Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.344

21 oct 1857 Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Ses sentiments et ses espoirs après la solution de l’affaire du collège. -L’abbé de Cabrières sera l’aumônier du prieuré, et l’abbé Barnouin, de l’orphelinat des petites protestantes. -Autres nouvelles.

Informations générales
  • T2-344
  • 935
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.344
  • Orig.ms. ACR, AD 90; D'A., T.D. 22, n. 459, pp. 107-109.
Informations détaillées
  • 1 AUMONIER
    1 BIENS DES D'ALZON
    1 CHAPELLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONFESSEUR
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 PENSIONS
    1 PETITES PROTESTANTES
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RECONNAISSANCE
    1 TRAITEMENTS
    1 VENTES DE TERRAINS
    1 VERTU DE FORCE
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ALZON, HENRI D'
    2 ALZON, MADAME HENRI D'
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CHAUVAT, MARIE-GENEVIEVE
    2 COMBIE, JULIETTE
    2 EVERLANGE, MARIE-EMMANUEL D'
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 HOWLY, MARIE-WALBURGE
    2 PIE IX
    2 VAILHE, SIMEON
    3 AUTEUIL
    3 BESANCON
    3 NIMES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 21 octobre 1857.
  • 21 oct 1857
  • Nîmes,
La lettre

Rassurez-vous, ma chère fille; Dieu me donnera des forces. Il me semble que j’en ai et il ne me reste de tous ces tiraillements que le regret de ne les avoir pas toujours pris d’une manière assez surnaturelle. Pour parler du côté positif, quand tout aura été payé, il restera 150.000 francs d’argent comptant, ce qui, avec une terre de 150.000 francs au moins, me fera une part de 300.000 francs. Les revenus de mes parents seront par le fait augmentés. La terre qu’ils ont vendue leur rapportait au plus 4.000 francs de rente, et ils peuvent laisser chez l’acquéreur 100.000 francs à 5%; il y aura 45.000 à 50.000 francs en sus(1). Vous voyez qu’il n’y a pas tant de quoi crier. J’ai forcé mon père à m’avouer que ses revenus avaient considérablement augmenté sur les terres qu’il garde. Du reste, quand ma mère, qui me déclarait que j’étais ruiné, m’a entendu dire que je saurais vivre avec mes revenus de grand vicaire(2), elle s’est fâchée tout rouge et m’a signifié qu’elle entendait bien me faire une pension. Nous verrons ce qu’elle sera.

Parlons de l’affaire de l’aumônier(3). Dès lundi matin, (j’étais arrivé le dimanche soir, à 9 heures)(4) je dis à Soeur M.-W[alburge] que j’étais prêt à faire ce qu’elle dirait. Elle se récria, me dit qu’elle avait eu une explication avec l’abbé B[arnouin], qu’ils étaient à présent au mieux, qu’elle ne demandait pas mieux que de le garder. « C’est bien, repris-je; mais comme notre Mère m’en a écrit, je veux la consulter ». Mais ce n’était pas l’affaire du petit abbé de Cab[rières], lequel par parenthèse est aux anges. Lundi soir, il vint m’en parler de façon à me prouver qu’il mourait d’envie de prendre la place de son cher ami. Le mardi, dès 6 heures du matin, l’abbé B[arnouin] était dans ma chambre, pour me dire qu’il était prêt à faire ce que je voudrais, que l’abbé de Cab[rières] lui avait parlé, la veille au soir, du désir des religieuses, qu’il venait me consulter. Fort de ma conversation avec Soeur M.-Walb[urge], je l’assurai que celle-ci était dans les meilleures dispositions pour lui, mais que l’abbé de C[abrières] me faisait l’effet d’avoir envie de confesser les enfants, qu’à sa place je les lui céderais. Il partit, tout disposé à le faire; mais une conversation avec l’abbé de C[abrières], où il fut peut-être trop maladroitement poussé à lâcher pied, le mécontenta beaucoup. Il est évident que Soeur M.-Walb[urge] est bien aise d’en être débarrassée, surtout à cause de M. de Cab[rières].

Voici ce que je propose. Les Soeurs de Besançon se sont chargées des petites protestantes, dont l’abbé B[arnouin] est le supérieur. Je vais, au nom de l’autorisation donnée à Juliette(5) par le Pape, leur faire avoir une chapelle. Il faudra que l’abbé Barnouin la desserve, et, dès lors, il ne peut plus être l’aumônier de vos filles. Ce plan me semble le meilleur. En attendant, M. de Cab[rières] confessera les enfants qui le demanderont.

Voilà déjà une longue lettre pour ce soir. Je m’arrête. Il y a trois jours que vos filles ont la lettre de Soeur M.-Em[manuel]. J’ai vu Soeur M.-Geneviève, qui ne demande qu’une main ferme. Demain, ma première lettre sera pour vous parler de votre âme. Les religieux du noviciat ne tarissent pas d’admiration de vos bontés pour eux. Leur père revendique sa part de reconnaissance envers vous. L’abbé de Cab[rières] veut avoir un honnête prétexte d’être souvent au prieuré. Quand Soeur M.-Bernard sera là, quelle devra être la conduite de celle-ci? Voyez et décidez. Je crains quelque imprudence du petit abbé.

Notes et post-scriptum
1. Dès que le P. d'Alzon touchait aux chiffres, son imagination se donnait libre carrière. (P. Vailhé).
2. 3.000 francs.
3. L'aumônier du prieuré, à Nîmes.
4. Dimanche 18 octobre.
5. Juliette Combié.