Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.330

Fils chéri,

Votre lettre me comble de joie(2); pourvu qu’elle soit vraie! Quoi, vous êtes réguliers, vrais religieux, humbles, charitables, ouverts, c’est trop bien. Cela durera t-il? Dieu sait si je le souhaite. Qu’on parle ou qu’on ne parle pas de nous, qu’importe, pourvu que nous soyons des saints agréables à Dieu. Qu’on se mette au cérémonial le mieux possible et qu’on m’en envoie une copie. Envoyez-moi aussi un peu de cette charité qui règne parmi vous, afin que je la communique, si c’est possible. Vous aurez au plus tôt le Fr. Boulet et le Fr. Amédée(3); le P. Brun, sous très peu, je l’espère(4).

Ma santé ne va pas trop mal. Je ne sais si M. Millot a écrit(5). Je le présume; son père avait annoncé le retard qu’il avait mis. Il était en voyage.

Mille choses à tous les Frères. Adieu. Je vous bénis du fond du coeur, où vous avez une bien bonne place.

E. D’ALZON.

Mes hommages au P. Laurent qui ne m’a pas répondu.

E.D'ALZON

1. Réponse à une lettre du Fr. Pernet du 26 septembre.
2. "*Quid de nobis*? depuis que vous nous avez quittés", écrivait le Fr. Pernet, le 26 septembre. "D'abord, nous continuons à faire très peu parler de nos excellences [...] Donc, pas de visites, peu d'élèves nouveaux et voici la rentrée". De fait, il n'y avait encore que 56 ou 57 élèves inscrits, sur les 80 espérés par le P. Laurent, écrivait de son côté le P. Picard, le 23 septembre.
"L'esprit de ferveur, fruit de notre dernière retraite, poursuit le Fr. Pernet, continue à nous animer. La régularité se soutient plus que jamais. Les formes monastiques, nouvellement imposées, se pratiquent religieusement [...] Adieu tout respect humain de ce côté. Ensuite, et je suis heureux de vous le dire, mon Père, il règne entre nous une cordialité que je n'avais encore pas remarquée à Clichy. On est plus communicatifs, et nous aimons à nous retrouver ensemble. Chacun y met du sien, afin d'être agréable aux autres. Personne ne marchande, il y a du zèle et de la ferveur". Mais lui-même "n'est que faiblesse, misère et sottise".
3. Deux Frères de Nîmes: sûrement le Fr. Jules Boulet, et sans doute le Fr. Louis Prouvèze (en religion Fr. Amédée?).
4. Le 2 novembre 1857, le P. Laurent écrira: "Je ne saurais trop faire l'éloge du P. Brun: gaieté, entrain, exactitude, tenue, fermeté sans raideur, intelligence du caractère particulier de la maison, dévouement aux Frères convers, obéissance pleine et entière".
5. Professeur retenu pour Nîmes.