Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.449

15 may 1858 Lamalou, VARIN_MADAME

Elle doit conserver l’oeuvre de Servas dans le but et l’esprit de sa fondation. -Dieu l’y soutiendra dans les mauvais moments. -A Nîmes, il encouragera la fondation d’une oeuvre similaire, mais son temps et ses efforts sont pour l’oeuvre entière de l’Assomption. -Son orphelinat et son salut doivent être assumés par une prière incessante. -L’oeuvre des tabernacles. -L’avenir de sa fille, Isaure.

Informations générales
  • T2-449
  • 1036
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.449
  • Orig.ms. ACR, AP 61; D'A., T.D. 40, n. 10, pp. 185-187.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONGREGATION DES AUGUSTINS DE L'ASSOMPTION
    1 CURES D'EAUX
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 ORPHELINATS
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 RETRAITES PASTORALES
    1 SALUT DES AMES
    1 SANTE
    1 SOUFFRANCE
    2 ESCURES, MADAME GAILLARD D'
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    3 NIMES
    3 SERVAS
  • MADAME VARIN D'AINVELLE
  • VARIN_MADAME
  • 15 mai [18]58.
  • 15 may 1858
  • Lamalou,
La lettre

Merci de votre bonne lettre, Madame. Je l’attendais avec empressement. Merci encore de vos bonnes paroles sur ma santé. Hélas! je ne me soigne que trop et je suis tout effrayé de tous les soins que je me donne. A dire vrai, je ne regrette pas beaucoup que vous ayez refusé le petit homme de Mme d’Escures. C’est un enfant gâté, dont vous auriez eu peine à tirer parti par la douceur et qu’il fallait ménager à cause de son faible tempérament. Maintenez toujours votre petite oeuvre dans l’esprit qui a présidé a sa fondation(1). Le meilleur moyen de tuer une entreprise de cette espèce est d’en déplacer le but. Pour le conserver, il faut une certaine énergie, mais c’est là précisément ce qui est nécessaire dans votre position. Aussi, je comprends à merveille les terreurs dont vous me parlez. Qui ne les a pas éprouvées en s’occupant de bonnes oeuvres? Mais c’est là où est le mérite, ce sont les douleurs de l’enfantement. Dieu le veut, afin que la douleur, par où il a sauvé le monde, soit aussi le germe de toutes les saints choses, par où l’on procure sa gloire et l’on cherche à étendre son règne.

Continuez donc à travailler, malgré toutes les angoisses que peuvent vous procurer et l’incertitude du résultat, et l’obscurité sur les moyens à employer, et l’insuffisance momentanée des ressources. Dieu, fait homme et devenu pauvre pour nous enrichir, est derrière vous et vous soutiendra dans les mauvais moments qui sont après tout les plus précieux.

Si le maire de Nîmes ou les Messieurs de Saint-Vincent de Paul voulaient faire une oeuvre dans le genre de la vôtre, je ne pourrais que les encourager; mais leur donner mon temps serait absolument impossible. Je dois me réserver pour l’Assomption. C’est à elle que je dois tous mes efforts. Quand je parle de l’Assomption, ce n’est pas seulement le collège que je désigne, c’est l’oeuvre tout entière. Aussi voudrais-je de vous un concours de prières, afin que Dieu bénît nos pauvres efforts. Si vous avez vos angoisses, nous avons bien aussi les nôtres; et, comme il semble qu’un peu de bien pourrait résulter de tout ce que nous voudrions, nous appelons tant que nous pouvons la prière à notre secours.

Vous avez bien raison de dire qu’il y a une liaison entre l’oeuvre de votre orphelinat et votre salut. C’est bien ainsi que je l’ai envisagée, quand, malgré les découragements dont on vous entourait, je vous ai poussée en avant. En vous sauvant, vous sauverez d’autres petites oeuvres(2); et Dieu vous bénira doublement. Seulement, j’insiste pour que votre prière soit incessante. La vôtre, telle que vous me la dépeignez, me paraît excellente. Ne suffit-il pas de montrer bien humblement et bien tendrement son coeur à Dieu? N’en voit- il pas tous les replis, tous les désirs, tous les besoins, toutes les aspirations? Tenez-vous, comme vous me le dites, en sa présence et restez en paix.

Je pense que Monseigneur attend la retraite pastorale pour parler de l’oeuvre des tabernacles, mais je sais qu’il y tient énormément, et nous ne perdrons rien pour avoir attendu. Continuez, je vous en conjure à vous en occuper. Je chercherai à vous faire une visite peu après mon retour des eaux, et, si je puis vous faire un peu de bien ainsi qu’à Mlle Isaure, j’en serai ravi. Je pense que vous ne devez pas jusqu’à nouvel ordre lui parler des propositions qu’on vous fait; ce serait la troubler inutilement.

Adieu, Madame. Veuillez recevoir l’hommage de mon dévouement.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Il s'agit de l'orphelinat de Servas.
2. On pourrait lire: d'autres petites *âmes*, s'il y avait un accent dans le ms sur le mot.