Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.458

30 may 1858 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

L’attitude de Soeur Françoise.Eugénie à la mort de son frère. -La Visitation de Montreuil n’achètera pas Clichy. -Ses idées sur la fondation de Rethel. Plutôt que de fonder au Mans, elle devrait étoffer la communauté de Nîmes. -Commission pour le P. Faber.

Informations générales
  • T2-458
  • 1045
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.458
  • Orig.ms. ACR, AD 122; D'A., T.D. 22, n. 498, pp. 147-148.
Informations détaillées
  • 1 ANGLAIS
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 CROIX DU CHRETIEN
    1 EPREUVES
    1 JOIE
    1 LACHETE
    1 LIVRES
    1 MAISONS D'EDUCATION CHRETIENNE
    1 MISSION D'ANGLETERRE
    1 MORT
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 DALGAIRNS, JOHN-DOBREE
    2 FABER, FREDERIC-WILLIAM
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GIRAUD, MADEMOISELLE
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 JEAN-MARIE VIANNEY, SAINT
    2 KOMAR, DE
    2 KOMAR, LOUISE-EUGENIE DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 MALBOSC, EUGENE DE
    2 MALBOSC, FRANCOISE-EUGENIE DE
    2 NANQUETTE, JEAN-JACQUES
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SIBOUR, LEON-FRANCOIS
    3 ARS-SUR-FORMANS
    3 LONDRES
    3 MANS, LE
    3 NIMES
    3 PARIS
    3 PARIS, MONTREUIL
    3 POLOGNE
    3 RETHEL
    3 ROME
    3 TRIPOLI
    3 TROYES
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 mai 1858.
  • 30 may 1858
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma chère fille,

Soeur Fr[ançoise]-Eugénie a dû vous écrire la mort de son frère, dont la nouvelle est arrivée aujourd’hui. Cette bonne fille fait mon admiration par la simplicité de sa douleur et par son abandon sans réserve à la volonté de Dieu. Nous avons là un bien précieux sujet.

La nouvelle que vous me donnez du refus des Soeurs de la Visitation ne me surprend point. Il faut s’attendre à toutes les déceptions. Dieu veut nous faire trouver là notre sanctification. Laissons-le donc faire. Les paroles de Mgr de Tripoli vous rendent-elles de l’espoir?(1) Il me semble que je n’en ai guère de ce côté.

La lettre de Mgr du Mans est réellement surprenante(2). Pourquoi ne pas commencer par Nîmes? Auriez-vous à donner sur-le-champ des sujets au Mans, et ne vous répandriez-vous pas plus vite que la sagesse ne le permettrait? Quels plans voulez-vous que M. Revoil vous envoie? Ne vous les a-t-il pas portés à Paris? Je lui ai dit de ne rien faire, sans vous envoyer ses desseins. Mais sur quoi dois je tenir?

Le P. Hippolyte me fait part de ses impressions sur Rethel. Il paraît que l’enthousiasme du P. Laurent est tombé. Je ne partageais pas cette allégresse et je ne partage pas, non plus, son découragement. Faire des affaires dans la joie est une chimère. Il faut continuer à sauver le monde par la croix, et, plus on en a, plus on participe à l’oeuvre de la rédemption. L’appui du cardinal, ne dût-il être que de quelques années, est un poids très précieux dans la balance romaine, surtout s’il fait encore un voyage à Rome. Je m’arrête à ce point de vue, parce que je ne connais pas assez l’autre côté de la question de Rethel, et que me dire qu’il y a des difficultés n’est pas me dire quelles sont ces difficultés. Pour moi, je ne suis pas éloigné, en traitant avec les évêques, de les laisser propriétaires. Par les révolutions qui nous menacent, n’est-ce pas plus prudent?

Pour revenir à Mlle Giraud, je pense qu’il ne faut pas l’écarter, mais lui parler de Nîmes, en attendant que l’on ait assez de sujets pour le Mans, et que si elle ne veut que le Mans, il faut l’y laisser faire, en gagnant le temps d’avoir des sujets. Si vous approuvez le plan que je propose pour Joséphine(3), vous pouvez, je crois, regarder l’affaire comme faite.

Vous pouvez dire au P. Faber que je considère son livre sur Le Créateur et la créature comme supérieur à ses trois ouvrages, non pas que les autres ne soient très bien, mais parce qu’il touche dans celui-ci la plaie qui paralyse le plus grand nombre de chrétiens. C’est le meilleur réveil d’une foule d’en dormis. Si on le lit, évidemment on sera secoué d’une certaine torpeur.

Vous dirai-je que les tribulations de Nathalie me font plaisir? Tout cela l’enracine(4), et, puisqu’elle prend des résolutions sérieuses de tenue, il faut espérer qu’elle n’en sera que meilleure religieuse un jour. J’ai à vous parler de bien autre chose. A une autre fois! J’aurais seulement à vous dire mon envie d’entrer en relations avec le P. Dalgairns(5), pour connaître l’état du protestantisme anglais. Je suis tous les jours au mieux avec mon évêque.

Adieu, ma fille.

E. D’ALZON.

Serez-vous bien aise de savoir que je me porte assez bien?

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Mgr Sibour, qui avait été consulté par les Soeurs de la Visitation de Montreuil, "pense que ce n'est pas encore une affaire tout à fait finie" (Lettre de Mère M.-Eugénie du 27 mai).1. Mgr Sibour, qui avait été consulté par les Soeurs de la Visitation de Montreuil, "pense que ce n'est pas encore une affaire tout à fait finie" (Lettre de Mère M.-Eugénie du 27 mai).
2. Le 27 mai, Mère M.-Eugénie transcrivait au P. d'Alzon une lettre qu'elle avait reçue de Mgr Nanquette. Une demoiselle Giraud, de Troyes, s'était présentée à lui, après avoir consulté le curé d'Ars qui l'avait envoyée au Mans, pour mettre de sa fortune à la disposition de l'évêque, en vue de "fonder une maison religieuse où on pratiquera l'adoration perpétuelle et où on recevra des personnes du monde pour y faire des retraites". "Comment le curé d'Ars aura-t- il pensé au Mans, se demandait Mgr Nanquette, à moins qu'il n'ait su par le P. d'Alzon mes relations avec l'Assomption?".
3. Joséphine Fabre.
4. Postulante d'origine polonaise, Nathalie de Komar, "a courageusement refusé d'aller en Pologne, écrivait le 27 mai Mère M.-Eugénie de Jésus; son père lui a écrit une lettre bien pénible, qu'elle nous envoie ce matin".
5. Prêtre de l'Oratoire, confesseur des Religieuses du prieuré de Londres.