Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.331

1 oct 1857 Lamalou, VARIN_MADAME

Dieu semble avoir mis la main à la conservation de l’Assomption. -La foi l’aidera à combler le vide creusé par la mort de son mari. -Elle doit continuer son oeuvre. Il a un grand désir de la voir.

Informations générales
  • T2-331
  • 921
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.331
  • Orig.ms. ACR, AP 56; D'A., T.D. 40, n. 5, pp. 180-182.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 CURES D'EAUX
    1 DETACHEMENT
    1 EPREUVES
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 INTEMPERIES
    1 ORAISON
    1 ORPHELINS
    1 PERSEVERANCE
    1 REPOS
    2 VARIN d'AINVELLE, J.-B.-FELIX
    3 HERAULT, DEPARTEMENT
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 NIMES
    3 SERVAS
  • A MADAME VARIN D'AINVELLE
  • VARIN_MADAME
  • 1er oct[obre 18]57.
  • 1 oct 1857
  • Lamalou,
La lettre

Madame,

C’est aujourd’hui seulement que m’arrive à Lamalou votre lettre du 21 septembre. Cela n’est pas étonnant, avec les temps affreux que nous avons eus dans le département de l’Hérault et qui ont interrompu la marche du courrier. Mais je tiens à constater que c’est bien malgré moi que ma réponse se fait attendre.

Le bon Dieu semble avoir mis la main à la conservation de l’Assomption, et j’espère qu’elle vivra désormais d’une vie plus vigoureuse que par le passé. C’est à quoi, du reste, je veux travailler, si ma santé continue à s’améliorer. Je prends les eaux encore quelques jours et j’espère être à Nîmes le 14 octobre pour y passer l’hiver.

Il n’est pas étonnant, Madame, que vous ressentiez tous les jours un peu plus le vide qui s’est fait autour de vous; c’est le propre des vraies et profondes douleurs. Elles semblent creuser le coeur, dont elles s’emparent. Cela est bon ou mauvais, selon qu’on les accepte avec un esprit chrétien; sans la foi elles irritent, désespèrent ou écrasent; avec une pensée de résignation surnaturelle, elles détachent du monde et font sentir le besoin de Dieu, qui peut seul combler l’abîme ouvert par elles. C’est en lui qu’est toute notre force. Votre oraison, telle que vous la dépeignez, me paraît bonne, et elle doit vous procurer la seule consolation que vous recherchez en ce monde. Je suis tout heureux de vous avoir encouragée dans l’oeuvre de la colonie(1). Je ne saurais trop vous engager à poursuivre. Il me semble que le doigt de Dieu est là d’une manière trop évidente pour que vous ne soyez pas obligée à persévérer. Je me permets d’avoir des vues sur quelques-uns de vos orphelins, sortis déjà de la colonie, mais pour cela il faut que j’écrive à Nîmes.

J’ai toujours le plus grand désir de vous voir, Madame, et, si je le puis, je profiterai du besoin de me reposer comme d’une fort bonne raison d’aller vous offrir mes hommages à Servas. Il faudra une impossibilité absolue pour m’empêcher de mettre à exécution ce projet. Il est très évident que vous devez vous exercer à prendre beaucoup de choses sur vous. La prière vous obtiendra les lumières, dont vous avez besoin. Vous vous rappellerez la direction que vous donnait M. Varin; le souvenir de ses conseils éclairera vos décisions, et je ne doute pas que, soutenue par votre esprit de foi, vous ne meniez à bien une oeuvre aussi belle que la colonie, comme aussi tout l’embarras d’affaires dont sans doute vous êtes comblée.

Veuillez agréer, Madame, l’hommage de ma profonde et respectueuse sympathie.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Colonie ou orphelinat agricole, ouvert à Sevras par son mari, M. Varin d'Ainvelle.