységur, est assez aléatoire. -Les Soeurs de l’abbé Soulas. -Le *Tout pour Jésus* du P. Faber. -Directives spirituelles pour sa retraite.

Informations générales
  • T2-249
  • 843
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.249
  • Orig.ms. ACR, AD 1115; D'A., T.D.22, n. 441, pp. 89-91.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CURES D'EAUX
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 GENEROSITE
    1 HUMILITE
    1 INTEMPERIES
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 MYSTIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 RUSSES
    1 SOUVERAIN PROFANE
    1 VENTES DE TERRAINS
    2 ALZON, FAMILLE D'
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 CHABOT, JEANNE DE
    2 FABER, FREDERIC-WILLIAM
    2 FRANCHESSIN, ERNEST DE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 LOYSON, HYACINTHE
    2 MERMILLOD, GASPARD
    2 MORLOT, FRANCOIS-NICOLAS
    2 NEWMAN, JOHN-HENRY
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PUYSEGUR, JEAN DE
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 SOULAS, ANDRE
    2 THIBAULT, CHARLES-THOMAS
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 GENEVE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 NIMES
    3 POITIERS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 8 juin [18]57.
  • 8 jun 1857
  • Lamalou,
La lettre

Ma chère fille,

Ce matin, j’ai prié le bon Dieu à tout hasard pour l’Assomption en disant ma messe. Il paraît que c’était ainsi que je devais faire. Notre-Seigneur aura su que c’était Soeur T[hérèse]-Emm[anuel] qui avait besoin des mérites du saint sacrifice(1). Je prierai pour elle encore ces jours-ci et aussi pour vous. Je crois que le 21 est un anniversaire auquel vous tenez(2). Les eaux de Lamalou ont du moins cette utilité de me faire penser plus paisiblement aux personnes que j’aime et à ce qui les touche.

Il est possible que Mme de Puységur voie plus clairement que les autres membres de ma famille l’avantage qu’il y aurait à vous vendre l’Assomption. J’attends le résultat d’une lettre très explicite,je crois, que je lui ai écrite sur ce sujet, et il serait bien possible qu’elle consentît à faire quelque chose. Quant à sa seule opinion, elle fera agir en sens contraire, tant on est mécontent d’elle(3). Voilà où nous en sommes. J’attends la réponse de Mme de Puységur pour prendre un parti. Je me crois obligé de faire absolument tout ce que je pourrai pour rester à Nîmes, afin que si j’en sors, je me rende ce témoignage que ç’a été à la dernière extrémité.

Que je n’oublie pas de vous rappeler ce que vous avez promis à M. Berth[omieu] au sujet de l’approbation de ses religieuses(4). Le bon abbé va avoir, je crois, un gros déboire. L’évêque(5) a mis la main sur ces bonnes filles, et je crois bien qu’il ne les lâchera pas. Que faut-il répondre à Jeanne de C[habot]? J’ai bien envie de la planter un peu là.

Je lis en ce moment Tout pour Jésus de Faber. Je suis frappé de la ressemblance de certains points de vue qui subsistent entre cet homme et l’esprit de l’Assomption; seulement nous ne faisons pas tout consister dans la prière, peut-être pas assez. Nous sommes peut-être un peu moins dans un certain mysticisme, mais il a une allure franche qui indique un bien bel esprit de foi. J’admire un peu moins que vous, en lui, le littérateur, peut-être parce que je ne comprends pas assez bien l’anglais; mais pour les grands traits que reproduisent toutes les langues, le card[inal] Wiseman me semble bien supérieur(6).

Je sais l’histoire du prince russe(7). L’abbé Mermillod m’a indiqué son nom, que je ne me rappelle plus, mais je crois que c’était à Genève qu’il voulait aller s’établir. Je n’ose vous parler encore de l’effet des eaux. Je le croyais bon, et voilà un orage qui bouleverse tout mon système nerveux.

Je vous conjure, au sortir de votre retraite, de vous mettre dans de grandes dispositions de générosité et de très simple humilité. Je pèche à chaque instant par humilité(8), parce que je vois trop bien pour ma lâcheté combien un supérieur peut être continuellement humble et par là dans la main de Dieu, ce que je ne suis pas du tout; et peut-être ma chère fille rassemble-t-elle trop à son père par ce vilain côté. Sans entrer dans trop de détails, je m’en rapporte à ce que vous m’avez dit. Travaillez à faire disparaître ce que vous apercevez. Evitez les impatiences que je vous ai vues cet hiver peut-être plus fréquentes qu’autrefois.

Adieu, ma chère fille. Je demande à Notre-Seigneur de vous maintenir dans son humilité, sa force et sa paix.

E. D’ALZON.

J’ai écrit à l’abbé Gay pour lui dire que dans les premiers jours de juillet j’irai à Poitiers.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
2. Anniversaire de la mort de son oncle, M. de Franchessin.(Lettre 40 et note).1. Soeur Thérèse-Emmanuel passait par une épreuve de santé.
2. Anniversaire de la mort de son oncle, M. de Franchessin.(Lettre 40 et note).
3. Si Mme de Puységur s'était rapprochée du point de vue de Mère M.-Eugénie de Jésus et des Pères, à partir du moment où son fils avait été pris à Clichy, elle s'était éloignée des siens depuis l'entrée de sa fille Alix au Carmel.
4. Il s'agit des Soeurs de l'abbé Soulas, dont s'occupait l'abbé Berthomieu depuis la mort du fondateur. Elles ne devaient être de droit pontifical que le 5 mai 1871.
5. Mgr Thibault, évêque de Montpellier.
6. Reprenant ce jugement, Mère M.-Eugénie de Jésus écrira le 10 juin:"*Tout pour Jésus* est, il me semble, un des moins bons ouvrages de Faber comme talent; un certain tour de plaisanterie a choqué quelques personnes en Angleterre; c'est dans *Saint Wilfrid* qu' il a mis, je crois, plus de talent. Mais comme littérature c'est bien plus Newman que lui, que j'admirerais à l'Oratoire. Le mérite du P. Faber est beaucoup de facilité".
7. Le 6 juin, Mère M -Eugénie écrivait: "M. Loyson, qui, du reste, s'éloigne de l'idée de l'Assomption par effroi de vos relations avec l'*Univers*, m'a dit ces jours-ci que le cardinal de Paris avait parlé chez eux d'un prince russe qui est entré chez les Augustins de Rome, pour venir ensuite le s rétablir à Paris Avez-vous entendu parler de cela?".
8. Sans doute faut-il suppléer: [*par manque d'*] humilité.