Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.491

Mon cher ami,

Je vous remercie de la manière dont vous répondez aux détails que je vous demande. Je désire que vous soyez ici vers le 1er octobre. Vous pourriez faire votre voyage à Lorette et vous préparer au doctorat à Nîmes, oct[obre], nov[embre], déc[embre]. Vous passeriez vos examens en janvier. Quant à la demande, si la question du supérieur à vie fait une difficulté, ne présentez aucune demande(1). Voici pourquoi. C’est que je ne tiens point à être supérieur et que, si l’on fait une difficulté, je suis prêt à me retirer, comme s’est retiré M. Colin(2), le supérieur et fondateur des Maristes, mais je tiens au supérieur à vie. J’en fais une question capitale et je préférerais différer l’approbation définitive in aeternum plutôt que de céder sur ce point(3).

Quant aux actes du Chapitre général, nous sommes prêts à les envoyer. Pour le compte-rendu(4), je demanderai quelques mois. Nous traitons une grosse affaire qui nous permettra de n’avoir plus un sou de dettes, quand elle sera terminée, le reste sera bien facile à faire(5). Que ce ne soit donc pas le motif qui présente le moindre obstacle.

Dans tous les cas, je voudrais que la supplique commençât ainsi: Sacerdotes coadunati sub regula sancti Augustini et sub invocatione B[eatae] M[ariae] V[irginis] in coelos assumptae. Je vais essayer d’écrire à Mgr Fioramonti, j’aurai une occasion.

Quant à vous, mon cher enfant, entrez toujours un peu plus dans l’esprit de foi et laissez Notre-Seigneur agir en vous comme il l’entendra. Il faut quelquefois aller à la bonne, et souvent je crains que vous ne vous alambiquiez un peu trop l’esprit.

Mille chose à M. Chaillot. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Si vous pouviez nous procurer des reliques, vous seriez bien aimable.

E.D'ALZON

5. La création d'une société d'actionnaires qui auraient acheté le collège de Clichy. -A la date du 11 août, se sont ajoutés, à M. Bailly, pour débattre de ce projet, M. Maës, industriel de Clichy, et M. Louis Milleret de Brou, frère de Mère M.-Eugénie. Le 14 août, aura lieu à Clichy une réunion de ces Messieurs avec la participation des PP. Laurent et Saugrain et de Mère M.-Eugénie de Jésus. Tout le monde est d'accord sur le principe, mais se rend aussi à l'évidence qu'on ne pourra constituer une telle société qu'à la fin de l'année. Le P. Laurent en conclut à la nécessité d'envisager un nouvel exercice scolaire à Clichy, et demande que la communauté religieuse de Clichy ne soit pas trop démantelée par les nominations à faire pour le collège de Rethel. (Lettre du 15 août au P. d'Alzon).1. "M. Chaillot, écrivait le P. Galabert le 6 août, est d'avis de modifier la demande pour votre nomination de supérieur général [...] La nomination du supérieur général à vie est une des questions des plus graves et elle pourrait susciter des difficultés, et peut-être la demande échouerait. Il faut tourner la difficulté. M. Chaillot propose ce moyen: les membres du Chapitre général font une supplique au Pape, où ils exposent que, s'étant réunis pour traiter des affaires de l'Institut, ils ont à votre insu pris la résolution de vous demander pour supérieur général, dont vous avez rempli les fonctions jusqu'à présent comme fondateur de l'Institut. Ils prient le Saint-Siège de vous confirmer et de vous proroger dans vos fonctions *usque ad beneplacitum Sanctae Sedis et S Congregationis EE. et RR.* [...] Présentée de cette manière, notre demande n'éprouvera aucune difficulté et votre nomination sera canoniquement reconnue".
On demandait donc deux choses à Rome, en fonction des décisions du chapitre général: la re connaissance par Rome de la nomination du P. d'Alzon comme supérieur général, et le privilège pour l'Assomption d'avoir un supérieur général à vie. Dès lors, le P. d'Alzon tient à se défendre de tout intérêt personnel, car Rome pourrait, à priori, soupçonner une manoeuvre ou une pression.
2. Le P. Jean-Claude Colin (1790-1875), fondateur et supérieur général des Maristes, avait, en 1854, épuisé par sa tâche, donné sa démission.
3. La question du supériorat général à vie à l'Assomption fut encore abordée au Chapitre général de Rome en 1922-1923, lors de i'approbation des constitutions.
4. Il s'agit du compte-rendu des affaires temporelles, afin de se mettre en règle en ce domaine avec les Constitutions apostoliques.
5. La création d'une société d'actionnaires qui auraient acheté le collège de Clichy. -A la date du 11 août, se sont ajoutés, à M. Bailly, pour débattre de ce projet, M. Maës, industriel de Clichy, et M. Louis Milleret de Brou, frère de Mère M.-Eugénie. Le 14 août, aura lieu à Clichy une réunion de ces Messieurs avec la participation des PP. Laurent et Saugrain et de Mère M.-Eugénie de Jésus. Tout le monde est d'accord sur le principe, mais se rend aussi à l'évidence qu'on ne pourra constituer une telle société qu'à la fin de l'année. Le P. Laurent en conclut à la nécessité d'envisager un nouvel exercice scolaire à Clichy, et demande que la communauté religieuse de Clichy ne soit pas trop démantelée par les nominations à faire pour le collège de Rethel. (Lettre du 15 août au P. d'Alzon).