Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.476

23 jul 1858 Nîmes, GALABERT Victorin aa

Il peut aller à Lorette, rentrer en France et songer à un doctorat en théologie. -Demandes d’information sur divers sujets.

Informations générales
  • T2-476
  • 1062
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.476
  • Orig.ms. ACR, AJ 29; D'A., T.D. 32, n. 29, pp. 31-33.
Informations détaillées
  • 1 BREVIAIRE ROMAIN
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COUTUMIER
    1 DEFAUTS
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 EXAMENS ET DIPLOMES
    1 FACULTES DE THEOLOGIE
    1 GALLICANISME
    1 LIBERALISME CATHOLIQUE
    1 LITURGIES PARTICULIERES
    1 LUTTE CONTRE SOI-MEME
    1 MALADIES
    1 MARIAGE
    1 ORDINATIONS
    1 PELERINAGES
    1 PIETE
    1 SATAN
    1 SUPERIEUR GENERAL DES ASSOMPTIONNISTES
    1 THEOLOGIE DE SAINT THOMAS D'AQUIN
    1 ULTRAMONTANISME
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 BIZZARRI, GIUSEPPE
    2 BONALD, LOUIS-JACQUES-MAURICE DE
    2 CHAILLOT, LUDOVIC
    2 COLLET, PIERRE
    2 CUSSE, RENE
    2 FIORAMONTI, DOMENICO
    2 GALABERT, CHARLES
    2 GALABERT, ETIENNE-JOACHIM
    2 GALABERT, MADAME ETIENNE-JOACHIM
    2 HOWARD, EDWARD
    2 MATHIEU, JACQUES-MARIE
    2 MERODE, XAVIER DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIE IX
    2 PIE V, SAINT
    2 ROULAND, GUSTAVE
    3 BESANCON
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 FRANCE
    3 GENEVE
    3 LORETTE
    3 LYON
    3 NIMES
    3 ROME
    3 ROME, SEMINAIRE FRANCAIS
  • AU PERE VICTORIN GALABERT
  • GALABERT Victorin aa
  • 23 juillet 1858.
  • 23 jul 1858
  • Nîmes,
La lettre

C’est moi, mon cher ami, qui me trouve très coupable envers vous. Voilà plusieurs lettres que vous m’écrivez, et je ne vous ai pas répondu. Aujourd’hui, je veux prendre un moment pour causer à l’aise.

1° Le P. Picard m’a dit que vous aviez le désir de faire à pied le pèlerinage de Lorette. Je vous le permets, si vos forces n’en sont pas trop épuisées(1).

2° Pour le mariage de votre frère, je vous permets de venir, si M. Chaillot n’a pas trop besoin de vous(2).

3° Je ne serais pas fâché que vous fussiez docteur en théologie. Toutefois, consultez M. Chaillot(3).

Quant à votre ferveur, je suis affligé de voir qu’elle s’en va. J’aurais préféré apprendre que vous luttiez avec une certaine énergie. Qu’est-ce que la sainteté qui ne lutte pas? Bien peu de chose, je vous l’assure. Aussi voudrai-je vous voir prendre pour résolution d’avoir désormais autant d’horreur de l’imperfection que jusqu’à présent vous avez eu horreur du péché. Qu’est-ce, en effet, que l’état religieux? Status perfectionis acquirendae. Eh bien! votre premier but doit donc être d’écarter toute imperfection; le second, d’acquérir les vertus qui vous rendent parfait. Cela n’arrive que par une grande haine et un grand amour; un grand amour de la sainteté, une grande haine des moindres obstacles qui s’opposent à ce que nous l’acquérions.

Les détails que vous me donnez sur votre état me prouvent que vous étiez un peu sous les griffes du daemonium meridianum. Mais il ne faut pas trop vous en effrayer. Je crois que tout ce qui doit sortir de ces diverses impressions, c’est un grand mépris de vous-même et pas autre chose. Sur ce sentiment vous grefferez le sentiment de la confiance en Dieu, et tout ira bien. Vous voyez bien que, pour vous corriger de vos défauts, il faut les connaître. Le diable, sans s’en douter, vous rend un vrai service en vous les montrant. Une maladie connue est bien plus aisément guérie. Ainsi courage et persévérance, Dieu vous soutiendra.

Adieu. Tout à vous de coeur. Nous avons des peines au sujet de Clichy. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Ne faites jamais aucune démarche comme pour les extra tempora de Cusse, sans savoir si je l’ai approuvé. Vous voyez que l’on était allé un peu vite(4).

Voici quelques questions, en dehors de la lettre de direction.

1° Quelles sont les misères qu’on dit avoir subsisté dans le Séminaire français?(5)

2° Que savez-vous des discussions que les Dominicains français ont entre eux?(6)

3° Si M. Chaillot peut quelque chose pour empêcher que l’affaire des Facultés de théologie [aboutisse], qu’il use de toute son influence. Il y a là-dessous une conspiration gallicane des plus épouvantables, malgré toutes les précautions que Rome pourra prendre. Ici les évêques romains sont tous les jours effrayés de cette question (7).

