Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.542

5 oct 1858 [Lavagnac, VARIN_MADAME

La doctrine de la croix repose sur la foi. -La Sainte Vierge peut nous en faire comprendre le mystère. -Le fruit de l’oraison doit être un accroissement de vie théologique.

Informations générales
  • T2-542
  • 1121
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.542
  • Orig.ms. ACR, AP 63; D'A., T.D. 40, n. 12, p. 189.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 AUGUSTIN
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 FOI BASE DE L'OBEISSANCE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 MAITRE DES NOVICES ASSOMPTIONNISTE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 ORAISON
    1 PERFECTION
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 SPIRITUALITE TRINITAIRE
    1 TOUSSAINT
    1 VERTUS THEOLOGALES
    2 FRANCOIS DE SALES, SAINT
    2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
    2 SAGE, ATHANASE
    3 NIMES
  • A MADAME VARIN D'AINVELLE
  • VARIN_MADAME
  • le] 5 oct[obre 18]58.
  • 5 oct 1858
  • [Lavagnac,
La lettre

Il n’est pas précisément nécessaire de comprendre très bien ce que je vous dis, Madame, l’essentiel est de commencer à le pratiquer, et peu à peu on comprend. Notre-Seigneur disait: « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez point »(1). La doctrine de la croix repose sur la foi, puisqu’elle est souverainement répugnante à notre nature. On le pratique, ce qui est un excellent acte de foi en action; puis, on en jouit, parce que l’on comprend tout ce qu’elle a de bon et d’utile. La perfection ne consiste pas dans les grandes souffrances, qui se présentent à de rares intervalles, mais dans les petites immolations de tous les jours. Etre approuvée de tous et en tout, c’est tout bonnement impossible. Est-ce que Notre-Seigneur l’a été? Est-ce que Dieu l’est dans le gouvernement du monde? C’est un privilège qu’il s’est refusé. Pourquoi l’auriez-vous? La peine est nécessaire. Etre blessée et souffrir n’est pas un mal, mais bénir Dieu de sa souffrance, mais préférer la douleur au plaisir, l’humiliation aux satisfactions de l’amour-propre, comme Marie sur le Calvaire, voilà la perfection. Chaque matin, demandez à la Sainte Vierge de vous faire bien comprendre le mystère de ses douleurs; peu à peu, vous vous en pénétrerez. Si ce n’est pas l’affaire d’un jour, ce sera le fruit d’un mois, d’un an, mais vous en viendrez à bout.

Ne vous tracassez pas de méthodes; elles sont un inconvénient, quand elles ne sont pas un moyen. Pourvu qu’après votre oraison vous vous sentiez plus pleine de foi, d’espérance, de charité,d’humilité ou de contrition, peu importe le moyen pris par vous pour accroître ces vertus(2). Je pars sous peu pour Nîmes, et, à moins d’impossibilité absolue, je compte bien aller vous voir avant la Toussaint. Je serai à Nîmes le 9 octobre.

Adieu, Madame. Veuillez agréer l’hommage de mes sentiments les plus respectueusement dévoués.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum
2. Dans la cinquième circulaire qu'il écrira pour ses religieux, le 27 juin 1874, le P. d'Alzon dira qu'une méthode d'oraison est indispensable. "Il y en a plusieurs et je n'insiste pas beaucoup sur le choix". Cependant il conseille au maître des novices de proposer à ses novices la méthode de saint François de Sales; mais au-delà des méthodes, dit-il encore, il y a des principes que doivent étudier ceux qui veulent non seulement faire oraison, mais plus tard y former les autres". Il propose alors au maître des novices de les découvrir plutôt dans saint Jean de la Croix et dans saint François de Sales. Là encore, rien d,exclusif. Et, passant des méthodes et des principes, il expose, écrit-il, "ce que je n'ose appeler l'esprit de notre oraison: aller à Dieu par la connaissance du Fils, dans l'amour du Saint Esprit". (*Ecrits spirituels*, pp. 215-224). Ce qui est typiquement augustinien, écrit le P. Sage, puisque on prie avec son être humain fait à l'image de Dieu: la mémoire privilégie la foi au Père; l'intelligence scrute les trésors de sagesse.et de science du Verbe;le coeur tend vers l'amour dans l'Esprit-Saint, qui unit le Père et le Fils.2. Dans la cinquième circulaire qu'il écrira pour ses religieux, le 27 juin 1874, le P. d'Alzon dira qu'une méthode d'oraison est indispensable. "Il y en a plusieurs et je n'insiste pas beaucoup sur le choix". Cependant il conseille au maître des novices de proposer à ses novices la méthode de saint François de Sales; mais au-delà des méthodes, dit-il encore, il y a des principes que doivent étudier ceux qui veulent non seulement faire oraison, mais plus tard y former les autres". Il propose alors au maître des novices de les découvrir plutôt dans saint Jean de la Croix et dans saint François de Sales. Là encore, rien d,exclusif. Et, passant des méthodes et des principes, il expose, écrit- il, "ce que je n'ose appeler l'esprit de notre oraison: aller à Dieu par la connaissance du Fils, dans l'amour du Saint Esprit". (*Ecrits spirituels*, pp. 215-224). Ce qui est typiquement augustinien, écrit le P. Sage, puisque on prie avec son être humain fait à l'image de Dieu: la mémoire privilégie la foi au Père; l'intelligence scrute les trésors de sagesse.et de science du Verbe;le coeur tend vers l'amour dans l'Esprit-Saint, qui unit le Père et le Fils.1. I 7, 9 (version des Septante).