- T2-516
- 1099
- Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.516
- Orig.ms. AC P.S.A.; D'A., T.D. 34, n. 8, pp. 56-57.
- 1 CHARITE ENVERS DIEU
1 DEFAUTS
1 ESPRIT CHRETIEN
1 JESUS-CHRIST MODELE
1 LIVRES
1 MAITRISE DE SOI
1 ORAISON
1 PATENE
1 PENITENCES
1 PERFECTION
1 VOLONTE DE DIEU
2 COMBIE, JULIETTE - A MADAME DOUMET
- DOUMET_MADAME
- 13 sept[embre 18]58.
- 13 sep 1858
- Lamalou,
- Madame
Madame Doumet
6, rue de la Maison Carrée
Nîmes
Ma chère fille,
En attendant que je reçoive votre réponse à mes questions d’hier, voici quelques points essentiels sur lesquels je désire appuyer l’oeuvre de votre perfection.
1° Vous vous appliquerez par tous les moyens à comprendre combien vous êtes mauvaise, orgueilleuse, susceptible, faible, etc.
2° Vous vous proposerez toujours de prendre dans vos actions Notre-Seigneur pour modèle, et, dans votre examen du soir, vous réfléchirez surtout aux points de la journée où vous vous êtes écartée de cette disposition.
3° Vous vous appliquerez à vous porter aux choses pénibles, aux sacrifices que Dieu demande de vous; mais pour que la ferveur ne devienne pas imprudente, vous ne ferez rien d’un peu important sans en demander la permission.
4° J’exige absolument que vous deveniez maîtresse de vous-même dans vos rapports avec vos enfants. Toutes les fois que vous vous serez impatientée, vous baiserez la terre.
5° Vous vous donnerez un peu sérieusement à l’oraison. Il eût été inutile que vous eussiez lu les livres que vous avez eus entre les mains depuis quelque temps, si vous n’en retiriez quelque fruit pratique pour l’oraison et la mortification. Si vous pouvez me bien faire connaître l’état de votre âme à cet égard, vous me ferez plaisir.
6° Vous êtes faite pour aimer beaucoup, et Dieu, en brisant votre coeur, veut que vous le tourniez du côté du ciel. Vous avez donc à servir Dieu avec ardeur, et c’est à la vraie perfection de votre état que vous devez tendre.
Relisez ce que j’ai écrit pour vous, il y a quelques mois(1). Il me semble que j’exige chaque jour un peu plus, quoique, au fond, ce soit la même chose.
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Encore un mot. Je vais vous poser sur la patène. Je vous offrirai à Notre-Seigneur avec les âmes qui me sont le plus chères, afin que vous vous mettiez tout de bon à toute la perfection dont vous êtes capable, non pas celle que vous rêvez ni celle que je puis vouloir, mais celle que Dieu veut. Je demanderai pour vous l’intelligence du mystère de la croix, l’esprit de sacrifice et d’immolation, l’esprit de foi dans la souffrance, l’esprit de force dans la mortification, et l’esprit de pauvreté qui se sert des choses de la terre, mais ne s’attache qu’aux choses du ciel. Je demanderai à Notre-Seigneur de donner des ailes à votre coeur, afin qu’il puisse s’élancer vers lui et se reposer sur sa croix dans une soumission amoureuse à tout ce qu’il demande de vous, et une grande énergie pour l’accomplir.
Adieu, ma chère fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur.
E. D’ALZON.
En me relisant, je crois que je n’ai pas assez bien exprimé ma pensée. Sentez-vous que, dans tout ce que je demande, il y a à entrer pour vous dans un nouvel ordre de choses? Que vous devez élever vos pensées au-dessus des choses de la terre, vous diriger par des motifs de foi, faire taire la voix du monde, et tout en y restant ne plus en être. La préparation de l’année qui vient de s’écouler est-elle suffisante? Faut-il vous donner du temps encore? Faut-il vous prendre comme une personne décidée à tout donner, tout sacrifier dans l’amour de Notre-Seigneur, ou bien faut-il aller pas à pas?
Si je vous répète sans cesse cette question, c’est que j’ai quelquefois peur que vous ne trouviez trop d’empressement chez moi, et que pourtant quelque chose me crie qu’il est pour vous temps de ne plus reculer et de marcher à grands pas. Pardonnez-moi si vous trouvez que je suis importun, mais il me semble que le temps presse. D’autre part, votre caractère ne me semble pas fait pour les demi-mesures, et si vous commencez, vous devez aller à tout ce que Dieu veut, selon la position où il vous a placée.
Je ne vous ai pas parlé de l’oraison, parce qu’il faudra toute une lettre sur ce chapitre. Cependant, voulez-vous vous y mettre, malgré toutes les répugnances du commencement? Voyez quel bavard je suis. Je veux prier Juliette de vous être une vraie soeur dans le travail que vous voulez entreprendre.
Adieu, encore une fois. J’attends bientôt une réponse.
E.D'ALZON