Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.378

9 dec 1857 [Nîmes, PERNET Etienne aa

Il sera un pauvre prêtre, s’il ne peut être un saint prêtre. -Sans crainte inutile, il doit se mettre humblement dans la joie.

Informations générales
  • T2-378
  • 965
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.378
  • Orig.ms. AC P.S.A.; D'A., T.D. 34, n. 4, p. 33.
Informations détaillées
  • 1 CRAINTE
    1 CREANCES A PAYER
    1 JOIE
    1 PERFECTION
    1 PRETRE
    1 SAINTETE
    2 CUSSE, RENE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 O'DONNELL, EDMOND
  • AU FRERE ETIENNE PERNET
  • PERNET Etienne aa
  • vers le 9 décembre 1857] (1).
  • 9 dec 1857
  • [Nîmes,
La lettre

Mon cher enfant,

Eh bien! vous serez un pauvre prêtre, si vous ne pouvez être un saint prêtre. Pourvu que vous preniez le parti de tendre à la perfection, malgré vos faiblesses, tout ira bien. Vous ne savez pas tous les miracles que Dieu fait pour les incapables de bonne volonté. Quant à vous effrayer, c’est du temps perdu; mettez-vous humblement dans la joie. Soyez une bonne bête, joyeuse de ce que Notre-Seigneur veut faire de vous sa monture et mieux encore(2). Dites mille choses au P. O’Donnell(3). Le P. Laurent n’a pas voulu donner Cusse, j’en ai été bien aise, quand j’ai su qu’il avait ici quelques dettes criardes. Tâchez donc de me savoir quelles sont ces dettes(4). Adieu. Je vous embrasse.

E. D’ALZON.

Mon Frère Pernichon(5).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon répond à une lettre du Fr. Pernet, datée du 7 décembre.
2. A la veille d'entrer en retraite pour se préparer à recevoir, le 19 décembre, les ordres mineurs, le Fr. Pernet exprimait au P. d'Alzon en ces termes ses propres sentiments:"Je me décide à peine à y croire. Quel bonheur! Quel honneur! En y pensant, mon coeur se remplit d'une vive joie [...] Cependant, quand on est sur le point de posséder une chose qu'on a espérée et désirée pendant de longues années, est-on maître de ne pas en éprouver du contentement? A vrai dire les conséquences des ordinations m'effraient, et en y réfléchissant aux pieds de notre bon et adorable Maître, je suis entraîné à m'humilier profondément devant lui". La lettre se poursuit en passant ainsi de la joie confiante à la crainte respectueuse. D'un mot, le P. d'Alzon va non pas emporter une décision, vaincre une crainte, forcer une hésitation, mais pacifier une conscience délicate dans le respect des grâces de Dieu. Ceci doit être dit contre ceux qui ont dit ou écrit que "le P. d'Alzon fit au P. Pernet une obligation morale d'être prêtre, en lui disant qu'il ferait plus de bien comme prêtre que comme frère".
3. Le P. O'Donnell souffrait de rhumatismes.
4. Le Fr. Pernet, étant économe, pouvait recevoir une telle commission.
5. Le P. d'Alzon fait sienne une appellation familière dont la trouvaille est le propre des milieux estudiantins.