- T2-254
- 847
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.254
- Orig.ms. AC R.A.; D'A., T.D. 35, n. 2, p. 166-168.
- 1 ADORATION
1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
1 AMOUR DU CHRIST
1 FETE-DIEU
1 LIVRES
1 OFFICE DIVIN
1 PERFECTION
1 PRIEURE DE NIMES
1 REGNE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 TIERS-ORDRE FEMININ
1 VIE RELIGIEUSE
1 VOCATION RELIGIEUSE
2 FABER, FREDERIC-WILLIAM
2 MARGUERITE-MARIE ALACOQUE, SAINTE
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 PAUL, SAINT
2 PIE IX
2 THERESE, SAINTE
3 MIDI - A SOEUR MARIE.WALBURGE HOWLY
- HOWLY Marie-Walburge ra
- 10 juin [18]57.
- 10 jun 1857
- Lamalou,
J’espérais que ma chère fille voudrait me donner de ses nouvelles, au moins de celles de la petite association que je lui ai plus particulièrement confiée(1), et je vous avouerai même qu’il me semblait assez bon que nous pussions nous entendre un peu sur ce qu’il y a à faire pour ces excellentes personnes. Voici pourquoi. Plusieurs seront un jour religieuses. D’une part, vous pouvez les y préparer; d’autre part, je crois pouvoir vous fournir quelques indications utiles, si nous voulons venir à bout d’améliorer la piété chez quelques personnes du Midi. Prise ainsi, notre petite association peut, soyez-en sûre, produire d’excellents résultats, et tout en laissant notre Mère vous donner ses avis sur vos filles, les religieuses, peut-être pourrai-je vous faire aussi un peu de bien par mes avis sur vos filles, les tertiaires.
Vous me permettrez donc de leur écrire quelquefois par votre intermédiaire. Ce qui précède sera pour vous, ce qui suivra sera pour elles.
Vous voudrez bien transmettre de ma part à ces chères filles une remarque que je lisais, l’autre jour dans Tout pour Jésus de Faber. Notre-Seigneur révéla, un jour, à sainte Thérèse qu’il aimait mieux une seule âme travaillant à sa perfection que mille vivant dans la vie commune. Il me semble que voilà de quoi enflammer bien des courages et secouer bien des faiblesses. Que ne donnerait-on pas pour l’amour de Notre-Seigneur!
Dans l’office d’aujourd’hui je voyais le royaume du ciel comparé à une pierre précieuse qu’un marchand achète au prix de toute sa fortune(2).
Mais cette pierre précieuse est-elle autre chose que l’amour de Notre-Seigneur, qui est pour nous le gage du ciel sur la terre et, dans le ciel, notre bonheur pendant l’éternité? J’espère donc que la pensée d’être aimées de Notre-Seigneur, plus que des milliers de chrétiens, va les disposer à faire tous les sacrifices possibles et imaginables. Elles diront comme saint Paul: « Seigneur que voulez-vous que je fasse? »(3).
La perfection et l’amour de Notre-Seigneur, voilà les deux mots que je leur donne à méditer pendant l’octave du Saint-Sacrement. Elles iront adorer Notre-Seigneur consumé d’amour pour les hommes et elles lui demanderont que toutes les fibres de leur coeur soient consumées du feu qui dévore le sien(4); puis, à chaque instant du jour, elles s’interrogeront pour savoir si leurs actions sont conformes à des dispositions si belles. Une octave du Saint- Sacrement passée à s’exciter à la perfection, et à vivre dans la perfection de l’amour, serait un bien bon moyen de se sanctifier vite.
Adieu, ma chère fille. Tout à vous et à vos filles du prieuré du fond du coeur.
E. D'ALZON.4. En 1857, la fête du Saint-Sacrement se célébrait le jeudi 11 juin. Au terme de l'octave, le vendredi suivant, on célébrait la fête du Sacré-Coeur, que Pie IX venait d'étendre à l'Eglise universelle, à la demande des évêques français réunis à Paris pour le baptême du prince impérial, en 1856. Le P. d'Alzon fait ici une allusion à ce passage d'une fête à l'autre, que constitue l'octave du Saint-Sacrement. Nous sommes au départ de la grande dévotion au Sacré-Coeur qui marquera la seconde moitié du XIX siècle. Mais on remarquera que le P. d'Alzon n'invite pas à répondre à l'amour du Christ en l'honorant sous le symbole du coeur, selon le message de sainte Marguerite-Marie, dont le procès de béatification est en cours et aboutira en 1864. C'est plutôt le sens théologique de ce qui devient "une dévotion" que nous retrouvons ici: compassion douloureuse devant la victime du Calvaire, compensation pour les trahisons et les outrages des pécheurs, aspiration apostolique sur tout à "compléter ce qui manque aux souffrances du Christ", découverte de ses responsabilités personnelles dans le salut du monde; ainsi, sont liés "la perfection (chrétienne) et l'amour de Notre Seigneur".2. Mt 13,44-45.
3. Ac 22, 10.