- T2-497
- 1080
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.497
- Orig.ms. ACR, AD 1133; D'A., T.D. 22, n. 512, pp. 165-166.
- 1 COLLEGE DE CLICHY
1 DONATIONS
1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 NOMINATIONS
1 PRIEURE DE NIMES
1 PROJET D'UNION AVEC LES CHANOINES DE ST AUGUSTIN
1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
1 RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 SOCIETE DES ACTIONNAIRES
1 VICAIRE GENERAL
2 BARNOUIN, HENRI
2 BOUCARUT, JEAN-LOUIS
2 CABRIERES, ANATOLE DE
2 CHANTOME, PAUL
2 CONTE, FRANCOIS-ULYSSE
2 CUSSE, RENE
2 HOWARD, EDWARD
2 LAURENT, CHARLES
2 LOYSON, HYACINTHE
2 MILLERET, LOUIS
2 PALERMO, GIUSEPPE
2 PICARD, FRANCOIS
2 PIE IX
2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
2 SABEN, MADEMOISELLE
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
2 TALBOT, GEORGE
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
3 ANGLETERRE
3 BULGARIE
3 CLICHY-LA-GARENNE
3 ESPAGNE
3 FRANCE
3 FRASCATI
3 LAMALOU-LES-BAINS
3 LAVAGNAC
3 MIDI
3 NIMES
3 PARIS
3 RETHEL
3 ROME - A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
- MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
- le 20 août 1858.
- 20 aug 1858
- Nîmes.
- Evêché de Nîmes
Ma chère fille,
Une demi-heure après avoir reçu la lettre de M. Conte, je suis sûr qu’il l’avait entre les mains(1). M. Barn[ouin] m’a affirmé que la pièce, telle que vous la demandez, était faite; mais peut-être est-elle égarée. Quoi qu’il en soit, je veillerai à ce que M. Conte l’envoie, et si M. Louis a besoin de venir(2), je serai heureux de le recevoir. Je ne pars d’ici que le 27(3).
Vos constructions avancent très rapidement. Il est évident que l’entrepreneur est très intelligent et très actif, les matériaux sont superbes. Monseigneur que j’ai conduit l’autre jour sur le terrain, et toutes les personnes qui y viennent, les admirent. Je suis moins content de l’architecte, qui du reste a mécontenté les entrepreneurs par sa lenteur. Toutefois, si les choses vont du train où elles vont en ce moment, la toiture sera posée au mois de novembre, au plus tard. Il restera près d’un an pour sécher.
En réfléchissant aux propositions que je vous ai faites pour Mlle Saben, il est incontestable que cette bonne fille vous donnera tout ce que vous voudrez. Le difficile est le mode à prendre pour lui garantir de quoi vivre, parce que c’est la tête la plus embrouillée que je connaisse. Je vais lui proposer, si l’idée des billets souscrits par vous et laissés entre mes mains ne lui va pas, je vais lui proposer de vous donner à fonds perdu. Bien entendu que vous lui donneriez au plus le 4%. Cela vous va-t-il?
Quant à Clichy, il paraît que, du moment que vous avez prononcé le nom d’une Sainte-Barbe catholique, le P. Laurent a été tout changé(4). On voulait se débarrasser des Pères Picard et Hippolyte; c’est quelque chose d’inouï(5). On a dû vous dire l’arrangement que j’ai pris pour Rethel; je le crois provisoirement le meilleur.
L’abbé de Cab[rières] avait conclu à la possibilité de sa nomination au grand vicariat, d’une explication très vive qui a eu lieu entre M. Boucarut et Monseigneur. L’abbé Barnouin l’avait su par M. Conte, le notaire, et n’en avait rien dit. Depuis, M. Conte me l’a conté, et j’ai su que M. Boucarut partant pour la campagne avait dit qu’il y resterait peut-être toujours. La nomination de M. de Cabrières serait très mal vue, et à moins d’une imprudence, c’est impossible d’ici à longtemps. Je crois qu’il est parti mécontent, mais son père ne me parle plus de le reprendre. Où irait-il?
Mgr Howard a perdu un peu de son prestige à Rome en entrant dans la prélature,; il n’est point auprès du Pape. Mgr Talbot a demandé au Saint-Père de ne le point quitter; le Pape y a consenti et il n’y a plus eu de place pour Mgr Howard(6). Je sais qu’il a à Rome la réputation d’avoir peu de portée dans l’esprit. De plus, vous savez bien ce que le Supérieur général des Augustins a dit au P. Picard: Quand notre noviciat sera bien organisé, je suis sûr que nous aurons du monde(7).
Adieu, ma fille, et tout vôtre en Notre-Seigneur.
E. D'ALZON.2. Louis Milleret, frère de Mère M.-Eugénie, lequel s'était engagé à appuyer le projet de créer une société par actions en vue d'assurer la survie du collège de Clichy. était alors de passage dans le Midi de la France.
