Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.325

27 sep 1857 Lamalou, PICARD François aa

On doit suivre ce qui a été arrêté. -Nouvelles diverses. -Le cas du Fr. Marie-Joseph. -Ses rapports avec le P. Laurent. -Le noviciat des Frères convers. -Le prix et la nécessité de la prière.

Informations générales
  • T2-325
  • 915
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.325
  • Orig.ms. ACR, AE 24; D'A., T.D. 25, n. 25, pp. 26-27.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 CADRE DE LA VIE RELIGIEUSE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 DEPARTS DE RELIGIEUX
    1 FRERES CONVERS ASSOMPTIONNISTES
    1 INDULGENCES
    1 MAITRES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 VIE DE PRIERE
    2 ALLEMAND, LOUIS
    2 BORELLY, VICTOR
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CUSSE, RENE
    2 GALABERT, VICTORIN
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GERMER-DURAND, MADAME EUGENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 LEVY, MARIE-JOSEPH
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 O'DONNELL, EDMOND
    2 PELERIN, PAUL DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SEGUR, GASTON DE
    2 TROTMAN, EDOUARD
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 NIMES
    3 PARIS, EGLISE SAINT-ETIENNE-DU-MONT
  • AU FRERE FRANCOIS PICARD
  • PICARD François aa
  • 27 sept[embre 18]57.
  • 27 sep 1857
  • Lamalou,
La lettre

Mon cher enfant,

Enfin, j’ai des nouvelles de Clichy. Je vous croyais tous morts. Votre lettre me prouve que vous n’êtes pas encore en train de rendre l’âme, et j’en bénis Dieu.

Je suis attristé pourtant de voir que mes recommandations soient si peu observées. D’abord, au sujet des confessions. Il faut absolument que l’on se mettre en règle le plus tôt possible. Il serait très dangereux de suivre une ligne de concessions. Il me paraît que nous ne prescrivons pas tant de choses difficiles, pour que l’on ne se soumette pas à ce qui est arrêté. Dites-le d’une manière un peu positive, sans application, parce que je veux insister sur ces points(1).

M. Allemand quitte. Il paraît que c’est une pique entre Durand et lui. Je suis surpris que l’on se soit adressé à la supérieure(2). Il me semblait convenu entre M. Durand et l’abbé de C[abrières] qu’on écrirait au P. Laurent. C’est pour cela que je ne m’en suis pas mêlé. Demandez à Cusse la note sur le système de punitions et de remarques que je lui avais demandée moi-même. Pinpin(3) compte nous donner une bonne somme, d’ici à trois semaines.

Je vous avouerai que je suis tous les jours plus effrayé de ce qu’il y a de faux dans l’esprit du Fr. Marie-Joseph. S’il m’écrit, je le pousserai vers vous. Prenez-le par la bonté et dominez-le; c’est facile. Il pourra être un excellent instrument. Vous le laisserez se livrer à la vie contemplative, et ce sera un bon exemple.

Tout n’est pas rose à Nîmes, non plus, mais il faut du calme et du sang froid. Demandez-en beaucoup pour moi. Au lieu de raconter les choses par manière de conversation le Fr. Marie-Joseph aurait mieux fait de proclamer le Fr. Cusse au chapitre. Cela aurait eu un double effet pour Cusse et le P. O’Donnell. Liez-vous avec le P. Laurent, prenez de l’ascendant sur lui; vous le pouvez plus que tout autre, si vous lui adoucissez certains ennuis. Merci des détails que vous me donnez sur Trotman(4); j’en ferai mon profit. Ecrivez- moi l’adresse exacte du P. Galabert. Vous ne me parlez pas de la réception de la copie du décret sur les indulgences. Je ne puis vous rien dire sur ma santé. J’ai écrit à notre Mère. Il me semble que je n’ai rien à faire dire à Mgr de Ségur, sinon mille choses aimables(5).

Vous avez très bien fait de prendre le Frère convers qui s’est présenté. Il me paraît que vous n’en avez pas besoin au noviciat. La règle porte que les convers feront leur noviciat dans les maisons où ils seront attachés. Toutefois, peut-être aurez-vous besoin d’un portier; mais [le] Fr. Victor, s’il n’est pas capable de grand’chose, pourrait y être mis. Votre porte n’est pas comme celle de Clichy(6).

Ma très profonde conviction est que Dieu ne nous ôte les forces à plusieurs que pour nous forcer à prier. Nous ne sentons pas assez le prix et la nécessité de la prière. Il n’est pas besoin pour cela de tendre notre esprit; il faut aller à Dieu simplement par le coeur, dans une très profonde adoration. Il me semble que cela n’est pas très fatigant. On ramène doucement son esprit quand il s’égare, et l’on va, adorant, aimant l’être de Dieu et lui offrant notre néant.

Adieu. Tout à vous de coeur.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 23 septembre, le Père Picard écrivait: " Le Fr; Marie [-Joseph] a tout le monde à dos; il se fait des idées noires; sur les moindres indices il bâtit des châteaux véritables, qui reposent pourtant sur un certain fondement. Je croyais que le Fr. Cusse lui-même devait choisir son confesseur parmi les religieux; le Fr. Marie [-Joseph] a découvert qu'il préférait chercher un confesseur à Saint-Etienne du-Mont, que de s'adresser à un prêtre de l'Assomption; il a raconté publiquement l'anecdote qui lui est arrivée, et cela, sur le conseil du P. Laurent, *inde irae*. La mésintelligence se manifeste par de continuelles allusions. Il n'y a pourtant rien de bien alarmant".
2. Mme Durand s'était adressée à Mère M.-Eugénie pour lui trouver un remplaçant.
3. Paul de Pèlerin, ancien élève de Nîmes.
4. "J'ai reçu hier une lettre du P. Galabert, écrivait le 23 septembre le P. Picard; M. Trotman lui avait répondu que les porte-soutane qui avaient passé par l'Assomption, pour la quitter ensuite, l'effrayaient et l'épouvantaient, et que sa résolution était bien prise. Tant que vous serez à Nîmes, il y restera prêt à tous les sacrifices; mais il ne se sentirait pas la force d'y passer une heure, si vous deviez vous retirer". Dans sa lettre, le P. Galabert écrivait: "les *mauvaises soutanes*". Il y a là une pointe de la part d'un laïc chrétien et d'un professeur de qualité, envers des clercs et des prêtres enseignants, incapables d'assiduité dans le dévouement.
5. A propos de l'Association de Saint-François de Sales. -Le P. d'Alzon pensait au Fr. Saugrain pour en être le secrétaire, dès son retour à Paris, et au P. Picard comme sous-secrétaire, et même comme secrétaire effectif jusqu'à l'ordination du Fr. Saugrain.
6. Le noviciat étant encore à Clichy, le P. d'Alzon veut dire que le service de la porte d'un noviciat est moindre que celui de la porte d'un collège.