Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.529

19 sep 1858 [Lamalou,] VARIN_MADAME

Les souffrances du Christ et de sa Mère nous aident à assumer nos propres souffrances. -Son opinion pour l’avenir de sa fille Isaure. -Dieu aime les humbles et les oeuvres qui soulagent les petits.

Informations générales
  • T2-529
  • 1108
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.529
  • Orig.ms. ACR, AP 62; D'A., T.D. 40, n. 11, p. 187.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 COLONIES AGRICOLES
    1 CROIX DU CHRETIEN
    1 FETES DE MARIE
    1 FOI
    1 HUMILITE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MARIE NOTRE MERE
    1 PENITENCES
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 SOUFFRANCES DE JESUS-CHRIST
    1 VOCATION RELIGIEUSE
    1 VOLONTE DE DIEU
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 VARIN D'AINVELLE, FAMILLE
    2 VARIN d'AINVELLE, FELIX
    2 VARIN D'AINVELLE, JEANNE-EMMANUEL
    3 NIMES
    3 SERVAS
  • A MADAME VARIN D'AINVELLE
  • VARIN_MADAME
  • le 19 septembre 1858(1).
  • 19 sep 1858
  • [Lamalou,]
La lettre

C’est aujourd’hui, ma chère fille, la fête de Notre-Dame des Sept Douleurs, et je demande du fond du coeur à cette bonne Mère des dispositions d’esprit de souffrance et de sacrifice qui vous portent à vous sanctifier au milieu des croix que Notre-Seigneur vous envoie. Vous avez bien raison, les douleurs endurées par la Sainte Vierge et son divin Fils furent surtout les douleurs de l’âme, et ce furent les plus amères. Elles n’étaient pas nécessaires, le monde devait être sauvé par l’effusion du sang d’un Dieu. Elles furent donc endurées pour nous donner une marque de l’amour que Jésus et sa Mère portent aux hommes et de l’horreur qu’ils ont du péché. Ce qu’il y a de volontaire dans ces souffrances (qu’est-ce que la Sainte Vierge pouvait avoir à expier pour elle?) nous apprend l’intention, la force de volonté, l’énergie, l’amour que nous devons apporter à la mortification, soit qu’elle ressorte des circonstances où notre vie se trouve placée, soit qu’elle nous soit une preuve que nous voulons donner à Dieu, de notre horreur du péché et de notre désir d’être digne de lui.

La faiblesse des chrétiens vient de deux causes: ils ne croient pas assez aux mystères de l’amour de Dieu envers nous et ils n’aiment pas assez. Si nous avions la foi et la charité des saints, toutes les croix nous seraient une jouissance et une lumière. Nous jouirions du bonheur de rendre à Dieu quelque chose; nous nous éclairerions de tous les enseignements que Dieu en ferait jaillir, précisément parce que nous ne ferions qu’un de ses mystérieuses souffrances et des nôtres.

Je verrai si Monseigneur veut faire la circulaire pour les tabernacles(2). A mon retour à Nîmes, je lui en parlerai. Peut-être cela vaudra-t-il mieux qu’une lettre. Vous savez si l’on m’a fait le reproche de pousser les jeunes filles au couvent. Je ne suis donc pas suspect en vous disant que si Mlle Isaure voulait(3), en renonçant à un établissement dans le monde, se faire votre petite associée pour les oeuvres que vous avez entreprises, peut-être ferait-elle un plus grand bien qu’en se faisant religieuse. Je n’affirme rien. Il faut prier, il faut consulter Dieu, ne pas mettre sa volonté et ses désirs à la place du Saint-Esprit, mais il serait bien possible que la vérité fût là. Pour connaître la volonté de Notre-Seigneur, offrons cette enfant comme s’il nous la demandait, et puis attendons.

Tenez ferme dans votre colonie(4), soyez humble surtout, ne vous laissez pas aller à l’amour-propre de fondatrice. Dieu aime les humbles et les oeuvres qui soulagent les petits. Vous avez bien raison, ne vous plaignez point. Ce sera le meilleur moyen d’aimer vos peines, et, quand vous serez convaincue qu’elles sont votre plus précieux trésor, Dieu vous décuplera les moyens de réussir et de vaincre *l’homme ennemi(5).

Adieu, ma bien chère fille. Tout vôtre en Notre-Seigneur, avec le plus respectueux dévouement. Mille souvenirs à Félix(6).

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le P. d'Alzon écrit de Lamalou, en utilisant un papier à l'en-tête de l'évêché de Nîmes.
2. Circulaire à faire par Monseigneur Plantier pour l'oeuvre des tabernacles.
3. Isaure, l'une des filles de Mme Varin d'Ainvelle.
4. Colonie agricole de Servas, fondation de la famille Varin d'Ainvelle.
6. Fils de Mme Varin d'Ainvelle, ancien élève de l'Assomption (1851-1856).5. Mt 13, 28.