3. Du 27 août au 6 septembre, le P. d'Alzon fera un séjour a Lavagnac, avant de se rendre à Lamalou, où il demeurera jusqu'au 23 septembre.
4. "Un mot heureux, prononcé comme par hasard par Mme la Supérieure, écrivait le 17 août le P. Tissot au P. d'Alzon, a achevé de changer toutes les idées du P. L[aurent] et l'a rendu chaud partisan de la vente par actions. *Nous voulons faire une Sainte-Barbe catholique*: voilà ce qu'on peut dire hardiment à tous les parents de nos élèves et aux personnes les plus haut placées dans lie parti catholique. Or, en le disant, nous ne jetons pas un cri d'alarme, mais nous montrons que notre oeuvre est prête à prendre un plus grand développement, qu'elle répond à des sympathies nombreuses, qui n'ont besoin que d'être réunies pour devenir puissantes, Le beau mouvement-catholique, qui a eu lieu à Nîmes l'année dernière à pareille époque, fut excité surtout par l'antagonisme du collège demi-protestant de la ville qui allait profiter des ruines du collège de l'Assomption. A Paris, nous pouvons obtenir un succès semblable et plus grand encore en nous posant comme les antagonistes du collège qui représente au plus haut degré l'esprit rationaliste et libéral, l'esprit laïc dans l'enseignement. Incontestablement rien d'analogue n'a été opposé jusqu'ici contre cette puissante machine de guerre qui fut dressée par les libéraux de 1830 contre l'enseignement du clergé et des ordres religieux".
5. Le P. d'Alzon majore peut-être ici ce passage de la lettre que lui adressait le Fr. Cusse le 31 juillet, où il écrivait, après une tentative de répartition du personnel entre Clichy et Rethel: "Les PP. Picard et Hippolyte viendraient habiter Clichy, mais sans fonction dans le collège. Leurs occupations se borneraient au service des Dames de l'Assomption et de l'oeuvre de Saint-François de Sales".
6. Mgr Talbot et Mgr Howard étaient l'un et l'autre d'origine anglaise. Mgr Talbot, camérier secret du Pape, devait être pendant près de vingt ans le confident et le favori le plus intime de Pie IX; atteint de maladie mentale, il dût être interné à partir de 1868. Mgr Howard (1829-1892), que Mère M.- Eugénie avait connu en Angleterre, venait d'être nommé camérier secret du Pape. Il devint par la suite Préfet de la Fabrique de Saint-Pierre, évêque de Frascati et membre de huit Congrégations romaines; sa promotion cardinalice date de 1877. L'un et l'autre devaient, en 1862, orienter l'apostolat du P. d'Alzon de son oeuvre syrienne vers la mission bulgare.
7. De passage à Paris en août 1858, Mgr Howard se faisait auprès de Mère M,- Eugénie le porte parole des Augustins pour relancer le projet d'union avec l'Assomption: "Mgr Howard est venu nous voir, il y a cinq jours, écrit la Mère le 18 août au P. d'Alzon; il reste à Rome près du Pape; il est toujours aussi passionné pour que vous soyez Ermites de Saint-Augustin, tout bonnement. Il m'a priée de vous dire que le Général actuel est un très bon religieux, choisi par le Pape, qui désire passionnément avoir au moins une province irréprochable; qu'ayant trois maisons, vous pourriez former une province; qu'une fois constitués en province, vous auriez vos élections et nul ne pourrait toucher à vous; que sans faire de réforme, la règle n'est pas austère, et que si vous étiez Augustins, avec l'habit et l'ancienneté de l'ordre,vous auriez bien plus de vocations. Ce dernier point est vrai. Les hommes d'aujourd'hui cherchent des Ordres établis; M. Loyson tourne vers les Carmes à cause de ce qu'il a trouvé de peu religieux aux Dominicains; le supérieur de Rethel n'a fait d'objections à votre Congrégation que sa nouveauté. Je ne serais pas étonnée que le même motif vous enlevât l'abbé Chantôme. Voulez-vous que j'invite M. Loyson à aller faire son noviciat à Rome, pour vous revenir Augustin? Cela le tenterait".
Le P. Picard, informé des propos de Mgr Howard, écrira au P. d'Alzon le 26 août: "Mme la supérieure m'a parlé beaucoup aussi des propositions de Mgr Howard. Tout cela me fait croire votre futur voyage à Rome fort désirable; vous pourrez facilement juger par vous-même de tout ce qu'on peut faire. La proposition de M. Howard me paraît un peu hasardée; car, comment former une simple province dans un Ordre, lorsqu'on sent la nécessité de modifier dans les constitutions des choses essentielles comme le but, etc. Pourtant vous pourrez voir, car les Augustins, ayant des maisons d'éducation dans certains pays, à ce que m'avait dit Mgr Palermo, ils doivent avoir fait pour cela quelques modifications à leurs constitutions; mais vous ne pouvez traiter toutes ces choses que sur les lieux, sans quoi on s'exposerait à ne faire que des châteaux en Espagne".