Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.485

2 aug 1858 Nîmes, DOUMET_MADAME

L’esprit de foi consiste à voir et à agir à i’exemple de Notre-Seigneur, en se mettant, contre les idées du monde, du côté de la croix. -Notre-Seigneur nuance, pour nous aider, sa loi et ses conseils dans la vie des saints.

Informations générales
  • T2-485
  • 1070
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.485
  • Orig.ms. AC P.S.A.; D'A., T.D. 37, n. 5, pp. 52-53.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU DANS L'AME
    1 AUSTERITE
    1 CONFESSEUR
    1 DEFAUTS
    1 ESPRIT CHRETIEN
    1 ESPRIT DE L'ASSOMPTION
    1 HUMILITE
    1 IMITATION DES SAINTS
    1 LIVRES
    1 MORTIFICATION
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    2 ACARIE, PIERRE
    2 BERULLE, PIERRE DE
    2 CREISSEIL, ETIENNE-PIERRE-FRANCOIS
    2 DOMINIQUE, SAINT
    2 DOUMET, MARIE-CATHERINE
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 MARIE DE L'INCARNATION ACARIE, BIENHEUREUSE
    2 PIE VI
    3 FRANCE
  • A MADAME DOUMET
  • DOUMET_MADAME
  • 2 août 1858.
  • 2 aug 1858
  • Nîmes,
La lettre

Je ne puis vous dire, ma chère fille, le plaisir que me cause votre lettre. Elle est pleine de cette bonne confiance dont vous avez besoin pour vous faire porter vers Dieu; j’espère aussi vous la rendre en affection et en dévouement. Toutes les fois que vous avez besoin de me parler, prenez la plume: cela vous fera du bien.

En effet, vous avez certes à faire des progrès dans l’esprit de foi, et pour cela il vous faut appliquer à voir les choses comme Notre-Seigneur les voit, à les faire comme Notre-Seigneur les eût faites. C’est souvent un peu dur, mais à la fin on y trouve de très grands avantages. Je suis enchanté que vous ayez quelque peine à pratiquer les petites mortifications. Elles n’en auront que plus de mérite, et peut-être comprendrez-vous que les grandes raisons que vous opposez pour n’en pas faire d’un peu plus fortes, reposent uniquement sur un soulèvement de la nature, qui cherche des motifs et des prétextes. Ce n’est pas que je veuille vous pousser à trop d’austérités, mais je crois qu’elles peuvent, dans une certaine limite, vous être bonnes, afin de vous aider à vous vaincre dans bien des défauts.

Vous avez eu une excellente idée de lire la vie de Mme Acarie(1). Tâchez d’imiter de loin quelques-unes des vertus de cette admirable veuve. Ce qu’elle a souffert vous prouve ce dont est capable une âme qui aime Dieu.

Sans connaître celle de vos belles-soeurs qui veut se faire religieuse, si son confesseur l’y pousse, vous ne sauriez mieux faire que de lui prêter main- forte. Que certaines critiques ne vous arrêtent pas. Est-ce que le véritable esprit chrétien n’est pas un livre fermé à une foule de gens? Acceptez avec humilité les reproches et les plaisanteries qu’on peut vous faire. Cela vous fera beaucoup de bien, en vous apprenant à vous mettre, contre les idées du monde, du côté de la croix.

Imprégnez-vous de l’esprit de saint Dominique; c’est en grande partie l’esprit de l’Assomption(2). Notre-Seigneur qui est le même pour tous, se manifeste à ses serviteurs selon les diverses vertus qu’il exige d’eux, et nuance pour ainsi dire sa loi et ses conseils, afin que chacun puisse trouver ce qui va le mieux au fond de sa nature. C’est là un des admirables côtés de l’action de Dieu sur les âmes.

Quel bonheur pour vous que la bonne tournure que prend Amélie! Vous verrez que cette enfant sera une petite sainte(3).

Adieu, ma chère fille. Je crains de ne pas vous voir de si tôt. Croyez à mon plus affectueux attachement.

E. D’ ALZON.

Veuillez me rappeler au souvenir de M. Creissel et lui offrir mes plus tendres amitiés.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
2. Si le P. d'Alzon situait "la raison d'être" de l'Assomption "entre les Jésuites et les Dominicains" (*Lettre* 659), l'esprit de l'Assomption était pour lui plus proche de l'esprit de saint Dominique, lequel liait zèle apostolique et communauté de vie fraternelle.1. On sait que Mme Acarie (1566-1618), née Avrillot de Champlâtreux, épouse de Pierre Acarie de Monberault (+1613), devenue Soeur Marie de l'Incarnation, déclarée bienheureuse par Pie VI le 16 juin 1791, fut la fondatrice en France de l'ordre des Carmélites, et tient une place très importante dans l'histoire du mouvement religieux au commencement du XVIIe siècle, à côté de saint François de Sales et du cardinal de Bérulle.
2. Si le P. d'Alzon situait "la raison d'être" de l'Assomption "entre les Jésuites et les Dominicains" (*Lettre* 659), l'esprit de l'Assomption était pour lui plus proche de l'esprit de saint Dominique, lequel liait zèle apostolique et communauté de vie fraternelle.
3. Amélie, fille de Mme. Doumet, deviendra Religieuse de l'Assomption et supérieure générale, sous le nom de Soeur Marie-Catherine.