Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.286

22 jul 1857 Clichy, COMBIE_JULIETTE

Nouvelles de sa soeur. -Il est content de ses progrès. -Elle peut se procurer la collection de *l’Univers*. -Il demeure dévoué aux anciennes élèves de Saint-Maur. -L’oeuvre de Saint-François de Sales. -Points d’examen.

Informations générales
  • T2-286
  • 875
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.286
  • Orig.ms. ACR, AM 181; D'A., T.D. 37, n.71, pp. 160-162.
Informations détaillées
  • 1 ANCIENNES ELEVES
    1 AUMONIER
    1 CURES D'EAUX
    1 EPOUSES DU CHRIST
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 PENITENCES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SANTE
    1 VIE DE PRIERE
    2 AMALRIC, MARIE
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 HEDOUVILLE, MARTHE DE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 THERESE, SAINTE
    2 VAILHE, SIMEON
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 PARIS, CHAILLOT
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • le 22 juillet 1857.
  • 22 jul 1857
  • Clichy,
La lettre

Ma chère enfant,

Votre lettre du 16 m’est arrivée à un mauvais moment, et je m’en veux de n’y avoir pas répondu. J’arrive de Chaillot, après avoir couché deux nuits hors de Clichy pour servir d’aumônier à nos Soeurs qui n’en ont pas. Je crois, en effet, que Louise va aller passer trois semaines dans la famille de la supérieure, ou du moins près d’anciens amis, afin de prendre les eaux(1). Ce que l’on veut surtout, c’est cette distraction dont il lui faut toujours une certaine dose. Elle n’a pas les forces physiques pour devenir une sainte Thérèse du premier coup, et, quand elle prend son vol trop haut, sa pauvre enveloppe refuse de la suivre. Du reste, elle est rétablie, et je lui ai donné la communion ces deux derniers jours.

Quant à mon autre fille, elle aussi me donne de grandes joies dans ses lettres. Il me semble qu’elle devient plus maîtresse d’elle-même, plus calme, plus douce envers elle et envers les autres. Je la trouve plus bonnement forte, sentant un peu plus le bien de l’humilité. Je ne puis vous dire combien tous ces boutons de fleurs, que je crois apercevoir dans ce cher petit jardin de Notre-Seigneur, me réjouissent et me dilatent l’âme. Oh! si je pouvais en faire tout à fait une sainte et lui prouver toute mon affection, en la rendant une parfaite épouse du Roi des vierges, comme je serais heureux!

Je compte bien user de vous, cet hiver, si je ne suis pas moi-même trop usé. Il est sûr que la santé me revient, comme je n’aurais pas osé l’espérer. Pour peu que cela dure, je reprendrai toutes mes forces. Pourquoi ne feriez-vous pas demander à M. Durand la collection de l’Univers? Soeur Jeanne-Marie la lit de seconde main; entendez-vous avec elle(2).

Je suis toujours aussi bien disposé pour les anciennes élèves de Saint-Maur; assurez-le à Mme Sainte-Hélène. Si Dieu me rend mes forces, je le lui prouverai. Mais convenez que la manière dont toute action m’échappe sur quelques-unes qui eussent pu m’aider fortement, me met dans l’embarras. Si j’eusse pu en tenir trois ou quatre un peu vigoureusement, peut-être aurais-je pu agir encore; mais, pour le moment, ce m’est impossible autrement que par quelques conseils isolés. Je tiens à ce que Mme Sainte-Hélène sache bien par vous tout ce que j’ai voulu faire depuis trois ans, et combien j’ai peu réussi. Du reste, elle le sait déjà. Clémentine pourrait, en ce moment, se poser admirablement, si elle le voulait(3). Ce ne seraient ni mes conseils ni mon coeur qui lui feraient défaut. Qu’elle vous dise les avances que je lui ai faites et si j’ai, de ce côté, quelque chose à me reprocher.

Je crois apercevoir déjà quelques tiraillements dans l’oeuvre de Saint-Fr[ançois] de Sales, mais je ne m’en préoccupe pas plus qu’il ne le faut, parce que nous saurions en retirer de très beaux débris pour nous(4).

Adieu, mon enfant. Travaillez toujours sur vous-même et devenez, par la prière et la pénitence, quelque chose de très agréable à Notre-Seigneur. Où en êtes-vous de la grammaire? Etes-vous exacte à vos exercices? Avez-vous toujours vos dérangements? Etes-vous un peu pauvre? Sentez-vous l’esprit d’obéissance vous pesez?

Je vous bénis du fond du coeur le plus tendrement dévoué.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
4. Après l'organisation de l'Association de Saint-François de Sales, il avait fallu en rédiger les statuts, en passant de ceux de l'association de Nîmes à l'association générale. L'article 1er de ces nouveaux statuts spécifiait que le but de l'Association était "la conservation et la défense de la foi menacée et vivement attaquée par l'impiété et le protestantisme". Cet élargissement du programme du P. d'Alzon est dû, en partie, à Mgr de Ségur, à la suite de remarques venant des régions catholiques de France. "Une arme particulière qui ne visait que les protestants se transformait en machine de guerre destinée à repousser toute l'incrédulité moderne", écrit le P. Vailhé, qui souligne l'abnégation du P. d'Alzon devant cette déviation de son programme initial. (VAILHE, *Vie du P. d'Alzon*, II p. 224; HEDOUVILLE, *Mgr de Ségur*, pp. 433-435).1. Sa soeur Louise, en religion Soeur M.-Catherine.
2. Marie Amalric, sous son nom de tertiaire.
3. Clémentine Chassanis.
4. Après l'organisation de l'Association de Saint-François de Sales, il avait fallu en rédiger les statuts, en passant de ceux de l'association de Nîmes à l'association générale. L'article 1er de ces nouveaux statuts spécifiait que le but de l'Association était "la conservation et la défense de la foi menacée et vivement attaquée par l'impiété et le protestantisme". Cet élargissement du programme du P. d'Alzon est dû, en partie, à Mgr de Ségur, à la suite de remarques venant des régions catholiques de France. "Une arme particulière qui ne visait que les protestants se transformait en machine de guerre destinée à repousser toute l'incrédulité moderne", écrit le P. Vailhé, qui souligne l'abnégation du P. d'Alzon devant cette déviation de son programme initial. (VAILHE, *Vie du P. d'Alzon*, II p. 224; HEDOUVILLE, *Mgr de Ségur*, pp. 433-435).