Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.252

10 jun 1857 Lamalou, COMBIE_JULIETTE

Il la prend comme elle est pour en faire une sainte. -Elle doit se dévouer à l’association des Adoratrices, sans acception de personnes, au-delà des déceptions, dans la patience et les prévenances.

Informations générales
  • T2-252
  • 846
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.252
  • Orig.ms. ACR, AM 175; D'A., T.D. 37, n. 65, pp. 152-154.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AMITIE
    1 DEFAUTS
    1 FETE-DIEU
    1 JOIE
    1 LIVRES DE CLASSE
    1 PATERNITE SPIRITUELLE
    1 PENITENCES
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 VERTUS
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 IGNACE DE LOYOLA, SAINT
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 ROUVIER, HELENE
    2 THERESE, SAINTE
    3 BESANCON
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • 10 juin [18]57.
  • 10 jun 1857
  • Lamalou,
La lettre

Je crois très utile, mon enfant, de vous dire le plaisir que me font vos lettres; il me semble que vous devez le savoir. J’attendais depuis quelque temps quelques lignes de vous et je vous en voulais de votre silence. Vous êtes pleine de défauts, vous me dites souvent des choses peu aimables, vous me forcez quelquefois à vous gronder, mais enfin je sens bien que vous êtes ma fille; et, telle que vous êtes, je sens aussi qu’au-delà de tous vos défauts et de toutes vos sottises, de vos découragements et de vos raideurs, il y a mon affection pour vous, il y aussi la vôtre qui m’est un grand bien, il y a l’obligation pour moi de faire de vous une sainte. Nous avons beaucoup à faire, il est vrai.

Je ne partage pas du tout votre avis sur le T[iers]-O[rdre] de Sainte-Thérèse (1). Je crois, au contraire, qu’il peut très bien réussir, si l’on veut. Non pas qu’en effet il ne puisse échouer, si l’on n’y met quelque soin; mais je vous conjure de faire ce que vous pourrez pour le faire vivre. Votre lettre me révèle quelques préventions. Allons au fond. Vous eussiez préféré y voir Clém[entine] et Hél[ène](2). N’ai-je pas fait ce que j’ai pu pour les y attirer? Et n’ai-je pas quelque sujet de les laisser là, après tous leurs refus? N’ont-elles pas persisté à se tenir loin de cette action? Vous y voyez avec peine certaines influences prédominer. Ah! mon enfant, croyez-vous que, depuis vingt-deux ans que je suis prêtre, il ne m’ait pas fallu travailler avec des instruments qui ne m’allaient pas toujours? Je vous conjure de ne pas permettre que se réalise, cette fois, ce qui arriva à saint Ignace, qui, s’étant occupé de la sanctification de quelques femmes, finit par les planter là, parce qu’elles lui donnaient plus de peine que l’administration de toute sa Compagnie. Je vous charge d’être par vos prières, votre charité, vos bons exemples, la vie de cette petite réunion. Je vous donne cet apostolat. Préparez ce que vous y direz. Vous verrez que, peu à peu, vous vous en trouverez bien. Faites-moi, ou plutôt,faites à Notre-Seigneur le sacrifice de toutes vos répugnances. Je vous donne comme mesure de votre amour pour Dieu la générosité avec laquelle vous vous porterez à cette oeuvre.

Pour en revenir à vos deux amies, n’avez-vous aucun reproche à vous faire par le passé, dans les impressions que vous avez pu leur transmettre? Si donc elles ne vous viennent pas, à qui peut être la faute? Je ne veux pas insister. Je dis seulement qu’il faut revenir là-dessus, être plus maîtresse de vous-même pour être plus maîtresse des autres. Edifiez-les par vos progrès dans l’esprit de foi, l’amour de Notre-Seigneur, l’humilité, la douceur, la patience, les prévenances. Dieu vous tiendra compte de tout ce que vous ferez dans ce but, et par obéissance.

Je ne vous remercie pas de ce que vous me dites de bon. Il y a longtemps que je compte immuablement sur vous-même quand vous avez l’air de m’échapper. Je ne vous charge de rien pour la Mère M.-Walburge; je lui écrirai. Je vous donne pour pratique de relire votre grammaire française. Vous l’avez un peu oubliée, et je tiens à ce que vous ne fassiez pas de fautes d’orthographe. Voilà une première occupation. Je vous en ménage quelques autres. Si les Soeurs de Besançon prennent vos petites filles(3), vous ne vous mêlerez que peu de l’oeuvre des vieillards. Je vous préviens que je vous réserve pour moi, si je ne meurs pas.

Adieu, ma fille. Je sens bien que je suis votre père plus que vous ne pensez.

E. D’ALZON.

Encore un mot. Que faites-vous pour la mortification? Je vous engage à bien vous unir à Notre-Seigneur pendant l’octave du Saint-Sacrement. Entrez dans toutes les intentions de la divine Victime; abaissez-vous, adorez-la et rappelez-lui sans cesse que vous voulez lui appartenir. Je ne sais rien de mes affaires. Voyez dans quelle ignorance je vis! Peut-être si l’on faisait violence à Notre-Seigneur pendant cette octave, obtiendrions-nous quelque chose. Adieu, encore une fois.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Il s'agit de l'association des Adoratrices, ou Tiers-Ordre renforcé, placé sous le patronage de sainte Thérèse.
2. Clémentine Chassanis et Hélène Rouvier, amies inséparables de Juliette Combié. En septembre 1855, le P. d'Alzon avait tenté de pousser plus avant leur "petite association secrète des trois", au sein du groupe des anciennes élèves de Saint-Maur. Clémentine et Hélène, deux ans plus tard, auraient donc refusé de s'agréger à l'association des Adoratrices, ce qui a blessé Juliette Combié.
3. Pour assurer plus de stabilité à l'orphelinat des petites protestantes, Mgr Plantier le confia aux Soeurs de Charité, dites de Besançon.