Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.305

17 aug 1857 Clichy, COMBIE_JULIETTE

Directives spirituelles. -Elle doit agir auprès de l’abbé Barnouin. -En reprenant l’Assomption, il tient à se poser en maître absolu pour relever le collège. -Ce dévouement limitera son action, mais il concentrera son effort sur son oeuvre et les personnes à qui il a fait un bien durable.

Informations générales
  • T2-305
  • 891
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.305
  • Orig.ms. ACR, AM 185; D'A., T.D. 37, n. 75. pp. 167-168.
Informations détaillées
  • 1 ADORATRICES DU SAINT-SACREMENT
    1 ANCIENNES ELEVES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 ORPHELINS
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
    1 VIE DE PRIERE
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CHALVET, SAINTE-HELENE SOEUR
    2 CHASSANIS, CLEMENTINE
    2 COMBALOT, THEODORE
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    3 NIMES
  • A MADEMOISELLE JULIETTE COMBIE
  • COMBIE_JULIETTE
  • 17 août [18]57.
  • 17 aug 1857
  • Clichy,
La lettre

Profitez, ma chère enfant, de vos bonnes dispositions pour la prière et mettez-vous à prier beaucoup. Surtout examinez ce qui, dans votre vie, peut vous empêcher de vous présenter à Notre-Seigneur, de façon à lui être agréable. Vous avez besoin d’acquérir une très grande souplesse par l’humilité, un peu de possession de vous-même, un vrai renoncement à vos dispositions naturelles, pour ne chercher que ce qui peut plaire à Notre- Seigneur. Vous vous y mettrez, j’en suis sûr, si vous le voulez bien. Nous vous pousserons dans ce sens.

L’abbé B[arnouin] ne m’a rien écrit et ne m’écrira probablement pas. Vous saurez, mon enfant, que le nombre d’hommes qui savent faire un effort est plus rare chaque jour. Je vois avec une profonde peine un jeune prêtre, à qui j’avais témoigné tant d’affection, s’enfoncer dans un vulgarisme désespérant. Vous pouvez lui être utile, si, dans vos relations à propos des petites protestantes, vous lui donnez à entendre que je suis peu content de lui(1).

En reprenant la direction de l’Assomption, je suis très résolu à me poser en maître absolu. Ce me sera d’autant plus facile que les questions pécuniaires ne me regardent pas. Je veux apporter un dévouement plus désintéressé. Il faudra que tout le monde marche, et j’espère relever promptement ce que la pensée d’une ruine prochaine avait pu laisser établir de décadence dans la discipline. Je vous dis ceci, afin qu’on le sache, et vous me ferez grand plaisir de le dire à qui vous paraîtra pouvoir en faire son profit. Résolu à m’occuper d’une maison, où il y aura beaucoup à relever, vous comprenez que j’aurai peu à donner aux oeuvres extérieures, sauf le T[iers]-O[rdre], les Adoratrices et quelquefois les anciennes élèves de Saint-Maur, à cause de Mme Sainte-Hélène. Je laisserai tout pour l’Assomption.

Remerciez Clémentine de ses prières(2); j’en ai un très grand besoin. Qu’elle prie pour l’Assomption, où il y aura tant à faire. Dites-lui que je désire la voir, à mon passage par Nîmes, vers le 15 sept[embre]. Si elle ne s’est pas confessée encore, je la confesserai alors. Dieu me laissera-t-il une longue vie? Je l’ignore; aussi je me sens pressé de me concentrer dans mon oeuvre et sur le très petit nombre de personnes à qui j’ai pu faire un bien durable. Vous sentez, mon enfant, que je me dévoue doublement à celles qui, en ayant reçu un peu de moi, m’en font, comme vous, à leur tour. Détachez-vous peu à peu des petites orphelines; vous aurez autre chose à faire pour moi.

Adieu, ma fille. Tout à vous, avec un coeur de père bien dévoué.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Ecrivant au P. d'Alzon, le 22 août, l'abbé Barnouin le remercie de le prendre comme professeur à l'Assomption: "Il faut que vous me gardiez une bien profonde affection pour me confier une pareille charge, malgré la triste réputation que je me suis acquise auprès de vous par mes fréquents actes de paresse". Le P. d'Alzon l'ayant menacé de le surprendre à l'improviste dans sa classe, il ajoute: "Ce sera pour moi un stimulant bien salutaire [...] à préparer mes cours d'une manière consciencieuse". Cependant, il est un autre grief dont l'abbé Barnouin tient à se défendre: "les calomnies que l'on a pu inventer sur son compte relativement à Mme la Supérieure". "J'ai pu avoir quelques paroles de mauvaise humeur, mais je ne suis jamais sorti des bornes de la convenance et du respect. Veuillez, je vous prie, présenter à *cette femme* -c'est la seule expression que je me suis permise, et encore. est-elle de l'abbé Comb[alot], mes respectueux hommages, et ne cessez pas, quoi qu'on puisse vous dire, de compter sur tout mon dévouement et sur ma bien filiale affection".
2. Clémentine Chassanis.