4° Le cardinal de Bonald a eu une seconde attaque; on lui a interdit l’office et la messe. Il faudrait bien que Rome se décidât à mettre là un homme capable de tuer le gallicanisme lyonnais(8).

5° L’archevêque de Besançon est également atteint(9), mais le ministre actuel est très mauvais selon moi, -je parle de Rouland.

6° Si Bizzarri va être cardinal, puissiez-vous lui faire faire expédier au plus tôt quelques demandes que je voudrais présenter; car enfin, puisqu’il nous est favorable, je ne vois pas pourquoi nous ne profiterions pas de son bon vouloir(10).

8° [sic]. Avez-vous quelques relations avec Fioramonti? Pensez-vous qu’on pût l’aborder? Il a été très bon pour moi, et je voudrais faire par venir quelques observations sur l’état de Genève. Peut-être vous enverrai-je une lettre pour lui(11).

9° Voyez-vous Mgr Howard et Mgr de Mérode?.(12)

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Depuis Pâques, le P. Galabert projetait ce pèlerinage, mais écrit-il le 9 août, "si je viens en France, il n'est guère possible de le faire". Lorette est à plus de 300 km de Rome.
2. Ce mariage sera remis; mais le P. Galabert partira, après l'Assomption, pour répondre au désir de ses parents de le revoir.
3. "Si je reste à Rome, écrit le 9 août le P. Galabert, je vais tâcher de travailler sérieusement, afin d'apprendre les soixante articles de Saint Thomas exigés pour le premier examen, que j'essaierai de subir vers la fin de septembre, ou dans les premiers jours de novembre". Le P. Galabert quittera Rome le 21 août, et cet examen sera remis *sine die*. Le P. Galabert avait envisagé cet examen pour être à même de diriger à Nîmes les étudiants de l'Assomption, oomme le lui demandait le P. d'Alzon.
4. La partie suivante de la lettre est écrite sur une feuille à part. Le P. d'Alzon pose une série de questions, auxquelles, à l'exception de la 4e et de la 5e, le P. Galabert répondra le 6 août.
5."Les misères du Séminaire français, répond le P. Galabert, peuvent se résumer en peu de mots qui vous expliqueront tout: doctrines semi-gallicanes; modérantisme dans les principes; criailleries contre les exagérés; morale un peu sévère (Collet et Cie); comptes d'apothicaire à l'économat. Je ne vous parlerai que d'un seul fait. A la question: La coutume peut-elle prescrire contre la bulle de saint Pie V sur le bréviaire romain? L'on n'a pas osé répondre négativement et l'on a donné à en tendre que l'affirmative pourrait être vraie. Sous le rapport de la piété, je n'ai que des éloges à faire. Il y avait vraiment une réunion de jeunes gens d'élite, et le supérieur est un saint homme".
6. "Les Dominicains de France se disputent, dit-on, pour des questions de discipline intérieure. Au lieu d'étudier leur Saint Thomas, ils s'amusent à déterrer les vieilles constitutions de certaines provinces, quelquefois de simples couvents, de France. Ils font un choix des observances les plus rigides pour les proposer et les imposer à la province. L'on dit aussi que l'esprit libéral domine chez eux et que leur ultramontanisme est un peu à l'eau de rose".
7. "M. Chaillot vous remercie de l'avis que vous lui donnez sur les Facultés; mais il ne croit pas pouvoir en profiter".
8. Le cardinal de Bonald devait mourir archevêque de Lyon, le 25 février 1870. C'est en 1864 qu'il se plia à la réforme liturgique de Pie IX.
9. Le cardinal Mathieu devait mourir archevêque de Besançon, le 9 juillet 1875.
10. "L'élévation de Mgr Bizzarri au cardinalat paraît certaine, répond le P. Galabert; il serait même celui qui a été réservé *in petto* au consistoire de juin. Mais il ne faut avoir aucune crainte pour vos demandes; la manière dont on les présente nous donnera toujours un facile accès. En ayant soin d'y glisser des vrais principes romains, il n'y aura jamais aucune difficulté". -Précisons que Mgr Bizzarri ne devint cardinal que le 16 mars 1863, et qu'il s'agissait des demandes élaborées au Chapitre général; mais le P. Galabert fera des réserves sur la façon de présenter la nomination d'un supérieur général à vie.
11. "M. Chaillot trouve que vous ferez bien d'écrire à Mgr Fioramonti. Il est question de lui pour remplacer Mgr Bizzarri à la secrétairerie des Evêques et Réguliers.
12. "Mgr Howard me demande de vos nouvelles chaque fois que je le rencontre. Il est toujours le premier à m'arrêter dans les rues [...] Il me questionne sur notre Institut; je me suis tenu toujours sur la réserve la plus stricte. Quant à Mgr de Mérode, je ne le vois jamais ou presque jamais; on le trouve très rarement chez lui, et j'ai renoncé à aller le voir. Je lui ai fait une visite au commencement de l'année scolaire et au premier de l'an; j'y retournerai avant mon départ".