Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.410

21 mar 1858 Nîmes. GALABERT Victorin aa

Il s’associe à sa souffrance pour la mort de sa soeur. -Il ne partage pas l’avis de ceux qui critiquent l’abbé Chaillot. -L’Assomption semble se relever.

Informations générales
  • T2-410
  • 998
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.410
  • Orig.ms. ACR, AJ 23; D'A., T.D. 32, n. 23, pp. 24-25.
Informations détaillées
  • 1 CHAPELET
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 EPREUVES
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 MEDAILLE DE LA SAINTE VIERGE
    1 MORT
    1 POLITIQUE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RECONNAISSANCE
    1 SOLITUDE
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 ALLIE, MADAME FRANCOIS-FELIX
    2 BARRE, LOUIS
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
    2 NAPOLEON III
    2 ORSINI, FELICE
    2 PALMERSTON, HENRY TEMPLE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    3 ANGLETERRE
    3 FRANCE
    3 ROME
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • le 21 mars 1858.
  • 21 mar 1858
  • Nîmes.
  • Evêché de Nîmes
La lettre

J’entre bien dans toutes vos peines, mon cher ami, et dans toutes vos douleurs(1). Je comprends combien la solitude et l’isolement doivent augmenter les vôtres, et je m’associe à vos prières pour que Notre-Seigneur traite avec miséricorde l’âme de cette pauvre soeur qu’il enlève à votre affection. Dieu est là, mon ami, et c’est vers lui qu’il faut se tourner en toute confiance. Qu’il est cruel de voir une pauvre mère mourir en donnant la vie à son enfant! Elle part au moment où sa tâche devenait plus importante. Sans doute que Dieu a ses desseins, et il faut les adorer. Envoyez à votre petit neveu ce que vous croirez convenable. Quant à vous, si votre famille vous réclame pendant l’été, je vous autorise bien volontiers à nous venir.

Ne vous tracassez pas le moins du monde de l’avis que vous a donné M. Barre(2), tout en lui témoignant de la reconnaissance pour l’intérêt qu’on vous porte. Il faut savoir être fidèle à ses amis. Peut-être la personne qui l’a chargé de la commission n’est-elle pas celle que vous pensez. Quoi qu’il en soit, vous voyez qu’il y a à Rome des personnes très prudentes, et le parti des politiques, qui craignent qu’on aille trop loin en tout et pour tout, se dessine à vos propres yeux. Sans nommer la personne qui vous a donné l’avis, je ne serais pas fâché que M. Chaillot sût, par sa propre expérience, qu’à Rome tout le monde ne pense pas la même chose, et que le parti que je lui signalais est plus considérable qu’il ne le croit. Du reste, ce qui me fait pencher vers M. Chaillot, c’est que, sauf les nuances(3), je pense comme lui et que le parti opposé me semble destiné à perdre l’Eglise, si l’Eglise pouvait être perdue.

Ici, peu de nouvelles. L’Assomption me fait l’effet de se relever, mais il faut bien des efforts. Priez Dieu et la Sainte Vierge, afin que nous fassions pour le mieux.

Adieu, mon cher ami. Tout à vous, avec un coeur bien dévoué à vos peines.

E. D’ALZON.

Mille souvenirs aux personnes qui vous ont parlé de moi. Ici, point de nouvelles, sauf que le vent tourne à la guerre contre l’Angleterre(4).

