Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.546

14 oct 1858 Nîmes. MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il savait qu’elle se proposait de venir à Nîmes. -Affaires diverses. -Il promet de se ménager beaucoup. -A propos d’un nouveau livre du P. Faber. -Mgr Plantier est parti pour Rome.

Informations générales
  • T2-546
  • 1125
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.546
  • Orig.ms. ACR, AD 1149; D'A., T.D. 22, n. 326, pp. 179-181.
Informations détaillées
  • 1 AUTEURS SPIRITUELS
    1 BONTE
    1 COUCHER
    1 CRAINTE
    1 DIRECTION SPIRITUELLE
    1 INFIRMERIE
    1 LEVER
    1 MEDECIN
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 MORTIFICATION
    1 MYSTERES DE MARIE
    1 OFFICE DIVIN
    1 PERFECTION
    1 PRIEURE DE NIMES
    1 SANTE
    1 VOYAGES
    2 BOUSQUET
    2 BRUN, HENRI
    2 CAVOUR, CAMILLO
    2 CLASTRON, JULES
    2 DUPANLOUP, FELIX
    2 FABER, FREDERIC-WILLIAM
    2 HAY, MARIE-BERNARD
    2 KOMAR, LOUISE-EUGENIE DE
    2 LANDRIOT, JEAN-BAPTISTE
    2 MAC GAURAN, MISS
    2 MATHIEU, JACQUES-MARIE
    2 MILLERET, LOUIS
    2 NAPOLEON III
    2 PATY, MARIE-CAROLINE DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    2 PLEINDOUX, AUGUSTIN
    2 POTOCKA, MADAME
    2 REVOIL, HENRI-ANTOINE
    2 SABEN, MADEMOISELLE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    2 SERRE, JEAN-BAPTISTE
    2 SHAW, MARIE-WILFRID
    2 VARIN D'AINVELLE, MADAME J.-B.-FELIX
    3 AUTRICHE
    3 ITALIE
    3 NIMES
    3 PIEMONT
    3 PLOMBIERES-LES-BAINS
    3 ROME
    3 SICILE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • le 14 oct[obre] 1858.
  • 14 oct 1858
  • Nîmes.
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Ma bien chère fille,

Nos lettres se sont croisées et je réponds d’avance à une partie de vos questions. Seulement je savais déjà, au moins par deux personnes, que vous deviez venir. Si le secret n’est pas gardé, il faudra croire que je n’y suis pour rien. Mme Varin, en effet, vous désire énormément et c’est, je le vois, chose très sérieuse.

Après avoir examiné vos idées au sujet du corridor derrière les infirmeries, je partage mille fois votre avis. Il faut tenir bon. M. Revoil veut trop faire de l’art. Veuillez dire à Soeur M.-Caroline qu’il paraît que Mlle Mac G[arran] a mis de la prudence dans ce qu’elle m’a dit de Nathalie, car dans ses paroles il n’y avait rien qui ne fût la répétition des paroles de Mme Potocka et de la supérieure des Oiseaux. C’étaient seulement des détails à l’appui. Nathalie m’a écrit. Si j’ai le temps, je lui répondrai par Soeur M.-Bernard, à qui je dois une réponse. Soeur M.-Wilfrid m’a écrit aussi. Elle me dit qu’elle me craint et que cela lui fait du bien. Mieux veut que je prenne le rôle sérieux.

Je vous promets de me ménager beaucoup. Toutefois, je ne vais pas si mal. J’ai une mine trompeuse, les médecins trouvent que mon facies s’est considérablement amélioré. Et M. votre frère, comment va-t-il? Veuillez croire que ce n’est pas une simple question de politesse; sa bonté si franche m’a gagné le coeur, à part ce qu’il vous est(1).

Nous avons pris le parti de nous lever à 4 heures et de dire l’office le matin. A Rome, on ne permet pas l’office le soir. On se couche plus tôt.

