Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.578

16 dec 1858 Perpignan, MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse

Il reste persuadé qu’un échec aurait pu être évité à Rethel. -Il remet d’écrire au cardinal Gousset. -Le P. Saugrain demeurera provisoirement à Paris.

Informations générales
  • T2-578
  • 1160
  • Touveneraud, LETTRES, Tome 2, p.578
  • Orig.ms. ACR, AD 1158; D'A., T.D. 22, n. 535, pp. 187-188.
Informations détaillées
  • 1 APPARITIONS DE LA SAINTE VIERGE
    1 COLERE
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 COUVENT D'AUTEUIL
    1 FATIGUE
    1 OBLATES
    1 PERSEVERANCE
    1 PREDICATION
    1 SEVERITE
    2 COMBIE, MARIE-CATHERINE
    2 DU LAC, JEAN-MELCHIOR
    2 GERBET, PHILIPPE-OLYMPE
    2 GOUSSET, THOMAS
    2 LAMBERT, NICOLAS-JOSEPH
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 SALINIS, ANTOINE DE
    2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
    3 AUCH
    3 AUTEUIL
    3 CEVENNES
    3 LOURDES
    3 NIMES
    3 PERPIGNAN
    3 RETHEL
    3 ROUSSILLON
    3 VIGAN, LE
  • A LA R. MERE MARIE-EUGENIE DE JESUS
  • MILLERET Marie-Eugénie de Jésus Bhse
  • 16 déc[embre 18]58.
  • 16 dec 1858
  • Perpignan,
La lettre

Ma chère fille,

Votre lettre m’est arrivée hier, au milieu du Roussillon, où je suis pour les affaires de la maison. Je vous demande la permission de garder mon opinion. Je partage absolument celle de M. Lambert, et convenez qu’il n’a pas tort. Puisque le P. Picard est fatigué, j’userai de discrétion et je garderai pour moi mes remarques, mais ce sera pour moi une leçon et une expérience dont je suis résolu de profiter. C’est un point sur lequel il m’est impossible de ne pas être aussi tenace, j’allais dire aussi entêté que ma chère fille, quand elle a une idée arrêtée. Je suis d’autant plus porté à persister dans mon sentiment que je n’éprouve pas l’ombre d’irritation; c’est d’une manière très calme, assez froide, que je vois que le bon P. Picard a été parfaitement raide et maladroit. Il est clair comme le jour que le dilemme posé par lui à M. Lambert devait amener la réponse du cardinal. A la place de celui-ci, je n’aurais pas agi autrement. Ecrire à ce pauvre archevêque est à cent lieues de ma pensée. Que lui dire? Il faut laisser le temps arranger les choses. Quant aux raisons que vous me donnez pour garder le P. Hippolyte, du moment qu’il s’agit de l’avantage d’Auteuil, vous savez si je suis disposé à faire tout céder. Mais il faut remarquer pourtant que si le P. Picard vous revient, le P. Hip[polyte] sera un peu mis à l’ombre. Dans ce cas je voudrais lui éviter l’ennui d’un délaissement, d’autant plus que je voudrais le faire prêcher un peu dans nos villages(1). Il y ferait du bien. Je tâcherai de le former. Enfin, gardez-le jusqu’à ce que vous voyiez que votre maison s’est rejetée sur le P. Picard.

L’abbé Gerbet est bien l’homme le plus aimable qu’on puisse voir(2). Je serai demain soir ou après-demain matin à Nîmes. Adieu, ma fille.

Tout vôtre avec le coeur le plus dévoué.

E. D’ALZON.

J’ai prié ces jours-ci énormément pour vous. Parlez-moi donc de votre âme. Mille choses à Soeur M.-Catherine.

E.D'ALZON
Notes et post-scriptum
1. Il faudra attendre 1864 pour que le P. Saugrain, maître des novices au Vigan, ait la possibilité de donner des missions dans les villages des Cévennes. Ses succès lui permettront de mettre à la disposition du P. d'Alzon, pour la fondation des Soeurs Oblates de l'Assomption, "quelques bonnes filles de nos montagnes", "où la droiture, l'ignorance, l'intelligence, la foi font un mélange assez extraordinaire", mais qu'on peut "mener rondement et loin dans le bien".
2. Il s'agit de Mgr Gerbet, évêque de Perpignan. -Ayant été informé par le P. d'Alzon de son séjour à Perpignan, du Lac, parlant de Lourdes dont les apparitions remontent au 11 février 1858, lui écrit, le 24 décembre: "Puisque j'ai prononcé le nom de Lourdes, je vous dirais que l'archevêque d'Auch [Mgr Salinis], que personne n'accusera d'excessive crédulité, croit au fait et à son caractère surnaturel. Il a pu voir sur les lieux mêmes les choses de très près et s'assurer de la réalité de quantité de guérisons miraculeuses. Son opinion pour moi est d'un très grand poids; du reste, l'évêque de Perpignan a dû causer de cela avec vous et il est, je crois, du même avis que son ami". Là encore, nous n'avons pas la réponse du P. d'Alzon. Il ne devait se rendre à Lourdes que dix ans après les apparitions, le 15 août 1868.