Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.347

23 oct 1857 Nîmes, ESCURES Comtesse

Il espère la voir à Nîmes. -Sa franchise un peu rude est une preuve d’affection. -Avec un peu de fermeté, elle peut avoir raison de son jeune protégé.

Informations générales
  • T2-347
  • 938
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.347
  • Orig.ms. ACR, AN 79; D'A., T.D. 38, n. 79, pp. 217-218.
Informations détaillées
  • 1 ANNEE SCOLAIRE
    1 AUTORITE DU MAITRE
    1 CHAPELLE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 CONFESSION SACRAMENTELLE
    1 FRANCHISE
    1 LIVRES
    1 VOYAGES
    2 PIERRE
    3 NIMES
    3 VISAN, PROPRIETE
  • A MADAME LA COMTESSE D'ESCURES
  • ESCURES Comtesse
  • 23 oct[obre 18]57.
  • 23 oct 1857
  • Nîmes,
  • Madame
    Madame la comtesse d'Escures
    Château du Gué Robert par Tigy
    Loiret.
La lettre

J’avais l’espoir de vous voir ici, ma chère enfant. Il me semble que vous m’aviez annoncé une course à Visan, et j’espérais que vous pousseriez jusqu’à Nîmes, où je dois passer l’hiver. Tâchez donc de me dire ce que je dois espérer de vos projets.

Vous êtes une bonne fille d’avoir profité des avis que je vous ai donnés sur les lectures; cela m’encourage à vous parler avec ma franchise, un peu rude quelquefois, mais qui est aussi très souvent une preuve d’affection. Je vous félicite de votre petite chapelle. Que je voudrais y dire la messe pour ma fille! Cela arrivera peut-être un jour.

Quant à maître Pierre, il me semble que vous devez lui parler un peu rondement. Ce morveux(1) se mêle de juger son curé; il vous jugera bientôt, vous et tout ce qui entrera dans votre salon. A votre place, je lui signifierais que je ne veux pas le forcer à se confesser, mais que je ne veux pas, non plus, chez moi des gens qui ne se confessent pas; que, dès lors, puisqu’il répond si mal aux soins que vous avez eus pour lui, vous allez le placer dans une colonie agricole; que vous répondez de lui, mais que, ne pouvant en faire un bon sujet, vous allez l’éloigner de vous. Si vous lui parlez avec un peu de fermeté, vous verrez qu’il baissera vite pavillon. Avec moi, il était souple comme un gant.

Nous avons la rentrée, et je n’ai qu’une minute à moi. Adieu, mon enfant. Croyez que mon affection pour vous est toujours la même, malgré ces vilaines deux cents lieues qui nous séparent.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Terme familier par lequel le P. d'Alzon désignait l'adolescent dans la crise de son âge. Ainsi, ses collégiens étaient "ses petits morveux".