Je ne vous ordonne pas d’aller avec le P. Hippolyte comme avec le P. Picard, mais je crois que, quand vous voudrez, comme supérieure générale, obtenir des grâces pour vos religieuses qui ont des répugnances analogues, vous ferez cette espèce de mortification et qu’elle vous obtiendra de bons résultats(2). Je viens de lire Le pied de la croix de Faber, je vous engage à le parcourir. C’est bien délayé, mais il y a quelques passages admirables sur le calme de Marie aux pieds de son Fils. Je crois que si une religieuse, qui aurait lu ce livre, vous indiquait les passages où la Sainte Vierge est peinte dans cette douloureuse paix, cela vous ferait beaucoup de bien. C’est la perfection intérieure s’accomplissant dans une très grande douleur, un très grand amour, une très grande paix et une très grande fécondité, quoique cette dernière condition fût pour le moment cachée à Marie. Vous figurez-vous votre père mettant tous ses efforts à se tenir en paix sur le Calvaire, entre Notre-Seigneur et la Sainte Vierge? C’est là pourtant que je voudrais vous retrouver.

La promesse de M. Bousquet de vous laisser du temps est, je crois, très sérieuse. Le P. Brun, par quelques maladresses, a compromis la position auprès de Mlle Saben. L’évêque est parti pour Rome; il serait, je crois, enchanté de vous y rendre quelque service(3).

Adieu, ma fille. J’ai encore mille choses à vous dire, mais je vais m’arrêter. Tout vôtre en Notre-Seigneur.

E. D’ALZON.

Il est évident que, sauf raison majeure, votre présence ici est très utile, même nécessaire.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
3. Mère M.-Eugénie s'interroge sur cette proposition, lorsqu'elle écrit le 18 octobre: "Je suis effrayée de la rencontre à Rome de votre évêque [Mgr Plantier] avec ceux d'Orléans [Mgr Dupanloup], de La Rochelle [Mgr Landriot] et le cardinal de Besançon [Mgr Mathieu]. Ne serions-nous pas exposées, en l'occupant de nous, qu'il en parlât dans un sens qui ne serait pas le vôtre?"
Au moment de son sacre, Mgr Plantier s'était promis de se rendre à Rome après trois ans d'épiscopat. Il partit de Nîmes, accompagné de son secrétaire, l'abbé Serre, et du docteur Pleindoux. L'itinéraire du voyage comprit toute l'Italie, sans excepter la Sicile. L'évêque de Nîmes en a laissé une relation manuscrite qui n'a pas moins de 126 pages, et que publie en partie son biographe, l'abbé CLASTRON (1, p. 327-356). Il aura donc l'occasion de voir la situation des divers Etats de l'Italie avant que ne se déclenchent les événements qui provoqueront la marche du pays vers son unité, puisque Napoléon III, à l'entrevue de Plombières, le 20 juillet, a assuré Cavour de sa résolution à sou tenir le Piémont dans une guerre contre l'Autriche.1. Le P. d'Alzon a donc rencontré à Nîmes Louis Milleret, frère de Mère M.-Eugénie.
2. Parlant du P. Saugrain, Mère M.-Eugénie écrivait le 27 septembre:"Quant au P. Hippolyte, il faut le voir de près pour apprécier sa vertu. Qu'il est fervent, qu'il est bon, qu'il est religieux! Je crois qu'il fera beaucoup de bien". Mais elle reconnaît n'avoir pas avec lui la même correspondance spirituelle qu'elle avait avec le P. Picard.
3. Mère M.-Eugénie s'interroge sur cette proposition, lorsqu'elle écrit le 18 octobre: "Je suis effrayée de la rencontre à Rome de votre évêque [Mgr Plantier] avec ceux d'Orléans [Mgr Dupanloup], de La Rochelle [Mgr Landriot] et le cardinal de Besançon [Mgr Mathieu]. Ne serions-nous pas exposées, en l'occupant de nous, qu'il en parlât dans un sens qui ne serait pas le vôtre?"
Au moment de son sacre, Mgr Plantier s'était promis de se rendre à Rome après trois ans d'épiscopat. Il partit de Nîmes, accompagné de son secrétaire, l'abbé Serre, et du docteur Pleindoux. L'itinéraire du voyage comprit toute l'Italie, sans excepter la Sicile. L'évêque de Nîmes en a laissé une relation manuscrite qui n'a pas moins de 126 pages, et que publie en partie son biographe, l'abbé CLASTRON (1, p. 327-356). Il aura donc l'occasion de voir la situation des divers Etats de l'Italie avant que ne se déclenchent les événements qui provoqueront la marche du pays vers son unité, puisque Napoléon III, à l'entrevue de Plombières, le 20 juillet, a assuré Cavour de sa résolution à sou tenir le Piémont dans une guerre contre l'Autriche.