Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.265

20 jun 1857 Lamalou, par Bédarieux, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

La maison de Nîmes peut lui être vendue. -La prudence chrétienne est une nécessité. -La pauvreté lui plaît beaucoup. -Nouvelles. -Pour reprendre la première fraîcheur de l’amour, il faut redevenir un peu enfant avec Notre-Seigneur. -A propos du Tiers-Ordre renforcé.

Informations générales
  • T2-265
  • 858
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.265
  • Orig.ms. ACR, AD 11 17; D'A., T.D. 22, n. 446, pp. 95-96.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 AMES DU PURGATOIRE
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CRUCIFIX
    1 ENFANCE SPIRITUELLE
    1 ORAISON
    1 PRUDENCE
    1 SAGESSE HUMAINE
    1 SANTE
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VOEU DE PAUVRETE
    2 BERTHOMIEU, JOSEPH-AUGUSTIN
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHABOT, JEANNE DE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 O'NEILL, THERESE-EMMANUEL
    2 PIE, LOUIS
    2 PIE XI
    2 PUYSEGUR, MADAME ANATOLE DE
    2 PUYSEGUR, MARIE-THERESE DE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 NIMES
    3 PARIS
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 20 juin [1857](1).
  • 20 jun 1857
  • Lamalou, par Bédarieux,
La lettre

Ma chère fille,

Je reçois de Mme de Puységur la certitude que la maison de Nîmes vous sera vendue, si vous la voulez toujours. Elle a écrit, me dit-elle, à M. Berthomieu des choses qui ne me regardent pas. Elle fera s’il le faut le voyage de Paris. Enfin elle veut que l’Assomption vous reste. Si l’on n’était pas si mal disposé à son égard à cause d’Alix(2), je suis bien sûr que tout s’arrangerait sur le champ, mais je suis convaincu que cela finira dans le sens que je vous indique.

Permettez-moi de vous faire observer, à mon tour que je crois la prudence chrétienne une nécessité. Vous savez le proverbe: Si prudens est, gubernet nos. Ainsi la prudence est une preuve que vous faites votre devoir, si vous la consultez. Mais vous m’aviez tellement parlé de votre penchant à la sagesse humaine que j’avais voulu protester contre ce qu’il y aurait pu se trouver d’excessif, quoique je n’aie jamais eu de reproche à vous faire sur votre excès de prudence.

La pauvreté me plaît beaucoup, je vous assure, et je vous assure aussi que la manière dont vous y subvenez ne me cause qu’un très grand plaisir, celui de vous devoir quelque chose. Je vous assure que j’y trouve peut-être trop de satisfaction(3). Je viens de recevoir une seconde lettre de M. Gay. Il est de plus en plus amoureux de son évêque, et il m’annonce une lettre pastorale qui doit être merveilleuse(4). J’écrirai à Jeanne(5) par la première occasion. Les excellentes nouvelles que vous me donnez de Soeur T[hérèse]-Em[manuel] me mettent la joie au coeur. J’appréhendais toujours à cause de son extrême faiblesse.

Je crois que pour reprendre un peu d’amour et la première fraîcheur de l’amour, il faut redevenir un peu enfant avec Notre-Seigneur. Voici ce qui m’arriva hier soir. Après m’être couché, je me rappelai que je n’avais pas dit la prière En ego… (6), qui est applicable aux âmes du purgatoire. Je rallumai ma bougie, je me relevai, je fis la prière devant mon crucifix. Je le détachai de son clou, je le mis avec moi dans mon lit. Je vous assure que cette enfance me réussit à merveille, Je fis une très longue méditation, mieux que je ne l’avais faite depuis très longtemps. Je crois qu’en général nous sommes de trop grands personnages avec le bon Dieu. Quelques actes d’humilité, de simplicité, de mortification nous dilateraient le coeur et permettraient à la grâce de le remplir bien plus facilement d’une amoureuse tendresse(7).

Soeur M.-Walburge m’a écrit une lettre charmante à propos de son T[iers]-O[rdre] renforcé. Comment voulez-vous que je la prenne? je lui ai écrit une bonne lettre. Faut-il continuer et lui donner l’appui que l’abbé de C[abrières] lui retire(8). Je ferai ce que vous voudrez. Je suis fatigué par le temps et par prudence je m’arrête, sans chercher quelque autre chose que j’avais à vous dire.

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
7. Tel est le contexte de la "lettre du P. d'Alzon sur le crucifix" *(Lettre* 859). C'est la même "amoureuse tendresse" qui lui fit écrire: "Je ne puis pas entendre *l'Adeste, Fideles*, sans pleurer". (*Lettres* 11, p. 419).1. Le ms porte: *20 juin 59*; mais la lettre est certainement de 1857 (P. Vailhé).
2. Alix de Puységur, entrée au Carmel.
3. Le P. d'Alzon reprend ce passage de la lettre de Mère M.-Eugénie, du 18 juin: "Je ne puis m'empêcher de penser, mon cher Père, que ce sera pour vous une grande bénédiction d'avoir été amené par des voies dures à la pauvreté effective qui fait que vous voulez bien accepter tout cela et que vous le pouvez. Tous y passent... [les Carmes, les Trappistes, les Dominicains]. J'ai peut-être sur vous, ajoute-t-elle avantage de trouver les embarras et la pauvreté naturels, parce que les vicissitudes de position de ma jeunesse et l'éducation que j'ai reçue, même quand nous étions riches, me l'ont rendu familier".
4. Mgr Pie, évêque de Poitiers, entendait justifier par une lettre pastorale, à paraître en 1858, les déplacements du Pape dans ses Etats.
5. Jeanne de Chabot.
6. Autrement dit, la prière *O* bon et très doux Jésus..., enrichie d'une indulgence plénière par Pie IX en 1858, à réciter devant un crucifix, et insérée dans les prières d'action de grâces privée à dire après la messe.
7. Tel est le contexte de la "lettre du P. d'Alzon sur le crucifix" *(Lettre* 859). C'est la même "amoureuse tendresse" qui lui fit écrire: "Je ne puis pas entendre *l'Adeste, Fideles*, sans pleurer". *(Lettres* 11, p. 419).
8. Le 14 juin, Mère M.-Eugénie écrivait: "J'ai reçu une assez bonne lettre de Soeur M.-Walburge tout à l'heure. Je ne suis pas étonnée qu'elle ait été aimable pour vous si vous avez fait quelque frais pour elle. Quand vous lui donnez votre temps, elle vous trouve plus aimable que personne. Mais voyez, ajoute la Mère, comme M. de Cabrières a la faculté de s'éloigner et de n'être jamais retenu par son coeur. Depuis qu' il comprend qu'il ne peut être à l'Assomption ce qu'il y était, il se retire, et Soeur M.-Walburge elle-même m'écrit que son amitié, qui allait toujours *crescendo*, va *diminuendo* maintenant".