Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.432

3 may 1858 [Lamalou, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les eaux de Lamalou lui sont bienfaisantes. -Il pense à ses malades, dont son petit neveu. -Elle doit commencer son couvent à Nîmes. -Il ira voir le P. Caussette à Toulouse. -Il ne tient pas à Clichy. -Il fait une quasi-retraite.

Informations générales
  • T2-432
  • 1020
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.432
  • Orig.ms. ACR, AD 116; D'A., T.D. 22, n. 491, pp. 139-140.
Informations détaillées
  • 1 APPETIT
    1 CELEBRATION DE LA MESSE PAR LE RELIGIEUX
    1 CONVERSATIONS
    1 CURES D'EAUX
    1 EFFORT
    1 EPREUVES
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 MALADIES
    1 MARTYRS
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 ORGUEIL
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 RETRAITE SPIRITUELLE
    1 SOUFFRANCE
    1 SYMPTOMES
    1 VIE ACTIVE
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    2 CATHERINE DE SIENNE, SAINTE
    2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
    2 KOMAR, LOUISE-EUGENIE DE
    2 MILLERET, EMMANUEL
    2 MILLERET, LOUIS
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 POLYCARPE, SAINT
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    3 BEZIERS
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 LAMALOU-LES-BAINS
    3 NIMES
    3 TOULOUSE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 3 mai 1858](1).
  • 3 may 1858
  • [Lamalou,
La lettre

Je vous ai écrit hier, ma chère fille, et votre lettre d’aujourd’hui me porte la réponse à quelques unes de mes questions. Ce que les eaux opèrent pour moi est si prodigieux que, si cela durait, je serais sûr d’un rétablissement complet. En quatre jours, je suis transformé. Ce qu’il y a de particulier, c’est que certains symptômes ennuyeux reparaissent, mais sont en quelque sorte repoussés par une force, une sorte d’énergie vitale, qui, si elle durait, dompterait à la fin le mal. Presque aucune difficulté à dire la messe, plus de besoin de m’appuyer en la disant, un appétit à manger des cailloux, la possibilité de lire sans fatigue, ce dont j’abuse peut-être, car je lis cinq ou six heures par jour. Et quand cela m’est-il arrivé? Dieu veuille que cela dure! Il est vrai que je suis seul de mon espèce, avec deux dames très bien, avec lesquelles je ne cause qu’un peu après dîner. Ce silence est pour moi un baume suprême. Ecrire m’a toujours moins fatigué que parler.

Voici quelques mots pour Nathalie. Son épreuve est rude, mais lui sera utile. Seulement je [pense] qu’en effet elle doit se soigner. Tant mieux qu’à être malade elle l’ait été plutôt chez les Oiseaux que chez vous! Que je vous plains de voir votre monastère ainsi transformé en hôpital! La prolongation des souffrances de votre petit neveu vous fait souffrir son agonie plus qu’il ne la sent lui-même. Mais si Monsieur votre frère en devient tout à fait chrétien, la couronne de ce petit ange sera le salut d’une âme qui vous est bien chère. Dites, je vous prie, à Monsieur Louis combien je prends part à toutes ses angoisses.

L’important, ce me semble, est de commencer votre couvent de Nîmes. J’ai prié M. Revoil de préparer les détails du plan et écrit à l’évêque, qui est en tournée, pour lui proposer d’en poser la première pierre. Quant à Clichy, vous savez ce que je vous en disais hier: je n’y tiens en aucune façon.

Je vais écrire au P. Caussette, à qui j’irai faire une visite en quittant Lamalou; de Béziers à Toulouse, il n’y a à présent qu’une promenade. Pensez, je vous prie, à ce que le P. Picard vous proposera de ma Part pour le noviciat.

Je fais une quasi-retraite: je lis mon Imitation, saint Jean de la Croix et les Actes des martyrs. Priez pour que, cette fois, je devienne un peu moins inconstant dans tout ce que je promets à Notre-Seigneur(2).

Adieu, ma chère fille. Tout vôtre, avec un coeur bien souffrant de toutes vos angoisses.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. La date est donnée en référence à la lettre écrite "hier", le 2 mai (*Lettre* 1018).1. La date est donnée en référence à la lettre écrite "hier", le 2 mai (*Lettre* 1018).
2. Le 30 avril, le P. d'Alzon avait repris son cahier *d'impressions* personnelles, laissé en suspens depuis le 16 juin 1856, et notait: "Près de deux ans d'interruption me prouvent que j'ai pris des résolutions et que je ne les ai pas tenues. Elles étaient bonnes pourtant, et pouvaient faire de moi un saint. En disant ce matin la messe, et en réfléchissant sur la fête de sainte Catherine, j'ai prié Notre-Seigneur de me donner quelques grâces de vie contemplative, en ce sens que je puisse voir davantage me néant de tout ce qui n'est pas lui. La lecture des actes des martyrs m'a donné aussi une profonde confusion de ma lâcheté. Quand ma vie sera-t-elle uniquement la propriété de Notre-Seigneur? Je m'offre à notre bon Maître, puisque je ne suis pas capable d'être un homme apostolique, afin qu'il en envoie dans sa moisson. *Mitte operarios in messem tuam*".
Le 1er mai, il notait encore: "Nous commençons par l'humilité, pour nous élever ensuite à la grandeur d'âme, disait saint Polycarpe, menacé du supplice au milieu de l'amphithéâtre. Si je suis si lâche, c'est que je suis très peu humble ou plutôt très orgueilleux".