Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.481

30 jul 1858 Nîmes MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Les affaires de Clichy. -Envoi d’argent. -Ses rapports avec l’abbé de Cabrières et l’abbé Barnouin.

Informations générales
  • T2-481
  • 1066
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.481
  • Orig.ms. ACR, AD 1128; D'A., T.D. 22, n. 505, pp. 156-157.
Informations détaillées
  • 1 CHAPITRE GENERAL
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 CONTRAT DE LOCATION
    1 CURES D'EAUX
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
    1 RESSOURCES FINANCIERES
    1 SOCIETE DES ACTIONNAIRES
    1 SOINS AUX MALADES
    1 VICAIRE GENERAL
    2 ATTENOUX, MADAME
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BARNOUIN, HENRI
    2 BAUDON, ADOLPHE
    2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
    2 BRUN, HENRI
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CUSSE, RENE
    2 FABRE, JOSEPHINE
    2 GAY, CHARLES-LOUIS
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GROLEE-VIRVILLE, LEON DE
    2 LAURENT, CHARLES
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 CLICHY-LA-GARENNE
    3 EAUX-BONNES
    3 GENEVE
    3 NIMES
    3 PARIS, ARCHEVECHE
    3 RETHEL
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 30 juillet 1858.
  • 30 jul 1858
  • Nîmes
  • Evêché de Nîmes
La lettre

A l’instant votre lettre m’arrive. Je vous conjure de vous soigner. L’idée de se charger de l’administration de Clichy me semblerait merveilleuse(1). Pour moi, je le demande à Dieu de toute mon âme, et je vous avoue que c’est vers quoi je vous supplie d’appuyer, tant qu’il y aura une lueur d’espoir. Genève pourra fort bien attendre, Rethel confié aux Pères Cusse et Laurent sera très bien, et Clichy, comme vous dites, deviendra plus religieux.

Le P. Hippolyte a dû vous montrer une lettre de M. Bailly. Dans tous les cas, si les Visitandines veulent louer, il semble que Dieu nous tirera d’affaire. Avez-vous reçu les 16.000 francs de Joséphine(2). M. de Grolée a apporté hier 3.000 francs pour vous. Le bruit court en ville que M. Boucarut se retire, lui le nie formellement(3). Il ne m’a pas fait l’honneur de m’attendre; il est à la campagne.

Monseigneur a engagé l’abbé de Cab[rières] à aller avec lui aux Eaux-Bonnes; ils partiront le 17 août. Je doute que la chose s’accomplisse avant l’an prochain(4). En arrivant j’ai été aussi aimable que possible, mais les deux abbés étaient embarrassés(5). Ils se sont plaints que je ne leur disais rien de Clichy, dont je n’ai pas soufflé un mot, et figurez-vous qu’il s’est passé dans la maison de très graves choses, comme une séance générale de toutes les Conférences de Saint-Vincent de Paul, sans qu’on m’en ait dit un mot. Je l’ai appris quatre jours après mon arrivée par Mme Attenoux. Hier j’ai fait une sortie vigoureuse à l’abbé Barnouin qui l’avait provoquée par ses observations de plaisanterie sur des avis que j’avais donnés. Quant à l’ abbé de C[abrières], je ne le vois pas, quoiqu’en arrivant je lui aie fait toutes les avances.

Le noviciat, ici, les écrase, et toutefois les parents me demandent ici des religieux. Si un homme comme M. Baudon prenait sous son patronage la maison de Clichy, vous comprenez quelle influence cela aurait pour notre avenir. Quelques personnes, comme Durand, me disent qu’on parle de la fermeture de Clichy. Je réponds qu’on en sait plus que moi. Ce qui a dû y faire croire, c’est le mot que j’ai écrit à l’évêque, lequel ne s’est pas tu.

Adieu ma fille. N’ayez pas peur des reproches d’indépendance(6). Il faut savoir les accepter et aller. Votre conseil de Chapitre me semble très bien(7), mais prenez-y un peu la haute main et ne permettez pas les divagations. Nous avons un vent du nord qui fatigue un peu mes nerfs. Je ne sais que vous répéter: soignez-vous.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 28 juillet, Mère M.-Eugénie informait le P. d'Alzon que Clichy ne pouvait être pris en charge par les Maristes et que les Visitandines hésitaient encore à louer, "mais qu'à l'heure même une proposition s'agite pour le conserver à vos Pères, écrit-elle, en leur enlevant toute l'administration temporelle. On achèterait et on ferait toute l'affaire en demandant seulement que vos Pères continuent à diriger le collège. Nous ne savons pas si cela émane de gens bien sérieux. Le P. Laurent et le P. Hippolyte sont chez M. Bailly pour s'en assurer. Si cela est sérieux, c'est parfait et il faut trouver une combinaison pour y répondre. Celle du P. Laurent serait de mettre le P. Picard supérieur à Clichy; lui, à Rethel, seul avec le P. Cusse. Ce serait peut-être le moyen de rendre Clichy plus religieux. Pourriez-vous n'envoyer le P. Brun à Genève que dans un an? [...] On vous a sans doute dit que M. Baudon, en répondant à M. Bailly que la Société de Saint-Vincent de Paul ne peut acheter, ajoute: il ne faut pas que les Pères de l'Assomption quittent leur collège; c'est la seule maison où on comprenne l'esprit de notre Société, etc." -Ainsi, s'amorçait une opération comparable à celle de Nîmes pour sauver Clichy, la création d'un comité d'actionnaires. Mais cet espoir imposait à l'Assomption la tenue de trois collèges: Nîmes, Clichy et Rethel, avec, dans l'immédiat, une difficile répartition du personnel religieux, ouvert à d'autres horizons apostoliques que le seul enseignement.
2. Joséphine Fabre.
3. "J'apprends que M. de Cabrières vous quitte, écrivait le 28 juillet Mère M.-Eugénie; on dit qu'il sera nommé grand vicaire à la place de M. Boucarut. La lettre qui m'en parle est peu claire, vous m'en parlerez".
4. Cette phrase se rapporte à l'idée précédente d'un remplacement de M. Boucarut par M. de Cabrières comme vicaire général.
5. Les deux abbés de Cabrières et Barnouin.
6. "A l'évêché de Paris, on a dit à M. Gay que nous avions des tendances d'indépendance", écrivait Mère M.-Eugénie le 28 juillet.
7. Dans cette même lettre du 28 juillet, elle écrivait encore: "Nous avons fixé d'après la règle des Augustins la composition du Chapitre: la supérieure générale, l'assistante générale, les conseillères, l'économe générale, la maîtresse des novices, les supérieures particulières avec une *discrète* de chaque maison".