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
3. L'incise a son importance. Entre autres, du Lac et Mère M.-Eugénie faisaient des réserves sur le personnage. "Cet homme, écrivait du Lac au P. d'Alzon le 25 mars 1855, n'a aucun tact; il n'a pas non plus de critique, et je crains fort que dans les nouvelles qu'il vous envoie, il n'y en ait de valeur douteuse". Le 24 mai 1858, il lui écrira de nouveau: "C'est une fort méchante langue, et quand il a pris quelqu'un en grippe, cette langue manoeuvre avec une persévérance que rien ne lasse". Dès qu'elle l'eut rencontré, Mère M.-Eugénie, dans sa lettre du 22 octobre 1854 au P. d'Alzon, le jugea comme étant "un esprit excessif et peu mesuré" (*Lettre* 442, note 1); et le 10 décembre 1857, le P. Picard rappelait au P. Galabert que "Mme la supérieure se méfie beaucoup des exagérations de M. Chaillot, et j'ai toutes les peines du monde, ajoutait-il, pour lui faire croire que M. Chaillot a la prudence du serpent et ne nous poussera qu'à prendre des mesures nécessaires à l'oeuvre". -Le P. d'Alzon n'ignore donc pas que la cause ultramontaine, aussi nécessaire qu'elle lui paraisse pour le bien de l'Eglise, peut être desservie par des hommes sans *nuances*, par des hommes de parti.1. Dans sa même lettre du 12 mars au P. d'Alzon, le P. Galabert, après avoir annoncé que sa soeur était devenue mère le 20 février, écrivait qu'elle était morte dix jours après la naissance de l'enfant: "Ma douleur est bien vive, et malgré mon désir de me soumettre à la volonté divine, la nature l'emporte [...] Je vous prie de m'accorder, ajoutait-il, la permission d'envoyer un petit chapelet de l'Immaculée-Conception avec une petite médaille en or pour mettre au cou de mon neveu. Ce petit présent sera très agréable à ma famille, qui, ne fera aucune difficulté pour en payer les frais".
2. "Une personne qui veut du bien à notre Congrégation, écrivait au début de sa lettre du 12 mars le P. Galabert, m'a fait avertir charitablement par M. l'abbé Barre que mes rapports intimes et quotidiens avec M. l'abbé Chaillot me compromettaient singulièrement. [...] On prétend que la position que s'est faite M. Chaillot est très hasardée et ne peut avoir que de funestes conséquences pour les hommes qui le fréquentent; sa maison serait une boutique de cancans. Je crois que la plus grave accusation contre M. l'abbé Chaillot, et la véritable, est d'être trop ultramontain [...] Depuis trois ans que je suis à Rome, je vois la maison de M. Chaillot fréquentée par des personnes très honorables et très estimées. Il est vrai qu'il est au courant d'une foule de petites anecdotes qu'ii raconte avec plaisir et beaucoup d'esprit. Ces historiettes qui courent la ville mettent les héros sur le tapis d'une manière parfois peu agréable. Dans tous les cas, je vous prie, mon très révérend Père, de me dire quel compte je dois tenir d'un pareil avis. Mais j'ai peine à regarder comme compromettante l'amitié d'un homme à qui le Pape vient d'ouvrir les archives secrètes du Vatican (on l'ignore encore) et que je vois consulté de tous les côtés sur les questions les plus délicates et les plus difficiles".
3. L'incise a son importance. Entre autres, du Lac et Mère M.-Eugénie faisaient des réserves sur le personnage. "Cet homme, écrivait du Lac au P. d'Alzon le 25 mars 1855, n'a aucun tact; il n'a pas non plus de critique, et je crains fort que dans les nouvelles qu'il vous envoie, il n'y en ait de valeur douteuse". Le 24 mai 1858, il lui écrira de nouveau: "C'est une fort méchante langue, et quand il a pris quelqu'un en grippe, cette langue manoeuvre avec une persévérance que rien ne lasse". Dès qu'elle l'eut rencontré, Mère M.-Eugénie, dans sa lettre du 22 octobre 1854 au P. d'Alzon, le jugea comme étant "un esprit excessif et peu mesuré" (*Lettre* 442, note 1); et le 10 décembre 1857, le P. Picard rappelait au P. Galabert que "Mme la supérieure se méfie beaucoup des exagérations de M. Chaillot, et j'ai toutes les peines du monde, ajoutait-il, pour lui faire croire que M. Chaillot a la prudence du serpent et ne nous poussera qu'à prendre des mesures nécessaires à l'oeuvre". -Le P. d'Alzon n'ignore donc pas que la cause ultramontaine, aussi nécessaire qu'elle lui paraisse pour le bien de l'Eglise, peut être desservie par des hommes sans *nuances*, par des hommes de parti.
4. L'attentat d'Orsini contre Napoléon III ayant été ourdi en Angleterre, la France fit des remontrances et Palmerston voulut élaborer un bill contre les conspirateurs, mais son gouvernement fut mis en minorité, le 19 février 1858.