Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.466

12 jun 1858 [Nîmes, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les constructions du couvent et du pensionnat de Nîmes. -L’architecte mérite confiance et se trouve surchargé de travaux. -Le temps presse de commencer.

Informations générales
  • T2-466
  • 1052
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.466
  • Orig.ms. ACR, AD 125; D'A., T.D. 22, n. 502, pp. 151-153.
Informations détaillées
  • 1 ACCIDENTS
    1 ADORATION DU SAINT-SACREMENT
    1 ARCHITECTURE SACREE
    1 CHAPELLE
    1 CHEMIN DE FER
    1 CHOEUR
    1 CLOITRE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 FETE-DIEU
    1 INTEMPERIES
    1 OUVRIER
    1 PENSIONNATS
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SALLE DU CHAPITRE
    2 DIDRON, ALPHONSE-NAPOLEON
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 VAUDOYER, LEON
    2 VIOLLET-LE-DUC, EUGENE
    3 AMIENS, CATHEDRALE
    3 CARCASSONNE
    3 MARSEILLE, CATHEDRALE LA MAJOR
    3 NIMES, RUE ROUSSY
    3 PARIS
    3 PARIS, CATHEDRALE NOTRE-DAME
    3 PIERREFONDS
    3 VEZELAY
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le] samedi 12 juin [18]58.
  • 12 jun 1858
  • [Nîmes,
La lettre

Ma chère fille,

Je vous avoue que la réponse que vous me donnez au sujet des constructions me déconcerte complètement. Je croyais que dans les conversations que vous aviez eues avec M. Revoil, cet hiver ou après Pâques, à son voyage de Paris, vous aviez convenu de tout, et surtout des mesures. Je m’étais permis de remarquer qu’elles étaient exiguës, mais vous m’aviez, ce me semble, répondu qu’il les fallait ainsi pour une maison particulière. Quant à la salle d’exercices, on peut, ce me semble, la diminuer d’une travée sans inconvénient. A la porte de la sacristie on aura toujours besoin de charge ou d’un cabinet pour l’aumônier. Quant à sa grandeur actuelle, elle me semble indispensable, à moins qu’on veuille ne recevoir personne à l’adoration du Saint-Sacrement. Songez que la chapelle provisoire, adoptée dans le plan rapporté par M. Revoil, était juste un peu moins grande que la première moitié de la chapelle, rue Roussy.

C’est, il y a huit jours, que j’ai donné à M. Revoil l’idée de commencer par une partie du bâtiment qui rapprochera la chapelle de la ville et vous protégera du chemin de fer et du vent du nord. Je partage tout à fait votre avis sur la difficulté de surveiller de loin. C’est pour cela que j’eusse préféré que l’on commençât par bâtir le pensionnat. On aurait élevé les quatre murs et vous auriez pu, pendant l’hiver présider à la distribution des cloisons, dont quelques-unes eussent été provisoires. La prolongation de la salle de chapitre est nécessitée, je pense, par la nécessité de donner à la future chapelle une grandeur convenable. Elle aura deux mètres de moins que celle de nos Carmélites, et vous devez faire tenir les religieuses et le pensionnat, puisque vous n’aurez pas de choeur de côté. A quoi se réduira la place du public? Quant au dessin du cloître, de tous ceux que j’ai vus en style roman, c’est un de ceux qui se rapportent le plus des monuments de 1.100, dans ce pays.

M. Revoil a la conviction qu’il a travaillé d’après les mesures que vous lui avez données soit ici, soit à Paris. En attendant, le temps s’envole et j’ai peur qu’on n’ait pas couvert avant l’hiver. Vous savez que nous avons ordinairement de grosses pluies vers le mois d’octobre. M. Revoil est surchargé de besogne. Il ne cesse d’aller de tous les côtés. Voulez[-vous] que nous voyions un autre architecte? Avec cela, la confiance que lui témoignent Viollet-le-Duc, Didron et Vaudoyer(1), me montre qu’aux yeux de certaines gens habiles il s’y entend assez.

Enfin, que faut-il faire? J’avais annoncé pour lundi une messe, pour obtenir que les ouvriers n’eussent aucun accident pendant leurs travaux. On se fût mis ensuite au travail. J’avais fait poser la première pierre, le soir de l’octave du Saint-Sacrement. Faut-il dire qu’on mette la main à la pioche pour les fondations? Quand votre réponse arrivera, si vous ne vous hâtez, M. Revoil sera absent. On le demande de tout côté pour assister à la bénédiction ou consécration d’églises construites par lui, ou à la pose de la première pierre de quelques nouvelles églises. Trois évêques lui sont sur le dos, et ses courses commencent vendredi prochain. Je vous en conjure, un mot de réponse.

Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Veuillez remarquer que le retard, de quelque côté qu’il vienne, fera pâtir la maison de Nîmes, et l’important est qu’elle n’en souffre pas. Je vous écrirai encore demain.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc (1814-1879), architecte et écrivain, célèbre par ses restaurations de monuments du moyen âge (Notre-Dame de Paris, cité de Carcassonne, cathédrale d'Amiens, château de Pierrefonds, église de Vézelay,...). -Adolphe-Napoléon Didron (1806-1867), archéologue et maître-verrier avec son neveu. -Léon Vaudoyer (1805-1872) architecte, dont le nom est attaché à la nouvelle cathédrale de Marseille.