Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.453

21 may 1858 Montauban, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il a prié pour Soeur M.-Liguori. -Il croit désirable l’union avec le P. Caussette. -Il sera à Paris pour le mois de juillet.

Informations générales
  • T2-453
  • 1040
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.453
  • Orig.ms. ACR, AD 119; D'A., T.D. 22, n. 495, pp. 144-145.
Informations détaillées
  • 1 TEXTES OFFICIELS DE LA FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
    1 CHAPELLE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COMMUNAUTE RELIGIEUSE
    1 CONSTITUTIONS DES ASSOMPTIONNISTES
    1 DECRET DE LOUANGE AUX ASSOMPTIONNISTES
    1 EPREUVES
    1 ESPRIT RELIGIEUX
    1 MORT
    1 NOVICIAT
    1 PELERINAGES
    1 PETITS SEMINAIRES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PROJET D'UNION AVEC LES PERES DU CALVAIRE DE TOULOUSE
    1 RESIDENCES
    1 TOMBEAU
    2 ASTROS, PAUL D'
    2 BICLET, MARIE-LIGUORI
    2 BRUN, HENRI
    2 CAUSSETTE, JEAN-BAPTISTE
    2 DONEY, JEAN-MARIE
    2 GERMAINE COUSIN, SAINTE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 GENEVE
    3 MONTAUBAN
    3 PARIS
    3 PIBRAC
    3 TOULOUSE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 21 mai 1858.
  • 21 may 1858
  • Montauban,
La lettre

Ma chère fille,

Je pars demain de Montauban, mais je veux vous remercier de toutes les peines que vous donnent nos affaires, au milieu des tristesses que vous cause la mort de Soeur M.-Liguori. J’ai bien prié pour cette pauvre Soeur, qui je l’espère, sera bientôt au ciel, si elle n’y est pas déjà.

Je ne veux vous dire qu’un mot. Il faut beaucoup prier pour l’idée de l’union avec le P. Caussette. Je la crois désirable. Il me semble que je m’empare de lui. Il m’a accompagné ici, et j’ai eu avec lui une conversation de près de deux heures, il n’y a qu’un instant. Il est reparti pour Toulouse, et, si ce n’était que lui tout serait fait(1). Tous ses religieux viendront-ils à ses idées? C’est très possible. Il y a communauté absolue d’idées. J’ai pu lui venir en aide par quelques pensées que je lui ai développées sur le gouvernement d’une congrégation. Je crois m’être posé en homme prudent, mais pas encore en saint. C’est que je suis loin de l’être. Il me semble que mon voyage aura été très bon par le côté d’une attraction réellement utile. Ces braves gens ont trois maisons à Toulouse: un noviciat et une résidence, plus le petit séminaire; un pèlerinage de la Sainte Vierge, et la garde du tombeau de la bienheureuse Germaine, à Pibrac, dans le diocèse; plus, à Montauban, une magnifique maison, près de laquelle l’évêque(2) fait bâtir une très jolie chapelle qui contiendra 500 personnes.

Je vous le répète, il faut beaucoup prier. Le P. Picard vous dira que je vais me tenir prêt pour le mois de juillet(3). Je me permets d’engager le P. Laurent à profiter de l’épreuve que nous subissons pour entrer dans l’esprit religieux, et j’exhorte le P. Brun à se tenir prêt pour Genève.

Adieu. Je vous suis bien reconnaissant. Mais pourquoi tant le redire? Ne le savez-vous pas?

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Après avoir pris connaissance du décret de louange et de la *Règle de l'Assomption*, que lui avait remis le P. d'Alzon, le P. Caussette lui écrira ses impressions, le 14 juin:
"Ainsi que vous le dites, vous avez des constitutions et nous n'avons que des règles. Vos points de vue sont près des hauteurs de l'Eglise, les nôtres près de la modeste élévation d'un siège épiscopal; en un mot, vous êtes *catholiques* et nous ne sommes que *diocésains*. De là vos principaux avantages et notre infériorité. Il y aurait injustice à ne pas reconnaître que vous avez imprimé à votre oeuvre une empreinte personnelle qui rappelle les vrais législateurs religieux, tandis que notre pieux fondateur s'est perdu dans les détails et a remplacé les vues par des articles.
"Depuis que j'ai eu l'honneur de vous voir, il s'est accompli un travail dans mon esprit. Le projet d'une fondation d'Ordre qui m'avait effrayé d'abord me sourit, en ce sens qu'il termine ma gestion et me décharge de grandes responsabilités. D'ailleurs, je respire à l'aise dans votre cadre, tandis que j'étouffe un peu dans celui-ci, et la pensée d'échapper aux taquineries diocésaines pour entrer dans cette vaste arène de l'Eglise, où l'on se bat contre les ennemis de Notre-Seigneur, non contre les coups d'épingle des ambitieux et des roués, me donne une véritable émotion de bonheur.
"Cependant, il reste encore quelques nuages devant mes yeux et je prie souvent le divin Maître de m'en délivrer. Quoique la pensée de notre vénéré fondateur manque d'ampleur, faut-il la sacrifier, si elle est bénie *telle quelle*? N'est-ce pas la sacrifier que de l'absorber en une autre où elle perdra ses limites et son *autonomie*, si elle ne perd pas son nom? N'est-ce pas manquer de respect à une sainte mémoire et de confiance en la grâce de Dieu que d'abandonner un bien certain pour un *mieux* chanceux, à cause de quelques difficultés même graves? Enfin, quand nous aurons brisé tous nos liens de dépendance, de gratitude, d'intérêt envers ce terroir natal, trouverons-nous, dans une fusion inacceptée de quelques-uns du dedans et contrariée par le dehors, des forces proportionnées à nos sacrifices?".
2. Mgr Doney.
3. En vue d'un séjour à Paris.