Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.560

15 nov 1858 Nîmes. PERNET Etienne aa

Il est très content de sa lettre. -Dieu les bénira pour leurs difficultés. -Nouvelles du noviciat de Nîmes. -Consignes pour son rôle auprès des professeurs et des élèves, et pour sa tâche d’économe.

Informations générales
  • T2-560
  • 1143
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.560
  • Orig.ms. ACR, AP 285; D'A., T.D. 34, n. 18, p. 13.
Informations détaillées
  • 1 BONTE
    1 COLLEGE DE CLICHY
    1 COMPTABILITE
    1 ECONOMAT
    1 EPREUVES
    1 HUMILITE
    1 MAITRES
    1 NOVICES ASSOMPTIONNISTES
    1 NOVICIAT DES ASSOMPTIONNISTES
    2 BRUN, HENRI
    2 CUSSE, RENE
    2 PICARD, FRANCOIS
    3 RETHEL
  • AU PERE ETIENNE PERNET
  • PERNET Etienne aa
  • le 15 nov[embre] 1858.
  • 15 nov 1858
  • Nîmes.
  • Evêché de Nîmes
La lettre

Pernet de mon coeur,

Votre bonne. longue, intéressante lettre m’a fait le plus grand plaisir, comme tout ce qui vient de vous(1). Ne vous dissimulez point ce fait, quelque souffrance que doive endurer votre humilité, quand vous le voulez, vous êtes aimable et habituellement délectable, pourvu toutefois qu’en votre qualité d’économe, vous ne me laissiez pas mourir de faim le P. Picard et le P. Cusse. Quant à ce dernier, je ne serais pourtant pas fâché de vous voir lui lever le râtelier, jusqu’à ce qu’il ait fait ce que je lui demande, mais pour cela je ne plaisante pas, et, comme il me faudrait changer de ton, j’aime mieux changer de sujet.

Les détails sur le collège prouvent ce que j’avais pensé. Vous aurez de la peine, et peut-être beaucoup de peine, en commençant; plus tard, vous recueillerez des fruits très précieux. Dieu vous bénira, à cause même de vos sueurs, si elles sont versées uniquement pour lui; de ce point, il ne faut pas douter.

Je laisse aux autres Frères le soin de vous parler du noviciat; il est très sûr que Dieu peut le rendre très nombreux. Nous avons, pour le moment, en tout un novice, mais il ne serait pas impossible que nous en eussions plusieurs; sans parler de tous ceux qui devaient venir et qui ne sont pas venus, cela fait un très joli nombre. Et voilà comment on peut être satisfait à peu de frais.

En attendant, croyez-moi, tout en étant bon pour les professeurs, suivez votre méthode et occupez-vous surtout des enfants. Soignez autant que possible votre économat, tâchez de ne pas faire à Rethel les boulettes que vous avez faites à Clichy. Il y en a assez d’une fois pour nous faire passer pour des imbéciles, et, quelque amour que nous devions avoir des humiliations, il y en a qu’il serait très coupable de rechercher(2).

Adieu, mon fils. Priez pour moi et croyez que je vous aime de toute mon âme.

E. D ALZON.
Notes et post-scriptum
1. Le 11 novembre, Le P. Pernet écrivait effectivement une longue lettre au P. d'Alzon, où il commençait par parler de lui-même en ces termes: "J'ai pris les plus belles résolutions pour anéantir tout ce qui sent le vieux Pernet en moi, afin d'y substituer Notre-Seigneur lui-même. J'aurais dû le faire depuis longtemps, me direz-vous! En effet, j'avais tout à y gagner. Mais cette fois encore tiendrai-je ma promesse? J'ai bien besoin, mon Père, que vous demandiez pour moi à Notre-seigneur cette grâce sublime de conversion".
La lettre se poursuit en donnant des nouvelles du collège de Rethel, où perce une certaine animosité contre les professeurs séculiers: "On respire autour d'eux un air de gêne et de contrainte [...] Un esprit trop étroit est bien leur père naturel". Par contre,"il y a un bon esprit parmi les élèves. Le système de notes, qui d"plaît en général aux professeurs, va bien aux enfants; les moyens de répression sont au moins, disent-ils, compensés par les récompenses [...] Un des meilleurs élèves de la maison, grand jeune homme de dix-sept à dix-huit ans, me parlait de la pensée qu'il avait de se faire Assomptionniste".
2. A propos de sa charge d'économe, le P. Pernet écrivait, le 11 novembre:"Je mets tous mes soins à apporter le plus d'ordre possible dans mes comptes. Jusqu'à présent, tout va bien de ce côté. Je n'entends point de plaintes sur la cuisine. P. Picard et P. Cusse n'ont pas encore, je crois, à se plaindre de moi, pour les attentions que réclame leur santé. [...] Il me revient de ce côté, ajoute-t-il, qu'on est loin de me regretter à Clichy. Le P. Brun m'a mille fois vaincu et dépassé. Je ne m'en formalise pas du tout. Je me réjouis au contraire du confortable dont jouissent maintenant nos amis de Clichy. En même temps, je prends la résolution de me tenir en garde contre tout ce qui pourrait ici occasionner des désagréments du même genre que ceux que j'ai causés à Clichy".